aristote_poetique-trad-egger_1875.xml

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                <title>Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique</title>
                <author key="Aristote (0384-0322 av. J.-C.)" ref="https://data.bnf.fr/fr/13091331/aristote/">Aristote</author>
                <author role="translator" key="Egger, Émile (1813-1885)" ref="https://data.bnf.fr/fr/12490044/emile_egger/">Émile Egger</author>
                <author role="annotateur" key="Parnajon, Félix de (1829-1912)" ref="https://data.bnf.fr/fr/12207859/felix_de_parnajon/">Félix de Parnajon</author>
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                <edition>OBVIL</edition>
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                    <name>Nolwenn Chevalier</name>
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                <publisher>Sorbonne Université, LABEX OBVIL</publisher>
                <date when="2019"/>
                <idno>http://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/ecole/aristote_poetique-trad-egger_1875</idno>
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                        <p>Copyright © 2019 Sorbonne Université, agissant pour le Laboratoire d’Excellence «
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                    </licence>
                </availability>
            </publicationStmt>
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                <bibl>Aristote, <hi rend="i">Les Auteurs grecs expliqués d’après une
                        méthode nouvelle par deux traductions françaises, l’une littérale et
                        juxtalinéaire présentant le mot à mot français en regard des mots grecs
                        correspondants, l’autre correcte et précédée du texte grec, avec des
                        sommaires et des notes par une société de professeurs et d’hellénistes.
                        Aristote, Poétique, expliquée littéralement et annotée par F. de Parnajon et
                        traduite en français par E. Egger</hi>, <pubPlace>Paris</pubPlace>,
                    <publisher>Librairie Hachette et Cie</publisher>, <date>1875</date>,
                        <biblScope>in-12, 188 p.</biblScope> PDF : <ref
                        target="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6228142d"
                    >Gallica</ref>.</bibl>
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                <date when="1875"/>
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    <text>
        <body>
            <div1 type="preface">
                <pb n="n.p."/><head>Avertissement de la deuxième édition.</head>
                <p>La <hi rend="i">Poétique</hi> d’Aristote ayant été récemment mise au programme
                    des études pour la classe de rhétorique, il a paru opportun de réimprimer
                    l’édition, avec traduction française et commentaire, que j’avais publiée, en
                    1849, dans l’<hi rend="i">Essai sur l’histoire de la Critique chez les
                        Grecs</hi>, ouvrage depuis longtemps épuisé<note n="1" place="bottom">Cette
                        réimpression, pour mieux répondre aux besoins des études, a dû être faite en
                        deux volumes séparés, l’un comprenant le texte grec avec le commentaire,
                        l’autre la traduction française.</note>. J’aurais voulu pouvoir remanier à
                    loisir ce travail déjà ancien, le tenir au <pb n="II" xml:id="pII"/>courant des derniers
                    travaux de la philologie française et de la philologie étrangère sur l’opuscule
                    si mutilé, si difficile, et pourtant si précieux, d’Aristote<note n="1"
                        place="bottom">Je pense surtout aux <hi rend="i">Observations philologiques
                            sur la Poétique d’Aristote</hi>, publiées, en 1863, dans la <hi rend="i"
                            >Revue archéologique</hi>, par mon confrère, M. Charles Thurot, l’un des
                        hellénistes français qui connaissent le mieux Aristote&#xA0; et à la
                        seconde édition de la <hi rend="i">Poétique</hi>, publiée à Berlin, en 1874
                        par un savant Viennois, M. Vahlen. De ce dernier on pourrait dire qu’il a
                        utilisé tous les travaux antérieurs, s’il ne paraissait pas avoir ignoré
                        celui même de M. Thurot. On sait d’ailleurs, du moins en France, que notre
                        confrère a étudié avec le même soin les textes de la <hi rend="i"
                            >Rhétorique</hi>, de la <hi rend="i">Politique</hi> et des <hi rend="i"
                            >Météorologiques</hi> d’Aristote.</note>. Le temps me manquait pour
                    suffire à cette tâche. Dans la présente édition le texte grec n’est amélioré que
                    sur quelques points&#xA0; mais j’ai revu avec soin la traduction, avec le
                    concours d’un jeune professeur de philosophie, dont l’attention scrupuleuse m’a
                    suggéré plus d’une correction utile. Quant au commentaire, je l’ai approprié à
                    sa nouvelle destination, en le dégageant de quelques renvois, désormais
                    superflus, à l’<hi rend="i">Essai sur l’histoire de la critique</hi>, et en le
                    complétant par quelques additions que le progrès des études sur Aristote avait
                    rendues nécessaires. Comme on le verra plus bas, page 58, c’est à titre
                    d’éclaircissement que j’ai cru devoir ajouter ici, avant les <pb n="III" xml:id="pIII"/>extraits des <hi rend="i">Problèmes</hi>, le passage de la <hi rend="i"
                        >Politique</hi>, qui complète et commente si heureusement la célèbre
                    définition de la tragédie, par laquelle débute le chapitre <hi rend="sc">vi</hi>
                    de la <hi rend="i">Poétique</hi>.</p>
                <p>La <hi rend="i">Poétique</hi> d’Aristote, dans son état actuel, est pleine
                    d’obscurités, qui ne seront peut-être jamais éclaircies, à moins qu’on ne
                    retrouve de cet ouvrage quelque copie moins imparfaite que tous les manuscrits
                    retrouvés jusqu’à ce jour. Mais la connaissance générale des doctrines et de la
                    langue philosophique d’Aristote s’est fort perfectionnée, depuis l’édition de
                    Bekker, par des travaux comme les grands <hi rend="i">Index</hi> de Bonitz et de
                    Heitz, par l’édition qui fait partie de la Bibliothèque grecque-latine de Firmin
                    Didot, par beaucoup d’éditions et traductions spéciales des ouvrages du
                    Stagirite. J’ai donc lieu d’espérer que les professeurs studieux ne manqueront
                    pas de secours pour interpréter mieux qu’on ne le pouvait autrefois ce précieux
                    opuscule, qui, ayant exercé une si grande influence sur la littérature
                    dramatique de l’Occident, et en particulier sur la nôtre, méritait bien d’être
                    replacé, dans le cadre de notre enseignement classique, auprès des deux poëmes
                    didactiques d’Horace et de Boileau.<pb n="IV" xml:id="pIV"/>Il y a dans la <hi rend="i"
                        >Poétique</hi> des pages qui ne peuvent être utilement discutées qu’entre
                    les savants de profession&#xA0; mais, ces pages mises à part, combien il en
                    reste d’excellentes par la netteté du style et par la force lumineuse, par
                    l’autorité durable de la doctrine&#xA0;! C’est à celles-là que pourront, que
                    devront s’attacher les maîtres jaloux de faire apprécier à nos rhétoriciens l’un
                    des plus grands penseurs, l’un des meilleurs écrivains de l’antiquité.</p>
                <ab type="line">___</ab>
                <p>Dans la première édition du Commentaire, les renvois au texte de la <hi
                            rend="i">Poétique</hi> étaient indiqués en français. Bien que le
                        Commentaire soit aujourd’hui rattaché au texte grec, et non à la traduction,
                        nous avons maintenu cette disposition. Mais, pour éviter les inconvénients
                        qui pourraient en résulter, nous avons indiqué par des astérisques tous les
                        passages du texte grec qui sont visés dans le commentaire.</p>
            </div1>
            <div1 type="preface">
                <pb n="n.p."/>
                <head>Avant-propos de la première édition.</head>
                <p>La <hi rend="i">Poétique</hi> d’Aristote, m’ayant fourni l’occasion des
                    recherches que j’ai résumées dans l’<hi rend="i">Essai sur l’histoire de la
                        Critique</hi>, formait le complément naturel de ce travail, et je ne pouvais
                    songer à l’en séparer.</p>
                <p>Elle est reproduite ici d’après le texte qui fait partie de la grande édition des
                    Œuvres d’Aristote, publiée à Berlin, en 1831, par M. Imm. Bekker, et qui a été
                    réimprimé deux fois à part avec la <hi rend="i">Rhétorique</hi>. Je n’ai fait au
                    texte même qu’un petit nombre de changements, dont le Commentaire <pb n="VI" xml:id="pVI"/>rendra compte&#xA0; les changements plus nombreux que je me suis permis dans
                    la ponctuation, se justifieront, je pense, sans commentaire aux yeux du
                    lecteur.</p>
                <p>Dans la traduction française, j’ai voulu surtout donner un calque fidèle de
                    l’original et rendre sensibles les défauts comme les mérites du style
                    d’Aristote. Ce caractère de scrupuleuse exactitude manquait souvent aux
                    anciennes traductions de la <hi rend="i">Poétique</hi>&#xA0;: je l’ai recherché,
                    même au détriment d’une élégance qui eût pu rendre plus agréable la lecture de
                    ce petit ouvrage. Toutes les fois que l’excessive concision du texte rendait
                    quelques additions nécessaires, elles sont distinguées avec soin du reste de la
                    phrase, de façon que le lecteur en puisse juger au premier coup d’œil.</p>
                <p>Le Commentaire a pour objet&#xA0;: 1° de justifier sur quelques points importants
                    la leçon adoptée dans le texte&#xA0; 2° d’expliquer certaines locutions
                    difficiles, et de signaler des ressemblances notables entre le style de la <hi
                        rend="i">Poétique</hi> et celui des autres ouvrages d’Aristote&#xA0; 3° de
                    faire quelques rapprochements entre Aristote et les plus célèbres auteurs, soit
                    anciens, soit modernes, sur des questions d’histoire ou de critique
                    littéraire.</p>
                <p><pb n="VII" xml:id="pVII"/>Le lecteur qui désirerait de plus amples renseignements sur les
                    difficultés de pure philologie, pourra recourir aux éditions savantes de M.
                    Hermann, de M. Græfenhan, de M. Ritter, et aux travaux indiqués dans le
                        chap.&#xA0;<hi rend="sc">iii</hi>, §&#xA0;4, de l’<hi rend="i">Essai sur
                        l’histoire de la Critique</hi>.</p>
                <p>Quant aux extraits des <hi rend="i">Problèmes</hi>, on verra, dans le même livre,
                    comment j’ai été conduit à rapprocher de la <hi rend="i">Poétique</hi> ces
                    fragments précieux, mais obscurs, de l’érudition d’Aristote. J’aurais peut-être
                    renoncé à les traduire et à les commenter, si je n’avais été secouru dans cette
                    tâche délicate par mon collègue et ami M. Vincent, dont on connaît les
                    importants travaux sur la musique grecque. Je suis heureux de lui en exprimer
                    ici toute ma gratitude.</p>
            </div1>
            <div1 type="preface">
                <pb n="n.p."/>
                <head>Avertissement de la cinquième édition.</head>
                <p>Dans cette réimpression de la <hi rend="i">Poétique</hi>, il n’a été fait au
                    texte qu’un très-petit nombre de corrections, surtout typographiques. Pour une
                    édition destinée aux maîtres et aux élèves de nos établissements secondaires, il
                    eût été inopportun, même si nous en avions eu le loisir, de nous engager dans
                    des discussions approfondies de critique verbale. L’état de mutilation où nous
                    est parvenu cet opuscule d’Aristote a provoqué, particulièrement depuis quelques
                    années, entre de savants éditeurs, tels que MM. Spengel, Susemihl et Vahlen,
                    mainte controverse où nous ne pourrions prendre parti sans sortir des bornes
                    d’un livre classique. Toutefois, et sur une doctrine capitale de l’auteur, la
                    purgation des passions par le drame, nous avons voulu apporter, à l’appui de
                    l’opinion exposée dans notre <hi rend="i">Essai sur l’histoire de la
                        critique</hi>, un argument considérable, le texte de Proclus, signalé pour
                    la première fois par M. Bernays dans sa dissertation sur ce sujet (voy. plus
                    bas, page 88). On le trouvera reproduit à la suite des <hi rend="i">Extraits des
                        Problèmes</hi>, et nous espérons que le lecteur nous saura gré de cette
                    utile addition.</p>
                <p>E. E.</p>
            </div1>
            <div1 type="section">
                <pb n="n.p."/>
                <head>Argument analytique de la Poétique d’Artistote.</head>
                <argument>
                    <p>I. §&#xA0;1. La poésie consiste dans l’imitation&#xA0; trois différences
                        entre les imitations.</p>
                    <p>§&#xA0;2. Différentes sortes de poésie selon les moyens d’imitation.</p>
                    <p>II. Différentes sortes de poésie selon les objets imités.</p>
                    <p>III. Différentes sortes de poésie selon la manière d’imiter.</p>
                    <p>IV. §&#xA0;1. Origine de la poésie.</p>
                    <p>§&#xA0;2. Divisions primitives de la poésie&#xA0;: genre héroïque, genre
                        ïambique (ou satirique)&#xA0; origine de la tragédie et de la comédie.</p>
                    <p>§&#xA0;3. Premiers progrès de la tragédie.</p>
                    <p>V. Définition de la comédie&#xA0; ses premiers progrès. Comparaison de la
                        tragédie et de l’épopée.</p>
                    <p>VI. §&#xA0;1. Définition de la tragédie. Détermination des parties dont elle
                        se compose.</p>
                    <p>§&#xA0;2. Importance relative des parties de la tragédie.</p>
                    <p>VII. De l’étendue de l’action.</p>
                    <p>VIII. De l’unité de l’action.</p>
                    <p>IX. §&#xA0;1. Digression&#xA0;: comparaison de l’histoire et de la poésie. De
                        l’élément historique dans le drame.</p>
                    <p>§&#xA0;2. Abus des épisodes dans le drame. De la surprise considérée comme
                        moyen dramatique.</p>
                    <p><pb n="XII" xml:id="pXII"/>[n. p]X. De l’action simple et de l’action implexe.</p>
                    <p>XI. Éléments de l’action implexe&#xA0;: péripétie, reconnaissance, événement
                        tragique.</p>
                    <p>XII. Divisions de la tragédie par rapport à l’étendue.</p>
                    <p>XIII. Des qualités de la fable par rapport aux personnes. Du dénoûment.</p>
                    <p>XIV. Continuation du même sujet&#xA0;: de l’événement tragique dans la fable.
                        Pourquoi la plupart des sujets tragiques sont fournis par l’histoire.</p>
                    <p>XV. §&#xA0;1. Des mœurs dans la tragédie.</p>
                    <p> §&#xA0;2. De ce qu’il convient de mettre sur la scène&#xA0; de l’art
                        d’embellir les caractères.</p>
                    <p>XVI. Des quatre espèces de reconnaissance.</p>
                    <p>XVII. Conseils aux poëtes tragiques&#xA0;: se mettre à la place des
                        spectateurs et des personnages de la tragédie. De l’art de développer un
                        sujet.</p>
                    <p>XVIII. Observations sur le nœud et le dénoûment de la tragédie, sur les
                        tragédies de dimensions épiques, sur le chœur.</p>
                    <p>XIX. Des pensées et de l’élocution.</p>
                    <p>XX. Des éléments grammaticaux du langage.</p>
                    <p>XXI. Des formes du nom et de quelques figures de grammaire.</p>
                    <p>XXII. Application des précédentes observations au style poétique.</p>
                    <p>XXIII. Retour à l’épopée et à l’histoire&#xA0; de la durée des événements
                        épiques.</p>
                    <p>XXIV. Comparaison de l’épopée avec la tragédie&#xA0; nombreux mérites
                        d’Homère.</p>
                    <p>XXV. Divers problèmes de critique au sujet des défauts de la poésie. Solution
                        de ces problèmes.</p>
                    <p>XXVI. Retour au sujet du chapitre vingt-quatrième&#xA0;: comparaison de
                        l’épopée avec la tragédie&#xA0; conclusion sur l’épopée et la tragédie.</p>
                </argument>
            </div1>
            <div1 type="section">
                <pb n="12" xml:id="p12"/>
                <head>Commentaire sur la Poétique d’Artistote.</head>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre I.</head>
                    <p>Remarquez combien ces premières lignes rattachent naturellement la Poétique à
                        la Rhétorique&#xA0; elles ont d’ailleurs beaucoup d’analogie avec les
                        préambules d’autres ouvrages d’Aristote, par exemple avec ceux des
                        Météorologiques et des petits traités qui suivent le Traité de l’âme.</p>
                    <p>Presque tous les genres de musique qui emploient la flûte.] Tῆς αὐlhτɩᵡῆς ἡ
                        πlɛίστh s’explique très-bien par un passage d’Athénée, XIV, p.&#xA0;618, où
                        sont énumérées quatorze αὐλήσɛɩ; qui toutes accompagnent une danse
                        mimique.</p>
                    <p>Trois différences.] Le Tasse part de ces trois différences marquées par
                        Aristote, lorsque, dans son deuxième Discours sur l’Art poétique, il
                        s’efforce de montrer, contre l’opinion de quelques critiques ses
                        contemporains, que le roman en vers appartient au même genre de poésie que
                        l’épopée, et que par conséquent il doit se conformer aux mêmes lois, entre
                        autres à la loi de l’unité.</p>
                    <p>Avec la voix.] Δɩὰ τῆς φωνῆς, leçon des manuscrits, que j’ai cru devoir
                        conserver&#xA0; elle offre un sens raisonnable dès qu’on traduit σχήματα
                        par <hi rend="i">les gestes</hi>. Cf. Morale Nicom.&#xA0;III, 13&#xA0;: Οἱ
                        χαίροντɛς τοῐς δɩα τῆς ὄψɛως , οἴον χρώμασɩ χαì σχήματɩ ϰαì γραφῆ;
                        Rhétorique,&#xA0;II, 8&#xA0;: σχήμασɩ ϰαì φωναῖς ϰαì ὲσθῆτɩ.&#xA0;—&#xA0;En
                        lisant δɩ’ ὰμφοῖν au lieu de δɩα τῆς φωνῆς,, comme ont fait la plupart des
                        éditeurs, et en traduisant σχήματα par <hi rend="i">le <pb n="73" xml:id="p73"/>trait</hi>, on obtient une symétrie plus satisfaisante entre les deux
                        termes de la comparaison marquée par les mots ᾥσπβρ — οὒτω. Peut-être aussi
                        les mots ἔτɛροɩ δὲ δɩὲ τῆς φωνῆς sont-ils une annotation marginale qui aura
                        passé dans le texte.</p>
                    <p>L’épopée n’emploie que la prose ou les vers.] Sur λόγοις ψɩλοῖς, voy. plus
                        bas, p.&#xA0;71. <quote>«&#xA0;Aristote, dont les jugements sont des lois, dit
                        positivement que l’épopée peut être écrite <hi rend="i">en prose ou en
                            vers</hi>&#xA0;: et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il donne au
                        vers homérique ou vers simple un nom qui le rapproche de la prose,
                        ψɩλομɛτρία, comme il dit de la prose poétique, ψɩλοί λόγοɩ.&#xA0;»
                        (<bibl>Chateaubriand, Préface des Martyrs.</bibl>)</quote> Le rapprochement n’est
                        qu’ingénieux&#xA0; le grand écrivain n’a pas vu que ψɩλός, dans ψɩλομɛτρία,
                        au chap.&#xA0;II, indique seulement l’absence de tout accompagnement
                        musical. Chateaubriand cite ensuite un témoignage de Denys d’Halicarnasse,
                        qui ne prouve rien pour sa thèse&#xA0; il eût pu tirer de la Poétique
                        (chap.&#xA0;IX, etc.) d’autres observations plus décisives contre l’opinion
                        de ceux qui veulent que la poésie ne parle qu’en vers.&#xA0;—&#xA0;Ce qui
                        est remarquable ici, c’est qu’Aristote semble ne pas savoir que les poëmes
                        d’Homère aient jamais été chantés. Homère, cependant, ne connaît pas
                        d’autres poëtes que les <hi rend="i">aèdes</hi> ou chanteurs&#xA0; les <hi
                            rend="i">rhapsodes</hi> étaient aussi des chanteurs&#xA0; or il y avait
                        encore des rhapsodes, et du temps d’Aristote, et longtemps après lui.</p>
                    <p>Xénarque.] Il y a eu un poëte de la moyenne comédie qui portait ce nom et
                        qu’il ne faut sans doute pas confondre avec Xénarque, fils de Sophron&#xA0;
                        ce dernier semble indiqué par Suidas, à l’article Σωτάδη:, comme ayant écrit
                        des ’Іωνɩϰοì λόγοɩ. Si ce rapprochement est juste, dès le fils de Sophron la
                        comédie syracusaine aurait admis l’usage du dialecte attique. Ce qui est
                        certain, c’est que Sopatros, poëte comique syracusain, que l’on place après
                        Rhinton, nous est connu par un assez long fragment en dialecte attique.
                        &#xA0;—&#xA0;Le Lexique de Photius, au mot ’Рηγίνους dit, en propres termes,
                        que Xénarque, <quote>«&#xA0;fils de Sophron le mimographe,&#xA0;»</quote> avait joué les
                        Rhéginiens pour leur lâcheté.</p>
                    <p>Les dialogues Socratiques.] Athénée, XI, p.&#xA0;505, cite un <pb n="74" xml:id="p74"/>passage du traité d’Aristote Sur les Poëtes, où l’auteur faisait à peu
                        près la même observation.</p>
                    <p>Homère et Empédocle.] <quote><bibl>Plutarque, De la Manière d’entendre les poëtes,
                        chap.&#xA0;II</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Nous ne connaissons pas une fable sans poésie et
                        sans fiction. Les vers d’Empédocle et de Parménide, les Thériaques de
                        Nicandre et les Sentences de Théognis sont des discours qui empruntent
                        seulement à la poésie le ton sublime et le mètre, et, en quelque sorte, son
                        char pour ne pas marcher à pied.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>En composant une imitation.] Je suis la leçon des manuscrits. IIροἵοɩτο est
                        une conjecture ingénieuse, mais inutile, de Hermann. Pour Aristote,
                        l’essence de la poésie n’est pas seulement dans l’imitation, mais dans l’<hi
                            rend="i">imitation du général</hi>&#xA0; on peut donc composer une
                        imitation en vers qui ne soit pas de la poésie.</p>
                    <p>On ne l’appellera pas pour cela un poëte.] Οὒϰ ἤδη manque dans plusieurs
                        manuscrits. La leçon οὐχ ἤττον est encore moins autorisée&#xA0;: Batteux,
                        qui l’admet, traduit&#xA0;: <quote>«&#xA0;Mériterait-il moins le nom de
                        poëte&#xA0;? &#xA0;»</quote> Cela me semble bien contraire à la pensée d’Aristote.
                        Si, selon notre philosophe, on n’est pas poëte parce qu’on emploie le vers
                        héroïque ou le distique élégiaque, comment peut-il dire qu’on sera poëte
                        pour avoir amalgamé plusieurs espèces de mètres&#xA0;?</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre II.</head>
                    <p>Il faut bien les représenter.] Les deux mots ἀνάγϰη μɩμɛϊσθαɩ, que je suppose
                        dans ma traduction, manquent dans les manuscrits. Aristote offre souvent de
                        pareilles ellipses.</p>
                    <p>Polygnote, Pauson, Denys.] Ce sont trois artistes du siècle de Périclès sur
                        lesquels on peut consulter Sillig, Catalogus artificum.</p>
                    <p>Soit en vers sans musique.] Le grec dit&#xA0;: ψɩλομɛτρίαν, mot qui montre
                        bien que l’adjectif ψɩλός marque, d’une manière très-générale, la privation
                        d’une qualité accessoire. Joint à λόγος, il est naturel qu’il désigne <hi
                            rend="i">la prose</hi>, comme dans la Rhétorique, III, 2, ou λόγος tout
                        seul est aussi <pb n="75" xml:id="p75"/>opposé, dans le sens de <hi rend="i">prose</hi>,
                        à μέτρον. Cf. les nombreux exemples recueillis par Vincent, p.&#xA0;112 et
                        suiv. de sa Notice sur diverses manuscrits grecs relatifs à la musique
                        (Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi, t.&#xA0;XVI,
                        1847)</p>
                    <p>Homère peint les hommes meilleurs.] Ici, comme plus haut, l’adjectif βελτίων
                        manque d’équivalent exact en français. On sent bien qu’il ne s’agit pas de
                        la vertu morale, de l’honnêteté. Les exemples cités plus haut par Aristote
                        expliquent assez bien sa pensée.</p>
                    <p>Cléophon.] Voyez sur ce poëte&#xA0;: Wagner, recueil des Fragments des poëtes
                        Tragiques, dans la Bibliothèque Firmin Didot, p.&#xA0;99.</p>
                    <p>Hégémon de Thasos.] Voyez sur ce poëte et sur le genre de poésie dont
                        Aristote veut qu’il ait été l’inventeur, la dissertation de Weland, De
                        præcipuis Parodiarum homericarum scriptoribus, chap.&#xA0;V&#xA0; l’auteur
                        montre qu’avant Hégémon, Hipponax, Xénophane et l’auteur de la
                        Batrachomyomachie, sans parler des poëtes comiques, avaient écrit des
                        parodies. Peut-être Aristote veut-il dire que le poëte de Thasos fit, le
                        premier, représenter des parodies homériques en forme de drame.</p>
                    <p>La Déliade.] Ce poëme de Nicocharès n’est connu par aucun autre
                        témoignage&#xA0; peut-être même faut-il lire dans le texte Δɛɩλɩάδα au lieu
                        de Δηλɩάδα&#xA0; ce serait alors quelque poëme plaisant sur la Lâcheté. Cf.
                        Meineke, Historia critica comicorum græcorum, p.&#xA0;253-256.</p>
                    <p>Le nome.] Sur ce genre de poésie, voyez p.&#xA0;66, parmi les extraits des
                        Problèmes, et notre Commentaire, p.&#xA0;139.</p>
                    <p>Il en est de même, etc.] Aristote semble vouloir dire que Thimothée dans ses
                        Perses et Philoxène dans ses Cyclopes ont représenté des personnages moins
                        beaux que nature&#xA0; on peut supposer aussi que le premier faisait ses
                        personnages plus beaux que nature, et le second moins beaux. Ce qui est
                        certain, c’est qu’il existait un drame de l’Ancienne Comédie intitulé
                        ІІέρσαɩ, et que l’on attribuait vulgairement à Phérécrate (voyez Meineke,
                        livre cité, p.&#xA0;70)&#xA0; d’où l’on peut conclure que ce sujet avait
                        été traité dans le genre <pb n="76" xml:id="p76"/>comique. On a des fragments du Cyclope
                        de Philoxène, du Cyclope et des Perses de Timothée. Au reste, le mot
                        ІІέρσας, dans le texte grec, est douteux. Tyrwhitt a tiré des variantes des
                        manuscrits la conjecture ὤσπɛρ ‘Αργᾶς, adoptée par Hermann. (Argas, poëte
                        obscur, dont le souvenir est conservé dans Athénée et dans une ancienne vie
                        de Démosthène.)</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre III.</head>
                    <p>Le poëte peut, etc.] Ces divisions de la poésie, qui remontent jusqu’à
                        Platon, se retrouvent, après Aristote, dans les extraits de la Chrestomathie
                        de Proclus (Photius, Cod. 239) et dans un grammairien publié par Cramer,
                        Anecdota Oxon., t.&#xA0;IV, p.&#xA0;312, 313. Comparez notre Histoire de la
                        Critique chez les Grecs, p.&#xA0;93.</p>
                    <p>Les Mégariens, etc.] On sait qu’il y avait aussi une ville de Mégare en
                        Sicile. Voyez M. Brunet de Presle, Recherches sur les établissements des
                        Grecs en Sicile (Paris, 1845), p.&#xA0;79, 80.</p>
                    <p>Chionidès.] Les manuscrits portent Xονύδου, ou Xωνύδου, ou Xωνίδου. Je n’ai
                        pu me résigner à admettre cette altération barbare d’un nom qui est bien
                        connu par d’autres témoignages. Voyez Meineke, Hist. crit. com. græc.,
                        p.&#xA0;27 et suiv.</p>
                    <p>Commenter en détail les assertions contenues dans ce chapitre ne serait rien
                        moins qu’écrire une histoire des origines du drame en Grèce. Sur ce point,
                        nous ne pouvons que renvoyer aux traités spéciaux&#xA0;: Schneider, De
                        Originibus tragœdiæ græcæ (Breslau, 1817)&#xA0; Grysar, De Doriensium
                        Comœdia (Cologne, 1828)&#xA0; Meineke, livre cité&#xA0; Bœttiger, De
                        quatuor Ætatibus rei scenicæ (p.&#xA0;326 de ses Opuscules latins)&#xA0;
                        Magnin, Origines du théâtre moderne&#xA0; Bode, Histoire de la poésie
                        grecque, tome III (Leipzig, 1839-1840)&#xA0; Patin, Études sur les
                        Tragiques grecs, tome I.</p>
                    <p>Par πράττɛɩν] Il est probable qu’ici le texte est mutilé. Il y manque sans
                        doute ce qui devait concerner la <pb n="77" xml:id="p77"/>tragédie. On peut, jusqu’à un
                        certain point, combler cette lacune par un article du Grand Étymologique, où
                        le mot <hi rend="i">tragédie</hi> est expliqué, soit par le mot τράγος, <hi
                            rend="i">bouc</hi>, un bouc étant le prix que recevaient les vainqueurs
                        dans les anciens concours Dionysiaques, soit par le mot τρύξ, <hi rend="i"
                            >lie de vin</hi>, ces fêtes étant d’ordinaire célébrées au temps et à
                        l’occasion des vendanges. Comparez avec ce passage une addition à la Vie
                        d’Euripide, publiée par Welcker dans le Rheinisches Museum, I,
                        p.&#xA0;299&#xA0; Athénée, II, p.&#xA0;40&#xA0; Eustathe, sur l’Odyssée,
                        XIV, 563&#xA0; le scholiaste de Denys le Thrace, p.&#xA0;747 des Anecdota
                        græca de Bekker. Schœll (Hist. de la Litt. gr., t. &#xA0;II, p.&#xA0;4), et,
                        d’après lui, plusieurs autres ont cru voir dans l’article du Grand
                        Étymologique un témoignage d’Aristote&#xA0;: rien n’est moins démontré.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre IV.</head>
                    <p>L’homme imite par instinct.] Aristote a consigné la même observation dans les
                        Problèmes, XXX, 6. Cf Problèmes, XVIII, 3&#xA0; XIX, 5, page 65 de cette
                        édition, et la note, p.&#xA0;138&#xA0; Rhétorique, I, 11&#xA0; III,
                        10,&#xA0; Métaph., I, 1&#xA0; Anal., post., &#xA0;I, 1.</p>
                    <p>Des objets que, etc.] Observations analogues dans Aristote, Des Parties des
                        Animaux, I, 5, où cette pensée se rattache aux plus belles considérations
                        sur l’étude de la nature. Cf. Plutarque, De la Manière d’entendre les
                        poëtes, ch.&#xA0;III, et Questions symposiaques, V, 1.</p>
                    <p>Qu’à un faible degré.] Έπì βραχὺ ϰοɩνωνοῦσɩν. Expression tout aristotélique.
                        Cf. Politique, VIII, 5&#xA0; De l’Ame, II, 4&#xA0; Morale Nicom., III,
                        13&#xA0; VI, 2&#xA0; Problèmes, XXX, 10&#xA0; Hist. des Animaux, VIII,
                        1.</p>
                    <p>Qu’on n’ait point vu.] Comparez la Rhétorique, II, 23 fin.</p>
                    <p>Quant au mètre.] Même observation dans la Rhétorique, III, 8. Comparez, sur
                        la différence du mètre et du rhythme, Vincent, Notice, etc.,
                        p.&#xA0;197-216.</p>
                    <p>Le Margitès.] Des auteurs anciens ont déjà douté si ce poëme était réellement
                        d’Homère. Suidas, au mot ІІίγρης, Atteste qu’on l’attribuait, ainsi que la
                        Batrachomyomachie, à <pb n="78" xml:id="p78"/>Pigrès d’Halicarnasse. Comparez
                        Harpocration au mot Mαρ-γίτης, et le scholiaste d’Aristophane, sur les
                        Oiseaux, v.&#xA0;914. Cependant Aristote le cite encore, sans exprimer le
                        moindre doute, dans la Morale Nicom., VI, 7.</p>
                    <p>Genre… ïambique.] Voyez sur ce sujet les auteurs cités à propos du
                        chap.&#xA0;III, et, en outre, Liebel, Archilochi iambographorum principis
                        reliquiæ (Vienne, 1818), et les commentateurs d’Horace, sur l’Épître I<hi
                            rend="sup">re</hi> du livre II, v.&#xA0;145 et suiv.</p>
                    <p>Et, dans ce genre, il est le seul.] Je n’ose pas croire ici que ma traduction
                        donne le seul sens convenable. Oὐχ δτς répond ordinairement à ἀλλὰ ϰαί, non
                        à ἀλλ’ ὅτι ϰαί. Voir la Grammaire grecque de Kühner, § 730 (2<hi rend="sup"
                            >e</hi> éd. § 525), et les Idiotismes de Viger, p.&#xA0;788, 4<hi
                            rend="sup">e</hi> éd. De Hermann.</p>
                    <p>Maintenant la tragédie, etc.] Ce passage a beaucoup tourmenté les
                        interprètes. M. Forchhammer, dans un Programme de l’Univ. De Kiel,
                        juillet&#xA0;1854, propose de revenir pour cette phrase à l’autorité des
                        mss., et de lire&#xA0;: Τὸ μὲν οὖν ἐπɩσϰοπɛĩν παρέχɛɩ ἢδη ἡ τραγῳδία, τοĩς
                        ɛìδόσɩ ίϰανῶῶς ἢ οὐ αὐτὸ τɛ ϰαθ’ αὐτὸ ϰρĩναɩ ϰαì προς τὰ θέατρα, ἄλλος
                        λόγος, ce qu’il traduit par&#xA0;: <quote>«&#xA0;Spectandi quidem facultatem jam
                        præbet tragœdia, utrum iis qui satis sciant nec ne ipsum perse respectuque
                        theatri judicare, nihil attinet.&#xA0;»</quote> Nous traduisons simplement le texte
                        des mss. peu modifié, sans affirmer qu’il ait précisément le sens profond
                        que lui prête De Raumer dans son Mémoire sur la Poétique d’Aristote (Berlin,
                        1829). Voyez l’Essai sur la Critique,
                        p.&#xA0;177.&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;Aristote ne juge point à propos d’entrer
                        dans cette question, que peut-être il traitait dans ce que nous avons perdu.
                        Au reste, cette réserve à prononcer marque un esprit très-sage, qui ne veut
                        poser ni les bornes de l’art ni celles du génie.&#xA0;» (<bibl>La Harpe, Analyse
                        de la Poétique d’Aristote.</bibl>)</quote> Eût-il toutefois adopté ce jugement de
                        Saint-Évremond&#xA0;? <quote>«&#xA0;Il faut convenir que la Poétique d’Aristote est
                        un excellent ouvrage&#xA0; cependant il n’y a rien d’assez parfait pour
                        régler toutes les nations et tous les siècles. Descartes et Gassendi ont
                        découvert des vérités qu’Aristote ne connaissait pas. Corneille a trouvé des
                        beautés pour le théâtre qui ne lui <pb n="79" xml:id="p79"/>étaient pas connues. Nos
                        philosophes ont remarqué des erreurs dans sa Physique. Nos poëtes ont vu des
                        défauts dans sa Poétique, pour le moins à notre égard, toutes choses étant
                        aussi changées qu’elles le sont.&#xA0;» (<bibl>Saint-Évremond, De la Tragédie
                        ancienne et moderne.</bibl>)</quote></p>
                    <p>Les chanteurs de dithyrambes.] Sur l’origine et la valeur primitive de ce
                        mot, on peut consulter un savant mémoire de Welcker, dans les Annales de
                        l’Institut archéologique, 1829, p.&#xA0;398, 401 et suiv. Le mot έζάρχɛɩν se
                        trouve en ce sens dans un fragment dithyrambique d’Archiloque, n°&#xA0;39,
                        éd. Liebel (Athénée, XIV, p.&#xA0;628).&#xA0;—&#xA0;Sur les chants
                        phalliques, voyez, entre autres, Athénée, XIV, p.&#xA0;622&#xA0; le schol.
                        d’Aristophane, sur les Acharniens, v.&#xA0;261 et 263 sq.</p>
                    <p>Aidant à ses progrès naturels.] Dacier&#xA0;: <quote>«&#xA0;chacun ajoutant quelque
                        chose à leur beauté, à mesure qu’on découvrait ce qui convenait à leur
                        caractère.&#xA0;»</quote> Batteux donne à peu près le même sens. J’ai cru me
                        rapprocher davantage de la pensée d’Aristote en serrant son texte de plus
                        près. Les mots ηὐζήθη et προαγόντων rappellent cette phrase, analogue pour
                        le sens, du dernier chapitre des Réfutations sophistiques, où Aristote
                        revendique si noblement l’honneur d’avoir presque fondé la Logique&#xA0;:
                        μέν γαρ τὰς ἀρχάς ɛύρόντɛς παντελῶς έπì μιϰρόν τɩ προήγαγον • οί δὲ νῦν
                        ɛύδοϰιμοῦντɛς, παραλαɛόντɛς ϰαρά πολλών οίον έϰ διαδοχής τών ϰατά μέρος
                        προαγαγόντων, οὕτως ηύζήϰασɩ.</p>
                    <p>Ce fut Eschyle qui, le premier, etc.] Diogène Laërce, III, 56, rapporte en
                        effet que le chœur figura d’abord seul dans les Dionysiaques, que Thespis y
                        ajouta un <hi rend="i">acteur</hi>&#xA0; puis Eschyle un second (ce qui
                        permit d’appeler <hi rend="i">protagoniste</hi> le premier ou le principal
                        des deux)&#xA0; puis Sophocle un troisième. Cf. Suidas, au mot Σοφοϰλής. On
                        peut voir encore la dissertation de Hermann sur les Euménides (volume II de
                        ses Opuscules), et celle de Sommerbrodt, De Æschyli re scenica (Lignitz,
                        1848).</p>
                    <p>Décora la scène de peintures.] Vitruve, De Architectura, VII, Præf. Cf.
                        Letronne, XVIII<hi rend="sup">e</hi> Lettre d’un Antiquaire à un Artiste
                        (Paris, 1835).</p>
                    <p>Au genre satyrique.] Voyez sur ce sujet le mémoire que <pb n="80" xml:id="p80"/>j’ai
                        publié, à propos de l’Alceste d’Euripide, dans l’Annuaire de l’Association
                        des études grecques (1873).</p>
                    <p>A la grandeur et à la noblesse.] Dacier&#xA0;: <quote>«&#xA0;Enfin elle ne reçut que
                        fort tard la grandeur et la gravité qui luy sont convenables, car elle ne se
                        deffit qu’avec peine de ses petits sujets et de son style burlesque, qu’elle
                        avoit retenu de ces pièces satyriques, d’où elle sortoit.&#xA0;»</quote> Batteux&#xA0;: <quote>«&#xA0;On donna aux fables plus de grandeur, et au style plus
                        d’élévation. Ce qui toutefois se fit assez tard&#xA0; car l’un et l’autre
                        se ressentirent assez longtemps des farces satyriques dont la tragédie
                        tirait une partie de son origine.&#xA0;» <bibl>M. Tycho Mommsen (Journal
                        Philologique publié par MM. Bergk et Cæsar, Cassel, 1845, n. 16 du
                        Supplément)</bibl></quote>, s’appuyant sur le sens du mot μέγεθος aux chap.&#xA0;VII et
                        XVIII de la Poétique, propose de mettre ici un point après μύθων et il
                        traduit, en conséquence&#xA0;: <quote>«&#xA0;Très histriones et scenæ picturam
                        invennit Sophocles&#xA0;: ad hoc justum ambitum ex parvis fabularum
                        argumentis oriendum fecit. Etiam a dictione ridicula sero liberata
                        (tragœdia) magnificentior evasit.&#xA0;»</quote> Même après avoir lu les
                        raisonnements dont il appuie cette conjecture, il faut beaucoup de
                        complaisance pour reconnaître avec lui dans le texte d’Aristote une allusion
                        aux trilogies tragiques d’Eschyle, et une confirmation du témoignage de
                        Suidas au mot Σοφοϰλῆς. Si on traduit μέγεθος par <hi rend="i"
                            >longueur</hi>, ce texte peut néanmoins se passer de correction&#xA0;
                        mais de toute façon ne faut-il pas renoncer à lui donner un sens historique
                        trop précis&#xA0;? Quant au fait même des trilogies et des tétralogies sur
                        un seul mythe, qu’on s’étonne de voir négligé par Aristote dans sa Poétique,
                        il est confirmé par une didascalie des Sept devant Thèbes d’Eschyle, publiée
                        par J. Franz, dans un programme de l’Universite de Berlin (1848)&#xA0;:
                        Ἐδιδάχθη ἐπὶ Θεαγενίδου, ὀλυμπιάδι οη’. Ἐνίϰα (s.-ent. Eschyle) Λαἱῳ,
                        Οἰδίποδι, Ἑπτὰ ἐπὶ Θήϐαις, Σφιγγὶ σατυριϰῇ. Δεύτερος Ἀριστίας Περσεῖ,
                        Ταντάλῳ, Παλαισταῖς σατυριϰοῖς τοῖς Πρατίνου πατρός. Τρίτος Πολυφράδμων
                        Λυϰουργίᾳ τετραλογίᾳ. La trilogie tragique d’Eschyle était donc composée
                        précisément comme le conjecturait, en 1819, G. Hermann (Opuscules,
                        t.&#xA0;II, p.&#xA0;314). Sur le mot τετραλογία, voyez le schol. <pb n="81" xml:id="p81"/>d’Aristophane, sur les Oiseaux, v.&#xA0;282, où il se réfère aux
                        Didascalies d’Aristote&#xA0; sur les Fêtes de Cérès, v.&#xA0;135&#xA0; sur
                        les Grenouilles, v.&#xA0;1124.</p>
                    <p>On en fait beaucoup, etc.] Cf. Rhétorique, III, 1 et 8. J’ai réuni quelques
                        exemples de ces vers mêlés, sans le savoir, à la prose, dans les notes de
                        mon édition de Longin (1837), p.&#xA0;143. On pourra consulter, en outre, la
                        première note de Stiévenart sur Démosthène, Contre Néæra, et surtout J.
                        Foster, An Essay on the different nature of Accent and Quantity, 3° édit.
                        (Londres, 1820), p.&#xA0;86, 87, qui a recueilli des hexamètres même dans le
                        Nouveau Testament.</p>
                    <p>Du ton familier.] Ἀρμονίας dit le grec. On lirait plus volontiers ἑρμηνείας.
                        Voyez Démétrius, sur le Style, §&#xA0;1. Épisodes.] Voyez plus loin,
                        p.&#xA0;100, sur le chap.&#xA0;XII.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre V.</head>
                    <p>Il est évident que ce chapitre ne contient plus aujourd’hui les
                        développements qu’Aristote avait écrits sur le ridicule. Voyez la Rhétorique
                        I, 11, fin&#xA0; III, 18.</p>
                    <p>Ni douloureuse, ni destructive.] Ἀνώδυνον ϰαὶ οὐ φθαρτιϰόν, expressions tout
                        aristotéliques, qu’on retrouve avec de légères variantes&#xA0;: Rhétorique,
                        III, 5, 8, 11&#xA0; Morale Nicom., VI, 5&#xA0; Morale Eudém., II, I&#xA0;
                        Analytiques post., II, 9&#xA0; Topiques, VIII, 8.&#xA0;—&#xA0;Aristote, à
                        proprement dire, ne définit pas ici la comédie. Un grammairien publié par
                        Cramer (Anecdota Paris., &#xA0;I, p.&#xA0;403) nous en donne la définition
                        suivante, évidemment calquée sur celle de la tragédie qu’on lira plus bas au
                        chap.&#xA0;VI&#xA0;:Κωμῳδία ἐστὶ μίμησις πράξεως γελοίου ϰαὶ ἀμοίρου (lisez
                        γελοίας ϰαὶ ἀνωδύνου&#xA0;?), μεγέθους τελείου, χωρὶς ἑϰάστου τῶν μορίων ἐν
                        τοῖς εῖδεσι, δρῶντος (lisezδρώντων)χαὶ [οὐ] δι’ ἀπαγγελίας, δι’ ήδονῆς ϰαὶ
                        γέλωτος περαίνουσα τὴν τῶν τοιούτων παθημάτων ϰάθαρσιν ἔχει δὲ μητέρα τὸν
                        γέλωτα γίνεται δ’ ὁ γέλως ἀπὸ, etc. Suit une énumération des sources du
                        ridicule qui pourrait bien provenir également, plus ou moins directement, de
                        quelque livre <pb n="82" xml:id="p82"/>d’Aristote. L’auteur avait aussi sous les yeux le
                        VI <hi rend="sup">e</hi> chapitre de la Poétique quand il écrivait ces
                        lignes sur la tragédie&#xA0;: τραγψδία ύφαιρεΐ τά φοbερά παθήματα της ψυχής
                        δι’ οίxτου xαì ’óτι (&#xA0;?) συμμετρίαν θέλει Éχειν τοū φόbου έχει δέ
                        μητέρα την λύπην.</p>
                    <p><quote><bibl>Cicéron, De l’Orateur II, 58</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Quid sit ipse risus, etc., viderit
                        Democritus…. Locus autem et regio quasi ridiculi turpitudine et deformitate
                        quadam continetur. Hæc enim ridentur vel sola vel maxime, quæ notant et
                        designant turpitudinem aliquam non turpiter.&#xA0;»</quote>&#xA0;—&#xA0;Sur le
                        ridicule dans l’art, voir d’ingénieuses considérations dans le Laocoon, de
                        Lessing, §&#xA0;23.&#xA0;—&#xA0;M. V. Hugo, dans un manifeste célèbre
                        (Préface de Cromwell), a dit en parlant du <hi rend="i"
                            >grotesque</hi>&#xA0;: <quote>«&#xA0;Voilà un principe étranger à l’antiquité,
                        un type nouveau introduit dans la poésie&#xA0; et, comme une condition de
                        plus dans l’être modifie l’être tout entier, voilà une forme nouvelle qui se
                        développe dans l’art. Ce type, c’est le grotesque&#xA0; cette forme, c’est
                        la comédie.&#xA0;»</quote> Et plus bas&#xA0;: <quote>«&#xA0;La comédie passe <hi rend="i"
                            >presque inaperçue</hi> dans le grand ensemble épique de l’antiquité. A
                        côté des chars olympiques, qu’est-ce que la charrette de Thespis&#xA0;? Près
                        des colosses homériques, Eschyle, Sophocle, Euripide, que sont Aristophane
                        et Plaute&#xA0;? Homère les emporte avec lui, comme Hercule emportait les
                        pygmées cachés dans sa peau de lion.&#xA0;»</quote> Plus de cent poëtes comiques,
                        parmi lesquels Aristophane, Antiphane, Alexis, Ménandre, Philémon&#xA0;
                        plusieurs milliers de comédies, parmi lesquelles tant de
                        chefs-d’œuvre&#xA0; enfin, la définition si nette et si précise d’Aristote
                        suffisent bien pour faire <hi rend="i">apercevoir</hi> dans l’antiquité cet
                        élément du comique dont M. V. Hugo fait honneur au moyen âge et aux temps
                        modernes&#xA0;!</p>
                    <p><quote>«&#xA0;Aristote définit simplement la comédie une imitation de personnes
                        basses et fourbes. Je ne puis m’empêcher de dire que cette définition ne me
                        satisfait pas.&#xA0;» (<bibl>Corneille, Premier
                        discours.</bibl>)</quote>&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;Corneille a bien raison de ne pas approuver la
                        définition d’Aristote et probablement l’auteur du Misanthrope ne l’approuva
                        pas davantage. Apparemment Aristote était séduit par la réputation qu’avait
                        usurpée ce <pb n="83" xml:id="p83"/>bouffon d’Aristophane, bas et fourbe lui-même, et qui
                        avait toujours peint ses semblables. Aristote prend ici la partie pour le
                        tout, et l’accessoire pour le principal. Les principaux personnages de
                        Ménandre, et de Térence son imitateur, sont honnêtes. Il est permis de
                        mettre des coquins sur la scène, mais il est beau d’y mettre des gens de
                        bien.&#xA0;» (<bibl>Voltaire.</bibl>)</quote> Ni Corneille ni Voltaire n’ont mis une bonne
                        définition à la place de celle qui les satisfait si
                        peu.&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;La comédie est l’imitation des mœurs, mise en
                        action&#xA0;: imitation des mœurs, en quoi elle diffère de la tragédie et du
                        poëme héroïque&#xA0; imitation en action, en quoi elle diffère du poëme
                        didactique moral et du simple dialogue.&#xA0;» (<bibl>Marmontel, Éléments de
                        littérature, au mot <hi rend="i">Comédie.</hi></bibl>)</quote> Voilà qui s’éloigne bien
                        d’Aristote&#xA0; l’auteur s’en rapproche lorsqu’il veut justifier sa
                        définition en la développant&#xA0;: <quote>«&#xA0;La malice naturelle aux hommes
                        est le principe de la comédie. Nous voyons les défauts de nos semblables
                        avec une complaisance mélée de mépris, lorsque ces défauts ne sont ni assez
                        affligeants pour, exciter la compassion, ni assez révoltants pour donner de
                        la haine, ni assez dangereux pour inspirer de l’effroi. Ces images nous font
                        sourire si elles sont peintes avec finesse&#xA0; elles nous font rire, si
                        les traits de cette maligne joie, aussi frappants qu’inattendus, sont
                        aiguisés par la surprise. De cette disposition à saisir le ridicule la
                        comédie tire sa force et ses moyens.&#xA0;»</quote> C’est vraiment commenter notre
                        philosophe.</p>
                    <p>Ne dépendaient que d’eux-mêmes.] Eustathe, sur l’Iliade, X, 230, d’après
                        l’autorité du second Denys d’Halicarnasse, dit que ce mot έθελοντής
                        s’appliquait aux poëtes qui, n’ayant pas <hi rend="i">reçu un chœur</hi> de
                        l’archonte, pourvoyaient d’eux-mêmes à la représentation de leurs
                        pièces.</p>
                    <p>Le prologue.] Il est, je l’avoue, difficile d’imaginer ce que peut être cette
                        invention des prologues, ce mot n’ayant pas d’autre sens dans Aristote que
                        le sens défini au chapitre&#xA0;XII de la Poétique&#xA0; mais est-ce une
                        raison suffisante pour changer dans le texte προλόγους en λόγους contre
                        l’autorité des manuscrits&#xA0;? D’ailleurs, Hermann, auteur de cette
                        conjecteure, et Ritter, qui l’adopte, ne remarquent pas que de <pb n="84" xml:id="p84"/>la leçon λόγους il résulte une sorte de contradiction avec ce qui sera dit
                        plus loin sur Cratès. Comparez, plus bas, le commentaire sur le
                        chapitre&#xA0;XII.</p>
                    <p>Épicharme.] <quote>«&#xA0;Le premier, dit un grammairien anonyme qui semble puiser à
                        une bonne source, Épicharme s’appropria, par de nombreuses innovations dans
                        la pratique de l’art, la comédie auparavant dispersée&#xA0;» <seg type="exquote">(c’est-à-dire
                        dont on ne trouvait que des éléments épars sur divers points de la
                        Grèce)&#xA0;:</seg> «&#xA0;sa poésie était surtout riche en inventions,
                        sentencieuse et travaillée.&#xA0;» Voyez <bibl>Meineke, Hist. crit.,
                        p.&#xA0;535.</bibl></quote></p>
                    <p>&#xA0;—&#xA0;Quant à Phormis, on ne lui attribue guère que des innovations
                        relatives à la mise en scène. Voyez Grysar, De Do riensium Comœdia,
                        p.&#xA0;74.</p>
                    <p>Une révolution du soleil.] <quote>«&#xA0;De l’aveu des Grecs l’action théâtrale
                        pouvait comprendre une <hi rend="i">demi-</hi> révolution du soleil,
                        c’est-à-dire un jour. Nous avons accordé les vingt-quatre heures,
                        etc.&#xA0;» (Marmontel, au mot <hi rend="i">Unité</hi>.)</quote> Dans quel auteur
                        grec notre critique a-t-il lu cette règle sur la durée de l’action
                        théâtrale&#xA0;? Le précepte d’Aristote est loin d’avoir cette précision.
                        Mais comme il a servi de texte à une foule de discussions qui n’ont pas été
                        sans influence sur l’art dramatique, particulièrement en France, on lira
                        peut-être avec intérêt quelques extraits des controverses qui s’y
                        rapportent&#xA0;:</p>
                    <p><quote>«&#xA0;Il suffit, dit Lopez de Véga, de s’attacher à l’unité d’action et
                        d’éviter l’épisode, en sorte qu’il n’y ait rien d’étranger et qui nous tire
                        du sujet principal&#xA0; c’est-à-dire qu’on n’en puisse détacher aucune
                        partie, sans que la pièce tombe en ruine. Il ne faut pas s’embarrasser de la
                        règle des vingt-quatre heures, ni déférer sur cela au sentiment d’Aristote.
                        Nous lui avons déjà perdu le respect en mêlant les grands sentiments du
                        tragique aux bas sentiments de la comédie. Il n’y a qu’à faire passer
                        l’action dans le moins de temps qu’on pourra&#xA0; à moins que le poëte
                        n’eût voulu traiter une histoire qui durât quelques années. En ce cas, il
                        n’aura qu’à les faires couler dans l’intervalle des actes. Il pourra aussi,
                        s’il y est forcé, faire faire tel chemin qu’il lui plaira à ses personnages.
                        Cela est assez choquant, je l’avoue&#xA0; mais ceux qui le trouvent
                        mauvais, n’ont qu’à n’y pas aller voir. <pb n="85" xml:id="p85"/>O combien de gens
                        tombent des nues, quand ils voient employer des années à ce qui doit avoir
                        pour bornes l’espace d’un jour artificiel&#xA0; car on ne veut pas même se
                        relâcher sur cela à un jour mathématique. Et à considérer qu’un Espagnol,
                        assis fort à son aise, se met à tempester dès que la comédie dure plus de
                        deux heures, quand il s’agirait même de représenter ce qui s’est passé
                        depuis la Genèse jusqu’au jugement final, je trouve que si c’est un moyen de
                        lui plaire, il est juste de s’y tenir.&#xA0;» (<bibl>Lopez de Véga, Arte nuova de
                        hacer comedias en este tiempo, publié à Madrid en 1621, et traduit un peu
                        librement en français dans le recueil intitulé&#xA0;: Pièces fugitives
                        d’histoire et de littérature, Paris, 1704, p.&#xA0;256.</bibl>)</quote>&#xA0;—&#xA0;Nos
                        critiques français sont bien autrement scrupuleux sur la question des
                        unités, et il est curieux de voir comment la rigueur des préceptes
                        d’Aristote va peu à peu s’exagérant dans l’esprit de ses imitateurs.
                        Vauquelin de la Fresnaye écrit, à la fin du XVI <hi rend="sup">e</hi> siècle
                        (<bibl>Poétique, livre II, p.&#xA0;50, éd.&#xA0;1612</bibl>)&#xA0;:</p>
                    <quote><l>Or comme eux l’héroïc, suivant le droit sentier,</l>
                        <l>Doit son œuvre comprendre <hi rend="i">au cours d’un an
                                entier</hi>&#xA0;</l>
                        <l>Le tragic, le comic, dedans une journée</l>
                        <l>Comprend ce que fait l’autre au cours de son année.</l>
                        <l>Le théâtre <hi rend="i">jamais ne doit</hi> être rempli</l>
                        <l>D’un argument plus long que d’un jour accompli,</l>
                        <l>Et <hi rend="i">doit</hi> une Iliade, en sa haute entreprise,</l>
                        <l>Être au cercle d’un jour ou guère plus comprise.</l>
                    </quote>
                    <p>Cependant Pierre Delaudun, dans sa Poétique, publiée en 1597, argumente
                        formellement contre la règle des vingt-quatre heures (livre V,
                        chap.&#xA0;9). La Mesnardière, Poétique (1640), chap. v, p.&#xA0;48, permet
                        d’outrepasser, pour la tragédie, les vingt-quatre heures, à condition
                        toutefois que ce soit «&#xA0;pour attraper quelque incident qui mérite
                        d’être acheté par une infraction si légère&#xA0;». L’abbé d’Aubignac
                        propose de traduire ή μιχρòν έξαλλάττειν par «&#xA0;ou de changer un peu ce
                        temps&#xA0;» (du jour à la nuit ou de la nuit au jour), et il tient fort à
                        sa nouvelle explication (Pratique du Théâtre, 1669, p.&#xA0;111)&#xA0; un
                        peu plus haut, il discute sérieusement s’il ne serait pas question dans
                        Aristote d’un <hi rend="i">jour polaire</hi>. La traduction <pb n="86" xml:id="p86"/>de
                        ce passage par de Norville (1671) montre combien alors les esprits étaient
                        prévenus sur ce sujet et disposés à interpréter Aristote dans le sens de
                        leurs théories&#xA0;: <quote>«&#xA0;La tragédie commence et termine son action en
                        un jour ou en une nuit autant que faire se peut&#xA0;: <hi rend="i">et si le
                            fort de l’action se passe dans l’un de ces temps elle anticipera bien
                            peu sur l’autre</hi>.&#xA0;»</quote> Après avoir observé que les trois grands
                        tragiques de la Grèce se conforment à l’unité de temps, d’Aubignac
                        ajoute&#xA0;: <quote>«&#xA0;…. Leur exemple fut négligé par la plupart des poëtes
                        qui les suivirent de près, comme nous l’apprenons d’Aristote qui blâme
                        plusieurs de son temps de ce qu’ils donnaient à leurs poëmes une trop longue
                        durée, ce qui semble l’avoir obligé d’en écrire la règle ou plutôt de la
                        renouveler sur le modèle de ces anciens.&#xA0;» (<bibl>Pratique du Théâtre, II,
                        7.</bibl>)</quote> C’est précisément le contraire qu’atteste notre philosophe. Je relève
                        cette erreur de d’Aubignac, parce qu’elle fournit l’occasion de remarquer
                        que la règle de l’unité de temps paraît avoir été le produit de réflexions
                        tardives faites sur ce sujet par les poëtes et les critiques. En Grèce comme
                        dans l’Occident moderne, la licence a précédé les règles.</p>
                    <p>Quant à l’unité de lieu, que nos vieux auteurs de Poétiques sont souvent
                        déterminée d’une manière assez ridicule (la Mesnardière, p.&#xA0;419&#xA0;
                        cf. Sainte-Beuve, Poésie française au XVI <hi rend="sup">e</hi> siècle,
                        p.&#xA0;328), d’Aubignac affirme que si les <hi rend="i">demi-savants</hi>
                        doutent sur ce point, les savants n’hésitent pas&#xA0; que si Aristote n’en
                        a rien dit, c’est que la chose allait d’elle-même. Il fait pourtant, à cet
                        égard, quelque pages plus haut, un aveu curieux à recueillir. <quote>«&#xA0;Mais
                        une chose bien plus étrange et pourtant très-véritable, j’ai vu des gens qui
                        travaillaient depuis longtemps au théâtre lire ou voir un poëme par
                        plusieurs fois, sans reconnaître <hi rend="i">ni la durée du temps ni le
                            lieu de la scène</hi>, ni la plupart des circonstances des actions les
                        plus importantes, pour en découvrir la vraisemblance.&#xA0;» (<bibl>Pratique du
                        Théâtre, II, 2&#xA0; cf. II, 6.</bibl>)</quote> C’est apparemment que l’espèce de
                        vraisemblance qu’on recherche par l’unité de lieu et par celle de temps est,
                        en réalité, la plus indifférente pour l’esprit du spectateur. Corneille, qui
                        s’est tant préoccupé de ces questions, est, au témoignage <pb n="87" xml:id="p87"/>de
                        d’Aubignac, le premier poëte français chez qui l’unité de lieu soit
                        rigoureusement gardée. On ne peut voir sans quelque peine la torture qu’un
                        si grand esprit s’impose pour satisfaire à cette règle chimérique (Troisième
                        Discours sur le poëme dramatique). Mais les libres penseurs du XVIII <hi
                            rend="sup">e</hi> siècle n’osent pas davantage secouer ces scrupules.
                        Marmontel écrit&#xA0;: <quote>«&#xA0;La même continuité d’action qui, chez les
                        Grecs, liait les actes l’un à l’autre et qui forçait l’unité de temps,
                        n’aurait pas dû permettre le changement de lieu&#xA0; les Grecs ne
                        laissaient pourtant pas de se donner quelquefois cette licence, comme on le
                        voit dans les Euménides.&#xA0;»</quote> Et plus bas&#xA0;: <quote>«&#xA0;On n’a pas
                        toujours ni partout reconnu comme indispensable la règle des unités&#xA0;:
                        on sait que sur le théâtre anglais et sur le théâtre espagnol elle est
                        violée en tout point et contre toute vraisemblance. Il en était de même sur
                        notre théâtre avant Corneille&#xA0; et non-seulement l’unité de lieu n’y
                        était pas observée, mais elle y était interdite. Le public se plaisait aux
                        changements de scène&#xA0; il voulait qu’on le divertît par la variété des
                        décorations, comme par la diversité des incidents et des aventures&#xA0; et
                        lorsque Mairet donna la Sophonisbe, il eut bien de la peine à obtenir des
                        comédiens qu’il lui fût permis d’observer l’unité de lieu.&#xA0;» (<bibl>Éléments
                        de Littérature, au mot <hi rend="i">Unité.</hi></bibl>)</quote> Et Voltaire lui-même, que
                        les nouveautés cependant n’effrayaient guère&#xA0;: <quote>«&#xA0;La scène du Cid
                        est tantôt au palais du roi, tantôt dans la maison du comte de Gormas,
                        tantôt dans la ville. L’unité de lieu serait observée aux yeux des
                        spectateurs, si on avait eu des théâtres dignes de Corneille, semblables à
                        celui de Vicence, qui représente une ville, un palais, des rues, une place,
                        etc. Car cette unité ne consiste pas à représenter toute l’action dans un
                        cabinet, dans une chambre, mais dans plusieurs endroits contigus que l’œil
                        puisse apercevoir sans peine.&#xA0;» (<bibl>Commentaire sur le Cid. Comparez sur
                        Cinna, acte II, scène I.</bibl>)</quote> Enfin l’élève de Voltaire, Frédéric le Grand, dans
                        son ouvrage intitulé <quote><bibl>De la Littérature allemande (vol.&#xA0;III, p.&#xA0;92
                        de ses Œuvres, Berlin, 1781)</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Vous entrez dans un de ces
                        spectacles d’Allemagne, et vous assistez à la représentation d’une pièce <pb n="88" xml:id="p88"/>de Shakespeare. Vous voyez là un public se pâmer d’aise en
                        entendant une de ces farces ridicules et dignes des sauvages du Canada. Je
                        les appelle ainsi, parce qu’elles pèchent contre toutes les règles du
                        théâtre. Car ces règles ne sont pas arbitraires&#xA0; vous les trouvez dans
                        la Poétique d’Aristote, où l’unité de lieu, l’unité de temps et l’unité
                        d’intérêt sont prescrites comme le seul moyen de rendre la tragédie
                        intéressante&#xA0;: au lieu de ce que, dans ces pièces anglaises, la scène
                        dure un espace de quelques années.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>M. Barthélemy Saint-Hilaire, préface de sa trad. de la Poétique (1858),
                        p.&#xA0;XVIII, rappelle avec raison une bonne dissertation d’Andrieux (Revue
                        encyclopédique, t.&#xA0;XXI et XXII, réimprimée dans les Œuvres de cet
                        auteur), où il démontre que d’Aubignac surtout est responsable de l’opinion
                        erronée qui appuie sur l’autorité d’Aristote la théorie des trois
                        unités.</p>
                    <p>Métastase, dans ses Extraits de la Poétique d’Aristote (Œuvres, 1782,
                        t.&#xA0;XII, ch.&#xA0;5) attaque les deux unités de temps et de lieu en
                        s’appuyant sur des exemples du théâtre grec et du théâtre latin. Le célèbre
                        Manzoni les combat non moins victorieusement par une savante analyse des
                        conditions de l’action dramatique et de l’intérêt théâtral, dans son
                        Dialogue et dans sa Lettre sur les unités de temps, de lieu, etc., que l’on
                        trouve dans l’édition de ses tragédies (Paris, 1830, in-12), et dans la
                        traduction qu’en a donnée Fauriel (Paris, 1834).</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre VI.</head>
                    <p>La tragédie est, etc.] On a écrit des volumes à propos de cette définition.
                        Voyez, entre autres, la Poétique de Scaliger, livre V, chap.&#xA0;6&#xA0;
                        les auteurs analysés par Goujet, Bibliothèque française, tome III,
                        p.&#xA0;180-240&#xA0; Batteux, Principes de la Littérature, V<hi rend="sup"
                            >e</hi> traité&#xA0; et l’article <hi rend="i">Tragédie</hi> dans les
                        Éléments de Marmontel.&#xA0;—&#xA0;Τραγωδία [[έστì] βίων xαì λόγων ήρωϊχών
                        μίμησις έχουσα σεμνότητα μEτ’ έπιπλοχής τινός, dit <pb n="89" xml:id="p89"/>plus
                        simplement le grammairien publié par Cramer, Anecdota Oxon., tome IV,
                        p.&#xA0;315.&#xA0;—&#xA0;Voici comment la définition d’Aristote est traduite
                        en latin d’après l’arabe d’Averroès (voir Essai sur la Critique, p.&#xA0;297
                        et suiv.) par Hermann l’Allemand (fol.&#xA0;42, recto, éd. de Venise,
                        1481)&#xA0;: <quote>«&#xA0;Terminus substantialis sive intelligere faciens
                        substantiam artis laudandi est quoniam ipsa est assimilatio et repræsentatio
                        operationis voluntariæ virtuosæ completæ quæ habet potentiam universalem in
                        rebus virtuosis non potentiam particularem in una quaque rerum virtuosarum.
                        Repræsentatio, inquam, quæ generat in animabus passiones quasdam
                        temperativas ipsarum ad miserandum aut timendum aut ad cæteras consimiles
                        passiones quas inducit et promovet per hoc quod imaginari facit in virtuosis
                        de honestate et munditia.&#xA0;»</quote> Plus bas, voici comment sont résumées les
                        six parties constitutives de la tragédie&#xA0;: <quote>«&#xA0;Oportet ut tragœdiæ
                        id est artis laudandi partes sex sint. Seu sermones fabulares repræsentativi
                        et consuetudines et metrum seu pondus et credulitas et consideratio et
                        tonus.&#xA0;»</quote> Dans ce latin, Aristote est absolument méconnaissable, et de
                        tels textes ne méritent aujourd’hui d’être exhumés que comme un témoignage
                        historique de l’altération de certaines doctrines grecques dans leur
                        transmission en Occident par la science arabe. Au reste, on pardonnera au
                        pauvre Hermann la barbarie inintelligible de son langage, si on en rapproche
                        la traduction française des mêmes passages faite en 1671 par de Norville
                        (p.&#xA0;24, 25 et 28).</p>
                    <p><quote><bibl>La Mesnardière, Poétique, chap.&#xA0;III</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Disons avec Aristote
                        accommodé à nostre usage&#xA0;: La tragédie est la représentation sérieuse
                        et magnifique de quelque action funeste, complète, de grande importance et
                        de raisonnable grandeur&#xA0; non pas par le simple discours, mais par
                        l’imitation réelle des malheurs et des souffrances, qui produit par
                        elle-même la terreur et la pitié, et qui sert à modérer ces deux mouvements
                        de l’âme.&#xA0;»</quote> Racine est plus exact dans cette traduction, écrite à la
                        marge d’un exemplaire de la Poétique&#xA0;: <quote>«&#xA0;La tragédie est donc
                        l’imitation d’une action grave et complète, et qui a sa juste grandeur.
                        Cette imitation se fait par <pb n="90" xml:id="p90"/>un discours, un style composé pour
                        le plaisir, de telle sorte que chacune des parties qui la composent subsiste
                        et agisse séparément et distinctement. Elle ne se fait point par récit, mais
                        par une représentation vive, qui, excitant la pitié et la terreur, purge et
                        tempère ces sortes de passions, c’est-à-dire qu’en émouvant ces passions,
                        elle leur ôte ce qu’elles sont d’excessif et de vicieux, et les ramène à un
                        état modéré et conforme à la raison.&#xA0;»</quote>Racine lisait δρώντος, et non
                        δρώντων.</p>
                    <p>La Fontaine a inséré à la fin du premier livre de sa Psyché une comparaison
                        de la comédie et de la tragédie, qui mérite encore aujourd’hui d’être lue
                        pour quelques observations délicates et quelques traits ingénieux. Nous n’en
                        citerons que les lignes suivantes&#xA0;: <quote>«&#xA0;Il s’en faut bien que la
                        tragédie nous renvoie chagrins et mal satisfaits, la comédie tout à fait
                        contents et de belle humeur&#xA0; car si nous apportons à la tragédie
                        quelque sujet de tristesse qui nous soit propre, la compassion en détourne
                        l’effet ailleurs, et nous sommes heureux de répandre pour les maux d’autrui
                        les larmes que nous gardions pour les nôtres. La comédie, au contraire, nous
                        faisant laisser notre mélancolie à la porte, nous la rend lorsque nous
                        sortons. Il ne s’agit donc que du temps que nous employons au spectale et
                        que nous ne saurions mieux employer qu’à la pitié…. La pitié est un
                        mouvement charitable et généreux, une tendresse de cœur, dont tout le monde
                        se sait bon gré…. Voilà donc déjà un plaisir qui se rencontre en la tragédie
                        et qui ne se rencontre pas en la comédie.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Sur la terreur et la pitié, comparez&#xA0;: Rhétorique, II, 5 et 8&#xA0;
                        Morale Nicom., II, 4.&#xA0;—&#xA0;En ce qui touche la célèbre purgation des
                        passions par le drame, nous devons renvoyer d’abord à l’Essai sur l’Histoire
                        de la Critique, p.&#xA0;180 et suivantes, où nous avons exposé sur ce sujet
                        une opinion que nous croyons devoir maintenir, malgré le dissentiment de
                        plusieurs savants interprètes de la pensée d’Aristote, tels que M. Ch.
                        Lévêque, dans La Science du Beau (2<hi rend="sup">e</hi> édition Paris,
                        1872), IV<hi rend="sup">e</hi> partie, chap.&#xA0;II&#xA0; et M. Barthélemy
                        Saint-Hilaire, dans sa nouvelle traduction de la Poétique (Paris, 1858).
                        Cette opinion a pour principal appui le témoignage <pb n="91" xml:id="p91"/>d’Aristote
                        lui-même, dans une page de sa Politique qu’on trouve ici réimprimée à la
                        suite de la Poétique. Elle se trouve confirmée par des rapprochements qui
                        avaient échappé jusqu’ici à tous les critiques, dans un important mémoire de
                        M. J. Bernays, Grundzuege der verlorenen Abhandlung des Aristoteles ueber
                        Wirkung der Tragœdie (Breslau, 1857, in-4°). Plusieurs autres dissertations
                        sur la même théorie d’Aristote ont été publiées en Allemagne dans ces
                        dernières années, par M. Kock (Elbing, 1853)&#xA0; par M. Spengel (Munich,
                        1859)&#xA0; par M. Geger (Leipzig, 1860)&#xA0; par M. Yorck von Wartenburg
                        (Berlin, 1866). Plus récemment encore, nous croyons avoir présenté quelques
                        réflexions utiles sur la moralité du drame selon le sens d’Aristote, dans la
                        vingt-cinquième leçon de L’Hellénisme en France (1869). Parmi les travaux de
                        nos compatriotes, voyez un important article de M. Léon Dumont, où la
                        théorie de la purgation est rattachée aux principes de la psychologie
                        d’Aristote, dans la Revue Scientifique du 8&#xA0;novembre&#xA0;1873&#xA0;
                        et une leçon d’ouverture de M. Jules Girard sur la tragédie grecque, dans la
                        Revue Politique et Littéraire du 9&#xA0;mai&#xA0;1874.</p>
                    <p>Tandis que d’autres ont la musique.] C’est-à-dire la musique unie aux
                        vers.</p>
                    <p>Par les mœurs et les pensées.] Mêmes distinctions dans la Morale Nicom., fin
                        du livre I<hi rend="sup">er</hi>.</p>
                    <p>Et il n’y a rien au delà.] De même, Rhétorique, I, 2&#xA0;: Καì παρά ταūτα
                        οůδέν πως&#xA0; Physique III, 1&#xA0;: Oστε oůδέ χίνιησις οůδέ μεταbολή
                        ούδενός έσται παρά τά είρημένα, μηδενός γε δντος παρά τά είρημένα. .</p>
                    <p>Non une manière d’être.] Je traduis ποιότης selon le sens qu’Aristote
                        lui-même donne à ce mot dans les Catégories, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >viii</hi>, où il dit que la ποιότης comprend comme espèces l’έξις et la
                        διάθεσις. Cf. Métaphysique, IV, 14.</p>
                    <p>C’est par l’action qu’on est heureux ou malheureux.] Observation que l’on
                        retrouve souvent dans Aristote, surtout dans ses traités de morale. Voyez
                        aussi dans la Physique, II, 6, un chapitre tout classique sur ce sujet.</p>
                    <p>La fin est ce qu’il y a de plus important.] Τέλος. Voyez <pb n="92" xml:id="p92"/>l’analyse qu’Aristote lui-même donne des divers sens de ce mot, dans la
                        Métaphysique, IV, 16 et 17.</p>
                    <p>Des auteurs modernes.] Voilà une de ces observations qu’il nous est
                        impossible de vérifier aujourd’hui que toutes les tragédies des poëtes
                        contemporains d’Aristote sont perdues.</p>
                    <p>Les anciens poëtes.] Batteux&#xA0;: «&#xA0;On en peut juger par les premières
                        tragédies.&#xA0;» Dacier dit plus clairement&#xA0;: «&#xA0;C’est une
                        expérience que presque tous les anciens poëtes ont faite.&#xA0;»</p>
                    <p>En étalant les plus belles couleurs.] Aristote, sur la Génération des
                        animaux, II, 6&#xA0;: Ἅπαντα δὲ ταῖς περιγραφαῖς διορίζεται πρότερον,
                        ϋστερον δὲ λαµϐάνει τὰ χρώµατα, ϰαὶ τὰς µαλαϰότητας, ϰαί τὰς σϰληρότητας,
                        άτεχνὥς ὥσπερ ὑπὸ ζωγράφου τñς φύσεως δηµιουργούµενα ϰαὶ γὰρ οἱ γραφεῖς
                        ὑπογράψαντες ταῖς γραµµαῖς οὕτως ὲναλείφουσι τοῖς χρώµασι τὸ ζῷον. Cf. De
                        l’Ame, II, 7.</p>
                    <p>Le simple trait d’une figure.] <quote><bibl>Pline, Hist. nat., XXXV, 10, § 36</bibl>&#xA0;:
                        «&#xA0;Parrhasius… primus symmetriam picturæ dedit, primus argutias vultus,
                        elegantiam capilli, venustatem oris, confessione artificum in lineis
                        extremis palmam adeptus. Hæc est in pictura summa sublimitas. Corpora enim
                        pingere et media rerum, est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam
                        tulerint. Extrema corporum facere et desinentis picturæ modum includere,
                        rarum in successu artis invenitur. Ambire enim se extremitas ipsa debet et
                        sic desinere, ut promittat alia post se ostendatque etiam quæ
                        occultat.&#xA0;»</quote> Plutarque n’est pas tout à fait d’accord sur ce point avec
                        Aristote et Pline l’Ancien&#xA0;: <quote>«&#xA0;Les poëtes font bien des mensonges
                        souvent avec intention, souvent aussi sans le vouloir. Avec intention, parce
                        que pour le plaisir et le charme de l’oreille, qu’ils recherchent presque
                        tous, la fiction leur paraît moins sévère que la vérité. En effet, ni le
                        mètre, ni les figures, ni la pompe du style, ni la justesse des métaphores,
                        ni l’harmonie, ni le nombre ne sauraient avoir autant de douceur et de grâce
                        qu’une fable bien conduite. Aussi, comme, dans la peinture, le coloris fait
                        plus que le dessin, par sa ressemblance avec la figure humaine <pb n="93" xml:id="p93"/>et par l’illusion qu’il produit, de même, en poésie, une fiction probable
                        nous frappe et nous plaît beaucoup plus qu’un arrangement pompeux de vers et
                        de mots sans action et sans fable. Voilà pourquoi Socrate, voulant se faire
                        poëte après avoir été toute sa vie l’athlète de la vérité, et par cela même
                        pauvre inventeur de fictions, mit en vers les fables d’Ésope, ne pensant pas
                        qu’il pût y avoir de poésie sans fiction.&#xA0;» (De la Manière d’entendre
                        les poëtes, chap.&#xA0;<hi rend="sc">vi</hi>.)</quote></p>
                    <p>C’est l’affaire de la politique.] Ce passage est fort obscur. On serait tenté
                        de croire qu’Aristote parle des orateurs plutôt que des poëtes. Ritter
                        n’hésite pas à considérer comme une interpolation tout le morceau qui
                        s’étend depuis παραπλήσιον jusqu’à la fin du chapitre&#xA0; on retrouve
                        pourtant quelques idées analogues dans la Rhétorique, III, 16. Dacier et
                        Batteux opposent les mots πολιτιϰός et ῥητοριϰός comme <hi rend="i"
                            >familier</hi> et <hi rend="i">oratoire</hi>&#xA0; de même Mme Dacier,
                        dans la Préface de sa traduction de l’Odyssée, page 28, éd. de 1716. Mais
                        Aristote fait précisément honneur à Euripide d’avoir le premier introduit
                        dans la tragédie des mots du langage familier (Rhétorique III, 2)&#xA0; ce
                        langage ne pouvait donc être un caractère des anciens poëtes. Il est plus
                        probable qu’Aristote oppose le caractère sérieux et sincère de l’ancienne
                        éloquence, soit en vers, soit en prose, à l’éloquence plus savante, mais
                        moins naturelle, dont les rhéteurs donnaient les préceptes et l’exemple.
                        Quant à ἀρχαῖοι, c’est une expression fréquente dans Aristote, et qui se
                        détermine d’ordinaire par le sujet dont traite le philosophe. Voyez des
                        exemples&#xA0;: Métaphysique, XIV, fin&#xA0;: οἱ ἀρχαῖοι οµηριϰοί, et
                        cf.&#xA0;XII, 1&#xA0; Réfut. sophistiques, ch.&#xA0;:<hi rend="sc"
                        >xiv</hi>&#xA0;: οἱ άρχαῖοι πἀντες&#xA0; Politique, VIII, 3&#xA0;: οἱ ὲξ
                        ἀρχñς βΙ οἱ ἀρχαῖοι&#xA0; etc.</p>
                    <p>La cinquième partie.] Les mss. donnent πέντε où on attend τὸ πέµπτον. Cela
                        vient peut-être de quelque abréviation, comme έ, que l’inadvertance d’un
                        copiste aura interprétée par le nom cardinal au lieu du nom ordinal&#xA0;:
                        en effet, après ce qui précède, il ne restait pas <hi rend="i">cinq</hi>
                        parties, mais <hi rend="i">deux</hi> seulement à énumérer.</p>
                    <p>Il est étranger à l’art.] Aristote trouve ici un commentateur
                        inattendu&#xA0;:</p> <quote><p>«&#xA0;La vérité du théâtre et le rigorisme <pb n="94" xml:id="p94"/>du
                        vêtement sont-ils aussi nécessaires à l’art qu’on le suppose&#xA0;? Les
                        personnages de Racine n’empruntent rien de la coupe de l’habit&#xA0; dans
                        les tableaux des premiers peintres, les fonds sont négligés et les costumes
                        inexacts. Les Fureurs d’Oreste ou la Prophétie de Joad, lues dans un salon
                        par Talma en frac, faisaient autant d’effet que déclamées sur la scène par
                        Talma en manteau grec ou en robe juive. Iphigénie était accoutrée comme Mme
                        de Sévigné, lorsque Boileau adressait ces beaux vers à son ami&#xA0;:</p>
                    <quote><l>Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,</l>
                        <l>N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,</l>
                        <l>Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé</l>
                        <l>N’en a fait sous son nom verser la Champmeslé.</l></quote>
                    <p>Cette correction dans la représentation de l’objet inanimé, est l’esprit des
                        arts de notre temps&#xA0;: elle annonce la décadence de la haute poésie et
                        du vrai drame, etc.&#xA0;» (Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, IV<hi
                            rend="sup">e</hi> vol., 1802.)</p></quote>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre VII.</head>
                    <p>Nous avons établi.] Κεῖται ñµῖν. Le même verbe se retrouve dans le même
                        sens&#xA0;: Métaphysique, VIII, 4&#xA0; Topiques, VIII, 14. Cf.
                        ὑπόϰειται&#xA0;: Économique, I, 3.</p>
                    <p>Commencement, milieu, fin.] Cf. des subtilités analogues et souvent inutiles.
                        Problèmes&#xA0;: XVIII, 3&#xA0; Analyt. pr. I, 4&#xA0; Métaphysique, IV,
                        1&#xA0; Du Langage, chap.&#xA0;<hi rend="sc">vii</hi>.</p>
                    <p>N’est beau que, etc.] Comparez Politique, VII, 4.</p>
                    <p>Un animal très-petit, etc.] Comparez le traité De la Sensation, chap <hi
                            rend="sc">iii</hi> et <hi rend="sc">iv</hi>. <quote>«&#xA0;Ce sont des idées du
                        beau puisées dans l’observation, et uniquement relatives à la constitution
                        de nos organes physiques ou à notre capacité morale. L’application
                        qu’Aristote en fait à la poésie dramatique est cependant
                        très-remarquable.&#xA0;» (<bibl>A. W. Schlegel, Cours de Littérature dramatique,
                            <hi rend="sc">x</hi><hi rend="sup">e</hi> leçon.</bibl>)</quote></p>
                    <p>Comme on fait ailleurs.] Пοτέ et ἄλλοτε, marquant le <hi rend="i">lieu</hi>,
                        <pb n="95" xml:id="p95"/>non le <hi rend="i">temps</hi>, font la principale difficulté de
                        ce passage. On trouve cependant un exemple d’ἄλλοτε pris en ce sens (H.
                        Estienne).&#xA0;—&#xA0;Sur l’usage de la clepsydre dans les tribunaux, voyez
                        Adam, Antiquités grecques, t.&#xA0;I, p.&#xA0;180 (traduction fr., 2<hi
                            rend="sup">e</hi> édit.)&#xA0; et comparez, sur la durée des
                        représentations théâtrales à Athènes, les auteurs cités dans la note C, à la
                        fin de l’Histoire de la Critique.&#xA0;—&#xA0;Dacier&#xA0;: <quote>«&#xA0;comme on
                        dit que cela se pratiquait autrefois.&#xA0;»</quote> Batteux&#xA0;: <quote>«&#xA0;la
                        clepsydre, dont on dit qu’on s’est servi beaucoup autrefois, <hi rend="i">je
                            ne sais en quel temps</hi>.&#xA0;»</quote> C’est outrer le sens du mot φασί et
                        supposer chez Aristote l’aveu d’une ignorance qui serait bien étrange. Φασί
                        peut s’appliquer, comme <hi rend="i">aiunt</hi> et <hi rend="i">dicunt</hi>
                        en latin, à des faits dont la certitude n’inspire aucun doute.</p>
                    <p>Pourvu qu’on en puisse saisir l’ensemble.] <quote>«&#xA0;Ces expressions sont
                        certainement très-favorables à Shakespeare et aux auteurs qui ont composé
                        des pièces de théâtre romantiques&#xA0; car on ne peut leur reprocher
                        d’avoir rassemblé en un seul tableau une plus grande quantité d’objets et
                        d’événements que n’ont fait les poëtes grecs, s’ils ont su conserver à leurs
                        compositions l’unité et la clarté nécessaires&#xA0; et c’est là, comme nous
                        le verrons, ce qu’ils ont réellement fait.&#xA0;» (<bibl>Schlegel, Cours de litt.
                        dram., <hi rend="sc">x</hi><hi rend="sup">e</hi> leçon.</bibl>)</quote></p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre VIII.</head>
                    <p>A un seul homme.] Nous suivons la leçon de Vahlen (1874). L’ancien texte est
                        τῷ γένει, d’où Vettori avait déjà tiré la conjecture τῷγ’ ένί. De même,
                        Physique, II, 5&#xA0;: Ἄπειρα γὰρ ἄν τῷ ἑνὶ συµϐαίη.&#xA0;—&#xA0;Hermann
                        transporte ici après συµϐαίνει les mots ὤσπερ ποτὲ ϰαὶ àλλοτε φασίν, qui
                        nous embarrassaient tant au chap.&#xA0;<hi rend="sc">vii</hi>&#xA0;: c’est
                        un moyen trop commode, pour un homme d’esprit, de corriger Aristote.</p>
                    <p>L’Héracléide.] Il y avait une Héracléide de Cinéthon qui est citée par le
                        scholiaste d’Apollonius de Rhodes, I, 1357&#xA0; et une de Pisandre, dont
                        on a quelques fragments, sans parler d’autres poëmes sur le même sujet, mais
                        qui sont <pb n="96" xml:id="p96"/>peut-être postérieurs en date à la Poétique d’Aristote.
                        Voyez Düntzer, Fragments de la Poésie épique grecque (Cologne, 1840),
                        p.&#xA0;59.</p>
                    <p>La Théséide.] Le plus ancien des poëmes ainsi intitulés paraît être celui que
                        citent Plutarque (Vie de Thésée, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxviii</hi>) et
                        Aristote. On n’en connaît pas l’auteur. Ceux de Diphilus et de Nicostrate ou
                        Pythostrate sont d’une date incertaine. Voyez Düntzer, livre cité, et W.
                        Müller, de Cyclo Græcorum epico (Leipzig, 1829), p.&#xA0;64.</p>
                    <p>Au moment de la réunion des Grecs.] Cet épisode était traité dans les Chants
                        Cypriaques, dont l’analyse par le grammairien Proclus nous a été conservée
                        par Photius (Cod.&#xA0;239), et dans un poëme intitulé Palamedea, que cite
                        un scholiaste d’Homère (sur l’Iliade, II, 761) publié par Cramer, Anecdota
                        Oxon., I, p.&#xA0;278.</p>
                    <p>Sur la question que soulève cette assertion d’Aristote, voy. la note D, § 1,
                        à la fin de l’Histoire de la Critique.</p>
                    <p>Je transcris ici, comme termes de comparaison, les traductions de Dacier, de
                        Batteux et de Chénier. Dacier&#xA0;: <quote>«&#xA0;En composant son Odyssée, il
                        n’y a pas fait entrer toutes les aventures d’Ulysse&#xA0; par exemple, il
                        n’a pas mêlé la blessure qu’il reçut sur le Parnasse avec la folie qu’il
                        feignit lorsque les Grecs assembloient leurs armées&#xA0; car de ce que
                        l’une est arrivée, il ne s’ensuit ny nécessairement ny vraisemblablement que
                        l’autre doive arriver aussi&#xA0; mais il a employé tout ce qui pouvoit
                        avoir rapport à une seule et même action, comme est celle de
                        l’Odyssée.&#xA0;»</quote> Batteux&#xA0;: <quote>«&#xA0;Il s’est bien gardé d’employer dans
                        son Odyssée toutes les aventures d’Ulysse, comme sa folie simulée, sa
                        blessure au mont Parnasse, dont l’une n’est liée à l’autre ni nécessairement
                        ni vraisemblablement. Mais il a rapproché tout ce qui tenait à une seule et
                        même action, et il en a composé son poëme.&#xA0;»</quote> Chénier&#xA0;: <quote>«&#xA0;En
                        composant l’Odyssée, il n’a point chanté toute la vie d’Ulysse, ni la
                        blessure qu’il reçut d’un sanglier sur le mont Parnasse, ni la folie qu’il
                        affecta lorsqu’on rassembla l’armée. Ces choses n’étant point des parties
                        nécessaires ou vraisemblables, Homère s’est borné au détail d’une seule
                        action telle que la présente l’Odyssée&#xA0;»</quote></p>
                    <p><pb n="97" xml:id="p97"/>Quant au précepte général qui fait le sujet de ce chapitre, on
                        peut voir dans le Tasse (Discours II<hi rend="sup">e</hi> sur l’Art
                        poétique, et Lettres poétiques, 2&#xA0;juin, 15&#xA0;juillet et
                        15&#xA0;octobre&#xA0;1575) combien ce grand génie se préoccupe de l’unité
                        épique et de l’autorité d’Aristote sur cette question. C’est quelque chose
                        de fort semblable aux scrupuleuses discussions de notre Corneille dans ses
                        Discours sur la Tragédie et dans les Examens de ses pièces.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre IX.</head>
                    <p>Plus profond.] Φιλοσοφώτερον. Morale Eudém., I, 6&#xA0;: Оὐ χρǹ νοµίζειν
                        περίεργον εὶναι τǹν τοιαύτην θεωρίαν, δι’ ής οὐ µόνον τò τί φανερόν, ἀλλὰ
                        ϰαὶ τò δια τί. Φιλόσοφον γὰρ τò τοιοũτο περὶ ἑϰάστην µέθοδον.</p>
                    <p>Plus sérieux.] Ʃπουδαιότερον. Morale Nicom., VI, 7&#xA0;: Ἄτoπον γὰρ εἰ τις
                        τὴν πολιτιϰὴν ἣ τὴν φρόνησιν σπουδαιοτάτην οῖεται εῖναι, εἰ µὴ τò ἄριστον
                        τῶν ἐν ϰόσµψ ὁ ἄνθρωπóς ἐστι. Strabon fait peut-être allusion à la Poétique,
                        lorsque, dans son I<hi rend="sup">er</hi> livre, il écrit, à propos
                        d’Ératosthène&#xA0;: Оὐδὲ γὰρ ἀληθές ἐστιν, ὅ φησιν Ἐρατοσθένης, ὅτι ποιητὴς
                        πãς στοχάζεται ψυχαγωγίας, οὐ διδασϰαλίας τἀναντία γὰρ οἱ φρονιµώτατοι τῶν
                        περὶ ποιητιϰñς τι φθεγξαµένων πρώτην τινὰ λέγουσι φιλοσοφίαν τὴν ποιητιϰήν
                        Polybe (Histoire, II, 56) compare, d’une façon peu instructive d’ailleurs,
                        l’histoire à la tragédie, pour en marquer les différences.</p>
                    <p><quote><bibl>Mme Dacier, Préface de sa trad. de l’Odyssée, p.&#xA0;<hi rend="sc">vi</hi>
                        (édition 1716)</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Je tâcherai de prouver la vérité de ce
                        sentiment d’Aristote que la poésie d’Homère est plus grave et plus morale
                        que l’histoire.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>La poésie met ensuite des noms propres.] Cf. plus bas le chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">xvii</hi>, et le fragment d’Antiphane, traduit dans l’Histoire
                        de la Critique, p.&#xA0;43. On trouve aussi quelques idées analogues dans la
                        Rhétorique attribuée à Denys d’Halicarnasse, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >xi</hi>, § 2.&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;Bref, c’est (le poëte) un homme le
                        quel comme une mouche à miel délibe et suce <pb n="98" xml:id="p98"/>toutes fleurs, puis
                        en fait du miel et son profit selon qu’il vient à propos. Il a pour maxime
                        très-nécessaire en son art, de ne suivre jamais pas à pas la vérité, mais la
                        vraysemblance et le possible&#xA0;: et sur le possible et sur ce qui peut se
                        faire, il bastit son ouvrage, laissant la véritable narration aux
                        Historiographes qui poursuivent de fil en esguille, comme on dit en
                        proverbe, leur subject entrepris du premier commencement jusques à la
                        fin.&#xA0;»</quote> (Ronsard, Préface de la Franciade.) Il se souvient évidemment
                        d’Aristote, quoiqu’il ne le nomme pas&#xA0; mais l’avait-il bien compris
                        lorsqu’il ajoute, plus bas (p.&#xA0;16, éd.&#xA0;1604)&#xA0;: <quote>«&#xA0;Or
                        imitant ces deux lumières de poésie (Homère et Virgile), fondé et appuyé sur
                        nos vieilles Annales, j’ay basti ma Franciade sans me soucier si cela est
                        vrai ou non, ou si nos roys sont Troyens ou Germains, Scythes ou
                        Arabes&#xA0;: si Francus est venu en France ou non&#xA0;: car il y pouvoit
                        venir&#xA0;: me servant du possible et non de la vérité. C’est le fait d’un
                        historiographe d’esplucher toutes ces considérations et non aux poëtes qui
                        ne cherchent que le possible, etc.&#xA0;&#xA0;»</quote>?</p>
                    <p>Noms historiques.] En grec&#xA0;: γƐνομένων δνομάτων. Ma traduction dissimule
                        un peu malgré moi cet abus du verbe γίνƐσθαι, que les anciens reprochaient
                        déjà aux philosophes du Lycée. Voyez un fragment du Cléophane d’Antiphane
                        dans Athénée, III, p.&#xA0;98, 99&#xA0; et comparez dans Aristote le
                        commencement du livre sur Xénophane, où, du reste, la sécheresse du style
                        est plus facile à excuser que dans une Poétique.</p>
                    <p>La Fleur d’Agathon.] Malheureusement le témoignage d’Aristote est la seule
                        trace qui reste aujourd’hui de cette pièce dans les écrits des
                        anciens.&#xA0;—&#xA0;Lessing, dans sa Dramaturgie, va plus loin qu’Aristote
                        et soutient que la tragédie a le même droit que la comédie sur les sujets
                        d’invention&#xA0; mais l’histoire du théâtre moderne, ainsi que celle du
                        théâtre grec, confirme la judicieuse réserve de notre philosophe. Déjà
                        Balzac, dans sa célèbre Lettre à Scudéri au sujet du Cid, disait
                        prudemment&#xA0;: <quote>«&#xA0;Aristote blâme la Fleur d’Agathon, quoiqu’il dise
                        qu’elle fût agréable&#xA0; et l’Œdipe peut-être n’agréoit pas,
                        quoiqu’Aristote l’approuve. Or, s’il est <pb n="99" xml:id="p99"/>vrai que la
                        satisfaction des spectateurs soit la fin que se proposent les spectacles, et
                        que les maîtres mêmes du métier aient quelquefois appelé de César au peuple,
                        le Cid du poëte français ayant plu aussi bien que la Fleur du poëte grec, ne
                        seroit-il point vrai qu’il a obtenu la fin de la représentation, et qu’il
                        est arrivé à son but, encore que ce ne soit pas par le chemin, ni par les
                        adresses de la Poétique&#xA0;?&#xA0;»</quote></p>
                    <p>«&#xA0;Les modernes ont, encore plus fréquemment que les Grecs, imaginé des
                        sujets de pure invention. Nous eûmes beaucoup de ces ouvrages du temps du
                        cardinal de Richelieu&#xA0; c’était son goût, ainsi que celui des
                        Espagnols&#xA0; il aimait qu’on cherchât d’abord à peindre les mœurs et à
                        arranger une intrigue, et qu’ensuite on donnât des noms aux personnages,
                        comme on en use dans la comédie&#xA0;: c’est ainsi qu’il travaillait
                        lui-même, quand il voulait se délasser du poids du ministère. Le Venceslas
                        de Rotrou est entièrement dans ce goût, et toute cette histoire est
                        fabuleuse… Un sujet de pure invention, et un sujet vrai, mais ignoré, sont
                        absolument la même chose pour les spectateurs&#xA0; et comme notre scène
                        embrasse des sujets de tous les temps et de tous les pays, il faudrait qu’un
                        spectateur allât consulter tous les livres avant qu’il sût si ce qu’on lui
                        représente est fabuleux ou historique. Il ne prend pas assurément cette
                        peine&#xA0; il se laisse attendrir quand la pièce est touchante, et il ne
                        s’avise pas de dire en voyant Polyeucte&#xA0;: <quote>«&#xA0;Je n’ai jamais entendu parler
                        de Sévère et de Pauline&#xA0; ces gens-là ne doivent pas me
                        toucher.&#xA0;» (<bibl>Voltaire, Dissertation sur la tragédie, en tête de sa
                        Sémiramis.</bibl>)</quote> Même observation dans Marmontel, au mot <hi rend="i"
                            >Vraisemblance</hi>.</p>
                    <p>Ne sont connus que du petit nombre.] Diderot emprunte cette réflexion ainsi
                        que beaucoup d’autres à la Poétique (De la Poésie dramatique, § 10).</p>
                    <p>Les fables et les actions simples.] Απλοì offre ici une difficulté, car il
                        semble anticiper sur la définition qui ne sera donnée qu’au chapitre <hi
                            rend="sc">x</hi>. Hermann transporte, en conséquence, tout le paragraphe
                        dans le chapitre <hi rend="sc">x</hi>. Castelvetro a proposé assez
                        heureusement de lire άπλώς, mot souvent employé dans Aristote pour xαθόλου.
                        Le sens deviendrait&#xA0;: <pb n="100" xml:id="p100"/><quote>«&#xA0;Parmi les fables, en général
                        (qu’elles soient historiques ou inventées par le poëte), les moins bonnes,
                        etc.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Épisodiques.] ’ΕπƐισοδιώδη. Le même mot se retrouve dans la Métaph., XII,
                        10&#xA0; XIV, 3. Aristote emploie beaucoup les adjectifs de ce genre&#xA0;
                        par exemple&#xA0;: γƐώδης, Problèmes, X, 43&#xA0; νƐυρώδης, δστώδης,
                        σαρχώδης, ibid., X, 41&#xA0; φλƐγματώδης, Hist. des Animaux, VI, 20&#xA0;
                        φυσώδης, ibid., VIII, 26&#xA0; χƐρατώδης, ibid., VIII, 28&#xA0; πυρώδης,
                        Sur le Mouv. des Animaux, X&#xA0; σοφισματώδης, Topiques, VIII, 6&#xA0;
                        αίνιγμα-τώδης, Rhétorique, II, 21&#xA0; παραδƐιγματώδης, ibid., I, 2&#xA0;
                        II, 25. Les formes en Ɛιδής ne lui sont pas moins familières, par
                        exemple&#xA0;: νƐφροβιδής, Hist. des Animaux, VI, 22&#xA0; δμοƐιδής,
                        Métaphysique, VII, 7&#xA0; θυμοƐιδής, Analytiques post.&#xA0;II, 7&#xA0;
                        etc.</p>
                    <p>Pour plaire aux acteurs.] <quote>«&#xA0;On voit que ce n’est pas d’aujourd’hui que
                        l’on s’est plaint de l’inévitable tyrannie qu’exercent sur un artiste ceux
                        qui sont les instruments uniques et nécessaires de son art.&#xA0;» (<bibl>La
                        Harpe, Analyse de la Poétique d’Aristote.</bibl>)</quote> Aristote dit encore, Rhétorique,
                        III, 1&#xA0;: ΜƐίζον δύνανται νūν των ποιητών οί ύποχριταί. Il ne faut donc
                        pas lire ici χριταί pour ύποχριταί, quelque séduisante que cette leçon
                        puisse paraître. Un ancien biographe de Sophocle dit que ce poëte composa
                        souvent des caractères tragiques pour la convenance de ses acteurs, et
                        Aristophane nous est représenté comme vivant en grande intimité avec les
                        deux acteurs Callistrate et Philonide. Cf. Cicéron, Des Devoirs, I, 31.</p>
                    <p>Pour le succès du jour.] Αγωνίσματα. Thucydide, I, 22&#xA0;: Κτημά τƐ ές άƐì
                        μάλλον ή άγώνισμα ές τδ παράχρημα ξúγχƐιται. Quintilien, X, 1, § 31&#xA0;:
                        <quote>«&#xA0;Historia scribitur ad narrandum non ad probandum, totumque opus non
                        ad actum rei pugnamve præsentem, sed ad memoriam posteritatis et ingenii
                        famam componitur.&#xA0;» Cf. <bibl>Suétone, Caligula, ch.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >lii.</hi></bibl></quote>.&#xA0;—&#xA0;Le plus ancien des traducteurs français, de
                        Norville, est ici celui qui se rapproche le plus du sens d’Aristote&#xA0;:
                        <quote>«&#xA0;Comme ils font des pièces qui doivent être représentées et disputer
                        le prix, etc.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Et celles-ci, etc.] Nous avons pensé avec Vahlen qu’une lacune est ici plus
                        probable qu’une transposition. Hermann&#xA0;: <pb n="101" xml:id="p101"/>Τοūτα δέ γίγνƐται
                        μάλιστα τοιαūτα, όταν γένηται παρά τήν δόξαν, χαì μάλλον δταν δι’ άλληλα, et
                        il marque une lacune après le dernier mot. Batteux proposait déjà un
                        changement analogue. Le plus simple serait peut-être de mettre μάλλον à la
                        place de μάλιστα, et <hi rend="i">vice versa</hi>. De même, Hist. des
                        Animaux, IX, 1&#xA0;: μάλλον.…. χαι μάλιστα. Cf. De l’Ame, I, 2&#xA0;: xαί
                        μάλιστα χαι πρώτωι;..</p>
                    <p>La statue de Mitys.] L’anecdote est copiée presque mot à mot dans la
                        compilation de Récits merveilleux qui figure parmi les ouvrages d’Aristote,
                        § 156 (ou 167)&#xA0; le compilateur met seulement οûν au lieu de γάρ dans
                        la remarque qui suit. Plutarque, Des Délais de la vengeance divine,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">viii</hi>, dit que l’accident eut lieu θέας
                        ούσης, pendant une fête, ce qui induit Dacier à traduire θƐωροūντι par
                        <quote>«&#xA0;au milieu d’une grande fête.&#xA0;»</quote> Il est certain que θƐωρƐīν a
                        souvent le sens d’assister à une fête. Voy. les Récits merveilleux, § 31, et
                        Aristote, De la Mémoire, ch.&#xA0;<hi rend="sc">i</hi>&#xA0; cf.
                        Rhétorique, I, 3. Sur le hasard considéré comme cause des événements, voyez
                        la Physique, II, 4 et suiv.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre X.</head>
                    <p>Péripétie.] Ce mot, que notre langue a emprunté au grec, ne se rencontre pas
                        chez les auteurs avant Aristote.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XI.</head>
                    <p>Le Lyncée.] C’est une pièce de Théodecte, comme on le voit plus bas, au
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xviii</hi>. Lyncée, le seul des cinquante époux
                        des Danaïdes qui eût été épargné par sa femme, en avait eu un fils nommé
                        Abas. Cet enfant tomba aux mains de Danaïs, qui en prit occasion de
                        poursuivre Lyncée devant les Argiens&#xA0;: il paraît que les Argiens
                        finissaient par condamner à mort Danaüs au lieu de Lyncée. Voyez Hygin,
                        Fables, 170, 244, 273, et le scholiaste sur l’Oreste d’Euripide,
                        v.&#xA0;872.</p>
                    <p><pb n="102" xml:id="p102"/>Destinés au bonheur ou au malheur.] Ὡρισμένων. Euripide,
                        fragment de l’Antiope cité par Stobée, LXII, 41&#xA0;:</p>
                    <quote><l>Φεῦ φεῦ&#xA0;! τὸ δοῦλον ὡς ἁπανταχῆ γένος</l>
                        <l>Πρὸς τὴν ἐλάσσω μοῖραν ὥρισεν θεός.</l></quote>
                    <p>Qu’elle envoie.] Elle ne l’envoie pas, elle la remet à son frère. Quant à la
                        première espèce de reconnaissance, dont Aristote ne donne pas d’exemple, on
                        peut citer les Choéphores d’Eschyle, où Électre était déjà connue d’Oreste
                        avant de le reconnaître.</p>
                    <p>L’événement terrible.] Πάθος (voy. le schol. sur l’Oreste d’Euripide,
                        v.&#xA0;1) est pris ici dans un sens pour lequel la langue française ne
                        fournit pas d’équivalent. En italien, le Tasse a cru pouvoir traduire par
                            <hi rend="i">perturbazione</hi> (Discorso II, p.&#xA0;54), ce qu’il
                        définit ainsi&#xA0;: <quote>«&#xA0;Perturbazione è una azione dolorosa e piena
                        d’affanno, come sono le morti, i tormenti, le ferite e l’altre cose di simil
                        maniera, le quali commovano i gridi e i lamenti delle personne
                        introdotte.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Le dernier paragraphe de ce chapitre est rejeté par Ritter comme une
                        interpolation.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XII.</head>
                    <p>Tout ce chapitre est condamné par Ritter&#xA0;: 1° parce qu’il interrompt les
                        belles analyses d’Aristote sur l’action tragique&#xA0; 2° parce qu’il ne
                        contient que des définitions sèches et superficielles&#xA0; 3° parce que
                        les premières lignes et les dernières trahissent la main d’un interpolateur,
                        qui veut faire l’important et rattacher de son mieux sa maigre science au
                        texte du philosophe.&#xA0;—&#xA0;Voy. Waldæstel, Commentatio de tragœdiarum
                        græcarum membris ex verbis Aristotelis recte constituendis (Neu-Brandenburg,
                        1837).&#xA0;—&#xA0;Comparez le grammairien anonyme, publié par Cramer,
                        Anecdota Oxon., tome IV, p.&#xA0;311 et suiv&#xA0; les vers de Tzetzès,
                        publiés par le même, ibid., t.&#xA0;III, p.&#xA0;334 et suiv., et réimprimés
                        en partie par Meineke, à la suite des Fragments de la Comédie
                        Ancienne.&#xA0;—&#xA0;Ne pouvant entrer, à propos de ce texte, dans une
                        longue <pb n="103" xml:id="p103"/>discussion sur les parties d’<hi rend="i">étendue</hi>
                        de la tragédie grecque, je me borne à quelques rapprochements, et je
                        renvoie, pour chacune des six parties, à des exemples pris dans l’Œdipe roi,
                        celle de toutes les tragédies grecques qu’Aristote a citée avec le plus de
                        prédilection. M. Waldæstel étend cette analyse aux autres tragédies de
                        Sophocle et aux sept tragédies d’Eschyle.</p>
                    <p>Le prologue.] Il est évident qu’il ne s’agit pas ici du prologue explicatif,
                        dont Euripide introduisit l’usage sur la scène grecque. Voy. le schol.
                        d’Aristophane sur les Grenouilles, v. &#xA0;1119&#xA0; Thémistius,
                            disc.&#xA0;<hi rend="sc">xxvi</hi>&#xA0; Cramer, Anecd. Oxon.,
                        t.&#xA0;IV, p.&#xA0;314.&#xA0;—&#xA0;Exemple&#xA0;: Sophocle, Œdipe roi,
                        v.&#xA0;1-150.</p>
                    <p>L’épisode.] Exemples&#xA0;: ibid., v.&#xA0;216-462&#xA0; 513-862&#xA0;
                        911-1085&#xA0; 1110-1185. Est-il besoin de faire observer que ce mot n’a
                        pas ici le même sens qu’au chapitre <hi rend="sc">xxiv</hi>&#xA0;? Au
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, on peut, à la rigueur, entendre
                        έπεισόδιον dans le sens de la présente définition d’Aristote. Sur les
                        contradictions apparentes du style d’Aristote, l’Index de la grécité
                        Aristotélique de Bonitz (Berlin, 1870) est fort utile à consulter.</p>
                    <p>L’exode.] Exemple&#xA0;: ibid., v.&#xA0;1223 jusqu’à la fin.</p>
                    <p>L’entrée du chœur.] Exemple&#xA0;: ibid., v.&#xA0;151-215.</p>
                    <p>La station.] Exemples&#xA0;: ibid., v.&#xA0;463-512&#xA0; 863-910&#xA0;
                        1080-1109&#xA0; 1186-1222. La station ne renferme ni anapestes ni trochées,
                        parce que ces vers sont surtout propres aux mouvements vifs et à la danse.
                        Voyez la Rhétorique, III, 8.</p>
                    <p>Le commos.] Exemple&#xA0;: ibid., v.&#xA0;649-697. Ce morceau est donc
                        contenu dans le deuxième épisode, d’où il résulte que les parties en
                        question ne sont pas précisément juxtaposées dans une tragédie, mais
                        quelquefois interposées l’une dans l’autre.&#xA0;—&#xA0;Sur les chants du
                        chœur, voy. aussi Problèmes, XIX, 15 et 48, p.&#xA0;65, 66 de cette
                        édition.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XIII.</head>
                    <p>Sur ces diverses formes de catastrophe tragique, où Aristote, par une
                        omission que nous avons expliquée dans <pb n="104" xml:id="p104"/>Essai sur l’Histoire de
                        la Critique, p.&#xA0;203 et suiv., ne mentionne même pas le rôle de la
                        Fatalité, voyez Marmontel, au mot <hi rend="i">Catastrophe</hi>.</p>
                    <p>Les honnêtes gens.] Ἐπιειϰεῖς, moi défini dans la Morale Nicom., V, 14. Il
                        est employé ici dans un sens général.</p>
                    <p>Mais odieux.] La Poétique de la Mesnardière, qu’on a rarement à louer,
                        contient (p.&#xA0;22 et suiv.) de bonnes observations sur la différence de
                        l’horrible et du terrible dans la tragédie. Voyez aussi la Harpe (Analyse de
                        la Poétique), qui relève avec raison l’excessive rigueur des règles données
                        ici par Aristote.</p>
                    <p>Sentiment [d’humanité.] Φιλάνθρωπον. Voyez Morale Nicom., VIII, 1.</p>
                    <p>Qu’un homme très-méchant tombe du bonheur dans le malheur.] <quote>«&#xA0;Si
                        Corneille en avait cru Aristote, il se serait interdit le dénoûment de
                        Rodogune&#xA0; et, si nous en croyons Dacier, ce dénoûment est un des plus
                        mauvais, car il est d’une espèce inconnue aux anciens et rejetée par
                        Aristote. D’après la même théorie, toutes les pièces où le personnage
                        intéressant fait son malheur lui-même avec connaissance de cause seraient
                        bannies du théâtre&#xA0; et l’on n’aurait jamais pensé à y faire voir
                        l’homme victime de ses passions. Voilà comme une théorie exclusivement
                        attachée à la pratique des anciens veut réduire le génie à l’éternelle
                        servitude d’une étroite imitation.&#xA0;» (<bibl>Marmontel, au mot <hi rend="i"
                            >Règles.</hi></bibl>)</quote></p>
                    <p>Un homme qui nous ressemble.] Corneille et Dacier s’inquiètent beaucoup de ce
                        qu’Aristote paraît assimiler la condition des héros de tragédie à celle des
                        auditeurs. Toutefois Corneille observe que <quote>«&#xA0;les rois sont hommes comme
                        les auditeurs et tombent dans ces malheurs par l’emportement des passions
                        dont les auditeurs sont capables&#xA0;&#xA0;»</quote>; et Dacier, que <quote>«&#xA0;le
                        poëte n’a pas en vue d’imiter les actions des rois, mais les actions des
                        hommes, et que c’est nous qu’il représente. <hi rend="i">Mutato nomine, de
                            te fabula narratur</hi>.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Thyeste.] On compte jusqu’à six tragédies portant ce titre, qui sont
                        aujourd’hui perdues&#xA0; Aristote cite, au chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >xvi</hi>, celle de Carcinus. Voyez Wagner, Fragments des Tragiques,
                        dans la Bibliothèque Firmin Didot.</p>
                    <p><pb n="105" xml:id="p105"/>Simple.] Non pas tout à fait dans le même sens que plus haut,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">x</hi>. <quote>«&#xA0;Aristote appelle ici <hi
                            rend="i">fable simple</hi> celle qui n’explique que les malheurs d’un
                        seul personnage&#xA0; et il appelle double celle qui a une double
                        catastrophe, qui est heureuse pour les bons et funeste pour les méchants,
                        comme dans l’Électre de Sophocle, où Oreste et Électre sont enfin heureux,
                        et où Égisthe et Clytemnestre périssent.&#xA0;» (<bibl>Dacier.</bibl>)</quote></p>
                    <p>Comme veulent quelques-uns.] Remarquez ici une de ces allusions, très-rares
                        dans la Poétique, aux auteurs qui avaient traité les mêmes questions avant
                        Aristote.</p>
                    <p>Alcméon.] Sujet traité par Sophocle, Euripide, Astydamas, Théodecte,
                        Nicomaque, Agathon&#xA0; et, sous forme de drame satyrique, par Achæus.</p>
                    <p>Oreste.] Sujet traité par Euripide, par Théodecte (Aristote, Rhétorique, II,
                        24), par Carcinus, et par un tragique de date inconnue, Timésithée.</p>
                    <p>Méléagre.] Sujet traité par Euripide, par Antiphon, et par Sosiphane, poëte
                        de la pléiade tragique, contemporain d’Aristote.</p>
                    <p>Télèphe.] Sujet traité par Eschyle, Euripide, Agathon, Iophon, Cléophon et
                        Moschion.</p>
                    <p>Euripide… le plus tragique des poëtes.] <quote><bibl>Quintilien, X, 1, § 67</bibl>&#xA0;:
                        «&#xA0;Euripides… in affectibus cum omnibus mirus, tum m iis qui in
                        miseratione constant facile præcipuus.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>La faiblesse des spectateurs.] Rhétorique, III, 1&#xA0;: διὰ τὴν τῶν ἀϰροατῶν
                        μοχθηρίαν. Cf. plus bas, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xvi</hi>. L’emploi de τὸ
                        θέατρον pour οἱ θεαταί est fréquent et d’ailleurs bien naturel. Voyez
                        Aristophane, Acharniens, v.&#xA0;629&#xA0; Chevaliers, v.&#xA0;233, 508,
                        1318&#xA0; Paix, v.&#xA0;735, etc.</p>
                    <p>Il appartient plutôt à la comédie.] Surtout à la nouvelle comédie, car les
                        anciennes comédies finissaient quelquefois d’une manière assez tragique,
                        comme l’observe avec raison Ritter, rappelant les Babyloniens, les Détaliens
                        et les Nuées d’Aristophane. L’auteur d’un argument sur l’Oreste d’Euripide
                        remarque que cette pièce, ainsi que l’Alceste, a un dénoûment comique&#xA0;
                        il cite encore un exemple de Sophocle, et il ajoute&#xA0;: <quote>«&#xA0;En un mot,
                        il y a beaucoup d’exemples de ce genre dans la tragédie.&#xA0;»</quote> Comparez
                        Villemain, Tableau du <hi rend="sc">xviii</hi><hi rend="sup">e</hi> siècle,
                            III<hi rend="sup">e</hi> partie, <hi rend="sc">v</hi><hi rend="sup"
                            >e</hi> leçon.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <pb n="106" xml:id="p106"/>
                    <head>Chapitre XIV.</head>
                    <p>Dépend.] Politique, VII, 13&#xA0;: Δεῖται χορηγίας τινὸς τὸ ζῆν
                        ϰαλῶς.&#xA0;—&#xA0;Δεόμενόν ἐστι est ici pour δεῖται&#xA0; cf. Hérodote,
                        III, 108&#xA0; VI, 33&#xA0; Pausanias, I, 14, § 5. Aristote, Métaphysique,
                        IV, 7&#xA0;: Οὐδὲν διαφέρει τὸ·Ἄνθρωπος ὑγιαίνων ἐστίν, ἢ τὸ Ἄνθρωπος
                        ὑγιαίνει. C’est la figure appelée σχῆμα χαλϰιδιαϰόν par le grammairien
                        Lesbonax (p.&#xA0;179, à la suite d’Ammonius, éd. Valckenaër), et dont il
                        cite pour exemples&#xA0;: Σωϰράιης ἀπολογούμενός ἐστι, et <bibl>Homère, Iliade, V,
                        v.&#xA0;873</bibl>&#xA0;:</p>
                    <quote><l>Αἰεὶ γὰρ ῥίγιστα θεοὶ τετληότες εἰμέν.</l></quote>
                    <p>Cf. Eschyle, Euménides, v.&#xA0;541 éd. Boissonade&#xA0;: Αἰδόμενός
                        ιις ἔστω pour αἰδείσθω.</p>
                    <p>L’effrayant.] Τερατῶδες. Voyez plus haut, la troisième note sur le chapitre
                            <hi rend="sc">xiii</hi>.</p>
                    <p>Ne sont plus dans la tragédie.] Remarquer τραγῳδίᾳ, au lieu de τραγῳδίας,
                        contre l’usage d’Aristote, qui est de construire ϰοινωνεῖν avec le génitif.
                        Ici, c’est comme s’il eût dit&#xA0;: οὐδὲν ϰοινὸν. ou ὅμοιον τῇ τραγῳδίᾳ
                        ἔχουσι. Cf. Platon, Politique, p.&#xA0;304 A&#xA0;: ὅόη βασιλιϰῇ ϰοινωνοῦσα
                        ῥητορεία&#xA0; et Lucien, De la Danse, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                        >xxxiv</hi>&#xA0;: Μηδὲν ταῦτα τῇ νῦν ὂρχήσει ϰοινωνεῖ.</p>
                    <p>Voyons donc.] <quote>«&#xA0;Λάϐωμεν sanum esse vix credo.&#xA0;» (<bibl>Ritter.</bibl>)</quote> On
                        trouvera pourtant des exemples de la même locution&#xA0;: Rhétorique, I, 2
                        fin, 4, 10&#xA0; Politique, III, 9&#xA0; IV, 12, 16&#xA0; V, 2. (Düntzer,
                        Défense de la Poétique, note 96.)</p>
                    <p>Les anciens poëtes.] Оἱ παλαιοί. Le rhéteur Démétrius, Sur le Style, § 175,
                        prétend que ce terme est plus noble que οἱ ἀρχαῖοι (voy. plus haut,
                        p.&#xA0;90). Probablement Aristote les emploie l’un et l’autre comme de
                        simples synonymes.</p>
                    <p>L’Ulysse blessé.] Blessé, ou plutôt tué, dans un combat sur le rivage
                        d’Ithaque, par Télégonus, le fils qu’il avait eu jadis de Circé. Voy. Hygin,
                        Fable 127, et comparez le livre de <pb n="107" xml:id="p107"/>Welcker, sur les Tragédies
                        grecques considérées dans leur rapport avec le Cycle épique, t.&#xA0;I,
                        p.&#xA0;240.&#xA0;—&#xA0;Il reste deux fragments de cette pièce de
                        Chérémon.</p>
                    <p>L’Antigone.] Aristote se tromperait en citant ici comme exemple la tragédie
                        de Sophocle, où Hémon paraît tirer, en effet, l’épée contre son père, mais
                        sans préméditation et sans que cet incident ait la moindre importance dans
                        l’économie de la pièce. Peut-être Aristote pensait-il à l’Antigone
                        d’Euripide, dont il ne nous reste que des fragments. Ce qui est certain,
                        c’est qu’il a formellement cité ailleurs la pièce de Sophocle&#xA0;:
                        Rhétorique, I, 13 et 15&#xA0; III, 16 et 17.</p>
                    <p>Le Cresphonte.] Même sujet que la Mérope des modernes. Voy. Plutarque, De
                        l’Usage des viandes, II, 5&#xA0; Hygin, Fables 137,
                        184.&#xA0;—&#xA0;<quote><bibl>Voltaire, Lettre à Maffei, en tête de sa Mérope</bibl>&#xA0;:
                        «&#xA0;Aristote, cet esprit si étendu, si juste et si éclairé dans les
                        choses qui étaient alors à la portée de l’esprit humain, Aristote, dans sa
                        Poétique immortelle, ne balance pas à dire que la reconnaissance de Mérope
                        et de son fils était le moment le plus intéressant de toute la scène
                        grecque. Il donnait à ce coup de théâtre la préférence sur tous les autres.
                        Plutarque dit que les Grecs, ce peuple si sensible, frémissaient de crainte
                        que le vieillard qui devait arrêter le bras de Mérope n’arrivât pas assez
                        tôt. Cette pièce, qu’on jouait de son temps, et dont il nous reste très-peu
                        de fragments, lui paraissait la plus touchante de toutes les tragédies
                        d’Euripide.&#xA0;»</quote> Comparez Lessing, Dramaturgie, p.&#xA0;184, trad. fr. de
                        1785.</p>
                    <p>L’Hellé.] Comme on n’a aucun autre renseignement sur cette pièce, Valckenaër
                        conjecture qu’il faut lire ici «&#xA0;l’Antiope&#xA0;», pièce d’Euripide
                        dont il reste environ cinquante fragments. Mais, d’après le récit d’Hygin,
                        Fable 8, ce n’est pas <hi rend="i">un fils</hi> d’Antiope qui va la livrer à
                        la mort, mais <hi rend="i">ses deux fils</hi>, qui, la reconnaissant sur les
                        indices d’un berger, viennent à son secours et la sauvent. Résignons-nous à
                        ignorer l’auteur de cette pièce d’Hellé, dont le sujet, du reste, tenait à
                        ceux du Phrixus, traité par Euripide, et de l’Athamas, traité par Sophocle
                        et par Xénoclès.</p>
                    <p>Voilà pourquoi, etc.] <quote>«&#xA0;C’est pour cela que l’on a souvent <pb n="108" xml:id="p108"/>dit que les tragédies ne mettent sur la scène qu’un petit nombre de
                        familles&#xA0;: car les poëtes qui cherchoient des actions de cette nature
                        en sont redevables à la fortune, et non pas à leur invention. Ainsi ils sont
                        contraints de revenir à ces mêmes familles où ces sortes d’événements se
                        sont passés.&#xA0;» (<bibl>Trad. de Racine.</bibl>)</quote></p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XV.</head>
                    <p>Une femme peut être bonne, etc.] <quote>«&#xA0;Les poëtes, dans la peinture des
                        mœurs de la vieillesse, font reconnoître la foiblesse de l’âge, et celle du
                        sexe dans la peinture des mœurs des femmes&#xA0;: elles sont moins propres
                        que les hommes, soit à cause de la délicatesse des fibres, soit à cause de
                        la frivole éducation qu’on leur donne, à soutenir des inclinations fortes et
                        égales. C’est apparemment ce qu’a entendu Aristote quand il a dit dans sa
                        Poétique que <quote>«&#xA0;les femmes sont communément plus mauvaises que les
                            hommes&#xA0;»</quote>. Il n’y a pas d’apparence qu’un aussi grand philosophe ait voulu
                        dire qu’elles sont communément plus vicieuses que vertueuses.&#xA0;» (<bibl>L.
                        Racine, Réflexions sur la poésie, p.&#xA0;203, éd.&#xA0;1747.</bibl>)</quote> L. Racine
                        paraît avoir deviné ce qu’Aristote lui-même écrit dans un passage de ses
                        Problèmes (XXIX, 11) où il appelle la femme un être inférieur (πολὺ ἦττον)
                        et plus faible (ἀσθενέστερον) que l’homme. Cf. Morale Nicom., VIII, 13, où
                        il fonde sur des considérations analogues la supériorité de l’homme dans le
                        mariage. Voy. encore&#xA0;: Hist. des Animaux, IX, 1&#xA0; Politique, 1, 2
                        et 6&#xA0; Économique, 1, 3&#xA0; Rhétorique, II, 23. Du reste, la pensée
                        d’Aristote sur ce sujet n’est guère que celle de presque toute l’antiquité
                        païenne&#xA0; voyez Strabon, Géographie, III, 4, § 18&#xA0; Philon le
                        Juif, Sur l’Immutabilité de Dieu, ch.&#xA0;<hi rend="sc">xxv</hi>. On sait
                        de quelle manière Périclès s’adresse aux femmes d’Athènes dans l’oraison
                        funèbre que lui prête Thucydide (II, 45), et, huit siècles plus tard, le
                        rhéteur Ménandre, donnant des règles sur la manière de consoler dans une
                        oraison funèbre, dit qu’il faut parler différemment aux hommes, aux enfants
                        et aux fem<pb n="109" xml:id="p109"/>mes, et que, pour ces dernières, il faut avoir soin
                        d’abord <quote>«&#xA0;de relever un peu leur personnage par des éloges&#xA0;»</quote>, ἵνα
                        μὴ πρὸς φαῦλον ϰαὶ εὐτελὲς διαλέγεσθαι δοϰῇς πρόσωπον
                        (Περὶ Ἐπιδειϰτιϰῶν, chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">ii</hi>, t.&#xA0;IX, p.&#xA0;294 des Rhetores græci de Walz).
                        Il faut bien distinguer ces jugements sérieux des plaisanteries comiques
                        dont la tradition s’est perpétuée depuis le vieux poëte Simonide d’Amorgos
                        (poëme Sur les Femmes, dans les Lyrici varii de la collection de Boissonade,
                        et dans les Lyrici græci de Bergk) et l’école d’Aristophane jusqu’à Molière,
                        en passant par Érasme (Éloge de la Folie, chap.&#xA0;<hi rend="sc">vii</hi>,
                        p.&#xA0;33, éd.&#xA0;1777, dont Molière semblait se souvenir en écrivant les
                        vers, passés en proverbe, du Dépit amoureux, acte IV, scène <hi rend="sc"
                            >ii</hi>). Surtout il ne faut pas croire que les philosophes anciens
                        aient toujours, et en tout point, méconnu la dignité morale de la femme.
                        Aristote, à lui seul, nous offre beaucoup de belles observations sur ce
                        sujet&#xA0; par exemple, dans sa Morale à Nicomaque, VIII, 9, une admirable
                        analyse de l’amour maternel. Xénophon, dans le dialogue socratique intitulé
                        l’Économique, nous représente avec une délicatesse charmante le rôle de la
                        femme dans le ménage d’un riche campagnard Athénien.</p>
                    <p>La convenance.] Même précepte dans Horace, Art Poétique, v.&#xA0;114 et suiv.
                        On a souvent induit de ces ressemblances, qu’Horace lisait et imitait
                        l’ouvrage d’Aristote&#xA0; rien n’est moins démontré. La plupart des
                        imitations d’Horace portent sur des préceptes qui devaient se trouver à peu
                        près dans toutes les Poétiques. D’ailleurs, un scholiaste du poëte latin,
                        Porphyrion, nous apprend qu’il avait surtout puisé dans la Poétique de
                        Néoptolème de Parium.</p>
                    <p>L’Oreste d’Euripide.] L’auteur de l’Argument grec sur cette pièce, la déclare
                        δρᾶμα τῶν ἐπὶ σϰηνῆς εὐδοϰιμούντων,
                        χείριστον δὲ τοῖς ἤθεσιν πλὴν γὰρ Πυλάδου
                        πάντες φαῦλοι ἦσαν.</p>
                    <p>Scylla.] Voyez Welcker, livre cité, p.&#xA0;527.</p>
                    <p>Ménalippe.] Voyez ibid., p.&#xA0;846.</p>
                    <p>Iphigénie à Aulis.] Voy. v.&#xA0;1200 et suiv., puis v.&#xA0;1398 et suiv.,
                        1530 et suiv.&#xA0;—&#xA0;Ici, comme dans son immortelle tragédie, Racine
                        traduit ἐν Α ὐλίδι par «&#xA0;en Aulide&#xA0;». De <pb n="110" xml:id="p110"/>Norville
                        avait déjà traduit, avec plus d’exactitude, «&#xA0;à Aulis&#xA0;». Il s’agit
                        en effet d’une ville, non d’un pays.&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;Aristote, et
                        d’autres après lui (L. Racine, A. W. Schlegel, etc.), ont blâmé comme une
                        inconséquence de caractère ce passage de la faiblesse à l’héroïsme. Malgré
                        l’autorité d’un tel critique et de ceux qui l’ont suivi, je crois que ces
                        mouvements d’une âme qui cède d’abord à la douleur et se roidit ensuite
                        contre elle, sont conformes à la nature, conformes à l’esprit du théâtre
                        grec, qui en avait fait le sujet et la leçon de la tragédie.&#xA0;»</quote> (M.
                        Patin, Études sur les Tragiques grecs, t.&#xA0;II, p.&#xA0;301, Examen de
                        l’Iphigénie à Aulis.) Comparez la Harpe, Analyse de la Poétique.</p>
                    <p>Dans la Médée.] L’auteur d’un argument grec de cette pièce, qui contient des
                        observations intéressantes, cite Aristote ἐν ϓπομνήμασι. C’est la troisième
                        fois que nous remarquons ces rapports entre les Arguments des pièces
                        grecques et des textes d’Aristote&#xA0; ils indiquent évidemment des
                        emprunts, mais des emprunts dont on ne peut aujourd’hui apprécier l’étendue
                        et l’importance.</p>
                    <p>Le départ proposé par Agamemnon.] Voyez la note d’Alexandre d’Aphrodise sur
                        les Réfutations sophistiques, ch.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, où Aristote
                        fait allusion au même texte d’Homère.</p>
                    <p>Comme des modèles, etc.] <quote>«&#xA0;Ainsi, le poëte, en représentant un homme
                        colère ou un homme patient, ou de quelque autre caractère que ce puisse
                        être, doit non-seulement les représenter tels qu’ils étaient, mais il les
                        doit représenter dans un tel degré d’excellence, qu’ils puissent servir de
                        modèle ou de colère, ou de douceur ou d’autre chose.&#xA0;»</quote> (Trad. de
                        Racine.)&#xA0;—&#xA0;<quote>«&#xA0;«&#xA0;Ce qui est rare et parfait en son espèce, ne
                        peut manquer d’attirer l’attention. Ainsi, il faut toujours peindre les
                        caractères dans un degré élevé, rien de médiocre, ni vertus, ni vices…. Les
                        vices ont aussi leur perfection. Un demi-tyran serait indigne d’être
                        regardé&#xA0; mais l’ambition, la cruauté, la perfidie, poussées à leur
                        plus haut point, deviennent de grands objets. La tragédie demande encore
                        qu’on les rende, autant qu’il est possible, de beaux objets. Il y a un art
                        d’embellir les vices et de leur donner un air de <pb n="111" xml:id="p111"/>noblesse et
                        d’élévation.&#xA0;»</quote> (Fontenelle, Réflexions sur la Poétique, §<hi rend="sc"
                            >xvi</hi>, <hi rend="sc">xvii</hi>.) Le texte est ici très-douteux.</p>
                    <p>De rudesse.] Σϰληρότητος. Twining propose ingénieusement, mais sans
                        nécessité, de lire ici ἁπλότητος, et il compare avec ce passage la
                        Rhétorique, I, 9, et le vers 926 (917, éd. Boissonade) de l’Iphigénie à
                        Aulis. Cf. Iliade, IX, 308.</p>
                    <p>Voilà ce qu’il faut, etc.] <quote>«&#xA0;Le poëte doit observer toutes ces choses et
                        prendre garde surtout de ne rien faire qui choque les sens qui jugent de la
                        poésie, c’est-à-dire les oreilles et les yeux&#xA0;: car il y a plusieurs
                        manières de les choquer, j’en ai parlé dans d’autres discours où je traite
                        de cette matière.&#xA0;»</quote> (Trad. de Racine.) C’est aussi le sens adopté par
                        Dacier, qui rapproche de ce passage Horace, Art poétique, v.&#xA0;179 et
                        suiv.</p>
                    <p>Résultant.] Παρά marque quelquefois la cause. Voy. Matthiæ, Gramm. gr.,
                        §&#xA0;588. Hermann lit περί, et il pense qu’il s’agit de la danse et de la
                        musique.</p>
                    <p>Ouvrages déjà publiés.] Ἐϰδεδομένοις. Expression consacrée en ce sens&#xA0;:
                        Isocrate, A Philippe, §&#xA0;35, et Sur l’Antidose, §&#xA0;5&#xA0;
                        Philodème, Rhétorique, <hi rend="sc">iv</hi>, col.&#xA0;33, éd. Gros. Cf.
                        Stahr, Aristotelia, <hi rend="sc">ii</hi>, p.&#xA0;238 et 263. Mais on ne
                        sait pas à quel ouvrage se rapporte cette allusion.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XVI</head>
                    <p>La lance, etc.] Fait rapporté aussi par Dion Chrysostome, Discours <hi
                            rend="sc">iv</hi>, t.&#xA0;I, p.&#xA0;149, éd. Reiske, et par d’autres
                        auteurs anciens.</p>
                    <p>Les étoiles.] Ἀστέρας est peut-être une faute de copiste&#xA0; car Julien
                        (Discours <hi rend="sc">ii</hi>, p.&#xA0;81 C) et d’autres auteurs attestent
                        que le signe naturel qui distinguait les. Pélopides était une épaule
                        d’ivoire. Voyez Pindare, Olympique, I, v.&#xA0;27.</p>
                    <p>La petite barque.] C’est la barque ou le petit berceau dans lequel les deux
                        enfants de Tyro avaient été exposés par leur mère. Voy. Odyssée, XI,
                        235&#xA0; Apollodore, Bibliothèque, I, 9, §&#xA0;8. Cf. Welcker, livre
                        cité, I, p.&#xA0;313&#xA0; et les Fragments de <pb n="112" xml:id="p112"/>Sophocle,
                        réunis et commentés par M. Ahrens dans la Bibliothèque Firmin Didot,
                        p.&#xA0;315.</p>
                    <p>Peu d’art.] Un manuscrit donne ἕντεχνοι. Mais ἄτβχνοι, qui est mieux
                        autorisé, ne peut-il pas se défendre, si on établit la suite des idées comme
                        nous avons fait dans la traduction&#xA0;? Dacier s’y résigne&#xA0; Batteux,
                        d’après d’anciennes éditions, lit οὺϰ ἄτεχνοι, en s’appuyant sur un passage
                        de la Rhétorique, 1, 2, qui ne me paraît rien prouver en faveur de cette
                        leçon.</p>
                    <p>Le Térée.] Térée est le mari de Procné et le beau-frère de Philomèle&#xA0;
                        la navette qui parle est celle dont Philomèle, privée de la langue par un
                        crime de Térée, se sert pour broder les caractères qui révéleront le crime à
                        sa sœur Procné. Voyez Ovide, Métamorphoses, VI, 575&#xA0; Welcker, livre
                        cité, I, p.&#xA0;379&#xA0; Ahrens, livre cité, p.&#xA0;341.</p>
                    <p>Les Cypriens.] Même sujet, selon Welcker, que l’Eurysacès de Sophocle&#xA0;:
                        retour de Teucer à Salamine après la mort de son père Télamon, qui l’en
                        avait exilé&#xA0; on suppose que rentrant, sous un costume étranger, dans
                        le palais de ses pères, il se trahit par ses larmes devant un tableau qui
                        représentait Télamon. (Virgile a imité ce trait dans le <hi rend="sc"
                            >i</hi><hi rend="sup">er</hi> livre de l’Énéide.) Le chœur se composait
                        sans doute de Cypriens, compagnons de Teucer. Voy. Ahrens, livre cité,
                        p.&#xA0;285.</p>
                    <p>Le Tydée et les fils de Phinée.] On ne sait rien de plus sur ces deux pièces
                        que ce que nous en apprend Aristote. Il existait une pièce, probablement
                        toute lyrique, de Timothée, sous le titre de Φινεῖδαι (Suidas).</p>
                    <p>C’est là que leur destin les attend.] C’est à peu près de même que l’<hi
                            rend="sc">Œ</hi>dipe de Sophocle reconnaît, en arrivant dans le bourg de
                        Colone, ce qu’il appelle <quote>«&#xA0;le mot d’ordre de sa destinée&#xA0;»</quote>,
                        ξυμφορᾶς ξύνθηιμ’ ἐμῆς (v.&#xA0;47).</p>
                    <p>L’Ulysse Faux-Messager.] On ne sait rien de plus sur cette pièce, dont
                        l’auteur même est inconnu. Græfenhan suppose que ce pourrait bien être le
                        Philoctète de Sophocle, cité sous un second titre, et il renvoie surtout aux
                        vers 52, 68, 77, 104, 250, 261, 568.</p>
                    <p>Qu’Iphigénie veuille adresser une lettre.] Ἐπιθεῖναι. Exemple unique
                        peut-être en ce sens&#xA0; je ne trouve <pb n="113" xml:id="p113"/>ailleurs que la forme
                        moyenne de ce verbe&#xA0;: Hérodote, I, 111&#xA0; III, 63&#xA0; Athénée,
                        IX, p.&#xA0;465 D, cités par H. Estienne.</p>
                    <p>De toutes les obscurités qu’offre ce chapitre, des jugements que l’auteur y
                        porte, et de la place qu’il occupe dans les développements relatifs à la
                        tragédie, Ritter conclut qu’il n’est pas d’Aristote. Je ne relève pas toutes
                        les décisions de ce genre que porte si facilement le même éditeur.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XVII.</head>
                    <p>Se mettre à la place du spectateur.] Comparez la Rhétorique, III, 10,
                        11.&#xA0;—&#xA0;Dans le même ouvrage, II, 8, on retrouve le verbe
                        συναπεργάζεσθαι, construit avec σχήμασι ϰαὶ φωναῖς ϰαὶ ἐσθῆτι.</p>
                    <p>Ce qui aurait le défaut contraire.] <quote>«&#xA0;Jusqu’aux moindres contrariétés,
                        qui pourroient nous être échappées.&#xA0;»</quote> (Dacier.) Cette traduction offre
                        un excellent sens&#xA0; mais ne suppose-t-elle pas ἀλλἡλοις après
                        ὑπεναντία&#xA0;? J’avoue cependant que ce dernier mot est employé seul et
                        dans ce sens absolu au chap. <hi rend="sc">xxv</hi>.</p>
                    <p>Se placer dans la situation des personnages.] Dacier&#xA0;: <quote>«&#xA0;Que le
                        poëte en composant imite les gestes et l’action de ceux qu’il fait
                        parler.&#xA0;»</quote> Batteux&#xA0;: <quote>«&#xA0;Que le poëte soit acteur en
                        composant.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>La sympathie, etc.] Même observation dans la Rhétorique, III, 7&#xA0; cf.
                        Physiognomonica, chap. <hi rend="sc">iv</hi>&#xA0; Horace, Art poétique,
                        v.&#xA0;101-113&#xA0; etc.</p>
                    <p>Nature facile.] Sur l’εὐφυἰα. Voy. Morale Nicom., III, 7&#xA0; Topiques,
                        VIII, 14.</p>
                    <p>Nature ardente.] Ἐϰστατιϰοί, leçon qui répond bien à μανιϰοῦ et que confirme
                        un texte des Problèmes, livre XXX, chap.&#xA0;<hi rend="sc">i</hi>. Bekker a
                        conservé ὲξεταστιϰοί, qui paraît être dans tous les manuscrits sauf un, où
                        Vettori avait lu ἐϰστατιϰοί.</p>
                    <p><quote>«&#xA0;«&#xA0;L’heureux don d’être affecté fortement par les objets, et de pouvoir
                        reproduire leur image absente ou évanouie, <pb n="114" xml:id="p114"/>est le fond même de
                        l’imagination. La puissance de modifier ces images pour en former de
                        nouvelles, est encore indispensable&#xA0; sans quoi l’imagination serait
                        captive dans le cercle de la mémoire&#xA0; elle ne serait qu’une mémoire
                        imaginative, comme on l’a dit, tandis qu’elle doit disposer à son gré du
                        passé, du réel et du possible. Tout cela est beaucoup sans doute, et
                        pourtant ce n’est point assez&#xA0; si le cœur ne s’y ajoute, l’œuvre
                        demeure imparfaite&#xA0;: le feu sacré n’y est pas. Suffisait-il à Corneille
                        d’avoir lu Tite-Live, de s’en représenter vivement plusieurs scènes, d’en
                        saisir les traits principaux et de les combiner heureusement pour faire la
                        tragédie des Horaces&#xA0;? Il lui fallait en outre le sentiment, l’amour du
                        beau&#xA0; il lui fallait ce grand cœur d’où est sorti le mot du vieil
                        Horace.&#xA0;»</quote> (V. Cousin, Cours d’Hist. de la Philos. mod., 1<hi rend="sup"
                            >re</hi> série, t.&#xA0;II, leçon <hi rend="sc">xii</hi><hi rend="sup"
                            >e</hi>.)</p>
                    <p>Polyidus.] C’est le sophiste poëte dont il a été question au chap. précédent.
                        Diodore de Sicile, XIV, 46, le fait fleurir dans la XCV<hi rend="sup">e</hi>
                        olympiade, et nous apprend qu’il était en outre peintre et musicien.</p>
                    <p>Les épisodes.] D’Aubignac, Pratique du théâtre, III, 2, commente et discute
                        les préceptes d’Aristote sur ce sujet. La Poétique de la Mesnardière,
                        chap.&#xA0;v, mérite aussi d’être comparée avec ce chapitre.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XVIII.</head>
                    <p>Le Lyncée.] Voyez plus haut, chap.&#xA0;x.</p>
                    <p>Il y a quatre caractères, etc.] <quote>«&#xA0;Dacier, dit Batteux, regarde cet
                        endroit <hi rend="i">comme le plus difficile peut-être de toute la
                            Poétique</hi>. Ce qui le lui a rendu si difficile est le parti qu’il a
                        pris d’entendre ici par μέρη les parties de quantité d’une tragédie, et par
                        εἴδη les parties de qualité, ce qui effectivement n’est guère intelligible….
                        Μἐρος signifie quelquefois les parties du genre ou l’espèce&#xA0;:
                        Métaphysique, IV, 25&#xA0;: τὰ εἴδη τοῦ γένους φασὶν ἐἶναι μόρια.&#xA0;»</quote>
                        Batteux, dans cette note, suit Vettori. p.&#xA0;176, qui rappelle aussi le
                        sens <pb n="115" xml:id="p115"/>qu’a le mot μέρος un peu plus bas dans ce même
                        chapitre.</p>
                    <p>Les Ajax.] Sujet traité par Eschyle, par Sophocle, par Astydamas, par
                        Théodecte. Voyez dans les Opuscules de Hermann, vol.&#xA0;VII, la
                        dissertation De Æschyli tragœdiis fata Ajacis et Teucri complexis.</p>
                    <p>Les Ixion.] Sujet traité par Eschyle, par Sophocle, par Euripide et par
                        Timésithée.</p>
                    <p>Les Phthiotides et le Pélée]. Deux tragédies de Sophocle.</p>
                    <p>Simple et une.] Le texte peut être complété de deux façons&#xA0;: 1° nous
                        avons traduit d’après la leçon de Hermann et de Græfenhan&#xA0;:
                        ὁμαλὁν&#xA0; Batteux avait lu ce mot dans un manuscrit de
                        Paris&#xA0;&#xA0;—&#xA0;2° Vahlen (1874) lit τερατῶδες au lieu de τέταρτον.
                        Scaliger (Poétique, VII, 1, §&#xA0;4) conjecturait déjà, d’après les titres
                        de tragédies cités ensuite par Aristote, qu’il rangeait dans son quatrième
                        genre les pièces dont les personnages et l’action ont quelque chose de
                        surhumain.</p>
                    <p>Les Phorcides.] Tragédies dont l’auteur est inconnu. Voy. Eschyle, Prométhée,
                        v.&#xA0;793-797, et Sophocle, fragment 254 éd. Ahrens&#xA0; Welcker,
                        Trilogie d’Eschyle, p.&#xA0;381.</p>
                    <p>De l’enfer.] Protagoras, au témoignage de Diogène Laërce, IX, 55, avait
                        composé un livre περὶ τῶν ἐν ᾍδου. Photius, Cod.&#xA0;161, parlant des
                        sujets compris dans la compilation du sophiste Sopater&#xA0;: περὶ θεῶν….
                        ϰαὶ περὶ τῶν ἡρώων ϰαὶ περὶ ιῶν ἐν ᾍδου (περιείληφε). Cf. Polybe, VI, 56, à
                        propos de la religion des Romains.</p>
                    <p>La prise de Troie.] Ἰλίου πέρỡις, tel est le titre de quatre tragédies
                        perdues, d’Agathon, d’Iophon, de Cléophon et de Nicomaque.&#xA0;—&#xA0;Ce
                        qui suit dans le texte est fort obscur. Ἢ Mήδειαν, qui ne se trouve dans
                        aucun manuscrit, a été inséré par les premiers éditeurs après Νιόϐην.
                        Hermann propose de lire ici le nom de Sophocle au lieu de celui d’Euripide,
                        parce qu’on ne trouve aucune autre trace d’une Niobé d’Euripide, tandis
                        qu’il y a des fragments de celle de Sophocle et de celle d’Eschyle
                        (Opuscules, vol.&#xA0;III, p.&#xA0;38).&#xA0;—&#xA0;Quant à l’observation
                        qui concerne ce dernier poëte, je l’ai tradulte dans le sens d’une allusion
                        critique à la <hi rend="i">trilogie</hi>. Aristote a pu blâmer ces sortes de
                        compositions, dont il y a <pb n="116" xml:id="p116"/>plusieurs exemples dans le théâtre
                        d’Eschyle, où un seul sujet était traité en trois tragédies destinées au
                        même concours (voy. plus haut, sur le chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>).
                        C’étaient en effet comme de longues tragédies en trois
                        actes.&#xA0;—&#xA0;Voy. sur la trilogie de Niobé les Fragments d’Eschyle,
                        p.&#xA0;218, éd. Ahrens. Tyrwhitt, suivi par Hermann, avait changé Νιόϐην en
                        Ἑϰάϐην..</p>
                    <p>Agathon.] Les deux vers de ce poëte sont cités textuellement dans la
                        Rhétorique, II, 24.</p>
                    <p>Le chœur.] Cf. Horace, Art poétique, v.&#xA0;193 et suiv., et nos extraits
                        des Problèmes, <hi rend="sc">xlviii</hi>.</p>
                    <p>Chez les autres, les chœurs, etc.] Τὰ διδόμενα, leçon des manuscrits, peut à
                        la rigueur s’expliquer. Mais la correction déjà ancienne que nous adoptons,
                        va beaucoup mieux au sens&#xA0; elle est d’ailleurs très-facile à justifier
                        par la ressemblance de AI et de ΔI dans l’écriture onciale. Voyez Bast,
                        Commentatio palæographica, p.&#xA0;719.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XIX.</head>
                    <p>A amplifier ou à diminuer.] Voy. la Rhétorique, II, 26.</p>
                    <p>La représentation.] Διδασχαλίας. Voy. parmi les Opuscules latins de
                        Boettiger, p.&#xA0;284&#xA0;: Quid sit docere fabulam.</p>
                    <p>Les figures.] Voy. la Rhétorique, II, 24&#xA0; III, 8 et 10, et remarquez
                        que l’auteur n’entend pas ici σχήματα τῆς λέξεως précisément dans le sens
                        que les rhéteurs ont consacré plus tard pour les <hi rend="i">figures de
                            pensée</hi>, mais dans un sens plus général, à peu près comme Denys
                        d’Halicarnasse (Sur Thucydide, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxiii</hi>)
                        dit&#xA0;: σχηματίζειν τὰς λέξεις.</p>
                    <p>L’ordonnateur de cette partie du spectacle.] Voy. dans la Politique, III, 11,
                        et VII, 3, des exemples du mot ἀρχιτεϰτονιϰός employé dans de sens général,
                        ainsi que ἀρχιτέϰτων. Cf. Grande Morale, II, 7&#xA0;: ἔχειν γραμματιϰήν, et
                        Métaphysique, IV, 23.</p>
                    <p>Protagoras.] Critique relevée aussi par le scholiaste de Venise et par
                        Eustathe, sur le 1<hi rend="sup">er</hi> vers de l’Iliade.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <pb n="117" xml:id="p117"/>
                    <head>Chapitre XX.</head>
                    <p>Ammonius, dans son commentaire sur le Traité d’Aristote περὶ Ἑρμηνείας,
                        renvoie à ce chapitre de la Poétique, pour en tirer d’ailleurs des
                        conclusions subtiles et fausses.</p>
                    <p>L’objet de notre travail sur la Poétique étant plus spécialement littéraire
                        que grammatical, nous bornerons nos remarques sur ce chapitre et sur le
                        suivant aux éclaircissements les plus indispensables pour la lecture du
                        texte, et à quelques indications qui pourront guider le lecteur curieux de
                        plus amples notions. C’est dans une histoire de la Grammaire qu’il convient
                        de relever et de discuter en détail tant d’assertions, souvent obscures, et
                        qui témoignent de l’état d’enfance où était encore, au temps d’Aristote, la
                        théorie du langage. On pourra consulter sur ce sujet notre Apollonius
                        Dyscole, Essai sur l’Histoire des Théories grammaticales dans l’antiquité,
                        et les ouvrages cités dans les notes sur le chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >vii</hi>, §&#xA0;1, des Notions élémentaires de Grammaire comparée
                            (7<hi rend="sup">e</hi> édit., 1874).</p>
                    <p>L’élément.] Στοιχεῖον est ordinairement opposé à γρᾶμμα chez les
                        grammairiens, comme l’élément vocal à son signe écrit. Voy. Aristote&#xA0;:
                        Métaphysique, III, 3, V, 3, VII, 10&#xA0; De l’Ame, II, 5&#xA0; Topiques,
                        IV, 5&#xA0; VI, 5&#xA0; cf. Sextus Empiricus, Contre les grammairiens,
                        chap.&#xA0;v.</p>
                    <p>Sans articulation.] <quote>«&#xA0;Sans le secours d’aucune autre lettre.&#xA0;»
                        (<bibl>Dacier.</bibl>)</quote> Mais il est facile de voir que ce sens ne s’accommode pas avec ce
                        qui suit. Toutefois je m’étonne de ne trouver dans les grammairiens aucun
                        autre exemple de προσϐολη avec le sens d’<hi rend="i">articulation</hi>.</p>
                    <p>Les formes que prend la bouche.] Voy. un commentaire de cette expression dans
                        Denys d’Halicarnasse, De l’Arrangement des mots, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >xiv</hi>.</p>
                    <p>Entre les deux.] Cf. Rhétorique, III, 1&#xA0; Réfut. sophistiques,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxi</hi>&#xA0; Topiques, I, 15. On pense
                        généralement qu’Aristote a voulu parler ici de l’accent circonflexe. Voy. le
                        traité d’Accentuation grecque que j’ai publié avec <pb n="118" xml:id="p118"/>M. Ch.
                        Galusky, p.&#xA0;4. Alexandre d’Aphrodise, dans son commentaire sur les
                        Réfutations sophistiques, chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, à propos de la
                        leçon τὸ μὲν οὐ ϰαταπύθεται ὄμϐρῳ, dans un vers d’Homère discuté ci-dessous,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxv</hi> de la Poétique, prétend que par βαρβῖα
                        Aristote entend la périspomène. Cela est peu probable. Voy. notre ouvrage
                        sur Apollonius Dyscole, ch.&#xA0;<hi rend="sc">viii</hi>, §&#xA0;1.
                        Alexandre est réfuté au moins par le passage des Topiques, I, 15, où
                        Aristote oppose comme ἐναντία l’ὀξύ au βαρύ.</p>
                    <p><hi rend="i">Gr</hi> sans <hi rend="i">a</hi> n’est pas une syllabe.] Dans
                        plusieurs mss. et éditions οὐϰ ἔστι manque et ἀλλά est remplacé par ϰαί,
                        leçon qui peut à la rigueur s’entendre, et qui semble même répondre au texte
                        suivant de la Métaphysique, XIV, 6. Ἐϰεὶ ϰαὶ το Ξ Ψ Ζ συμφωνίας φασίν εἶναι
                        ϰαὶ ὅτι ἐϰεῖναι τμρῖς ϰαὶ ταῦτα τρία • ὅτι δὲ μύρια ἂν εἴη τοιαῦτα οὐδὲν
                        μέλει • τὸ γἀρ Γ ϰαί P (c’est-à-dire <hi rend="i">gr</hi>) είη ἂν ἕν
                        σημεῖον. En effet Aristote admet lui-même plus haut que les semi-voyelles
                        comme <hi rend="i">s</hi> et <hi rend="i">r</hi> ont par elles-mêmes un son
                        articulé et sensible.</p>
                    <p>La conjonction.] Voy. surtout Aristote, Rhétorique, III, 5 et 12&#xA0;
                        Problèmes, XIX, 20, p.&#xA0;64 de cette édition&#xA0; Denys le Thrace,
                            ch.&#xA0;<hi rend="sc">xxv</hi>, avec ses commentateurs, et le traité
                        spécial d’Apollonius, dans les Anecdota græca de Bekker, t.&#xA0;II.</p>
                    <p>Aux extrémités.] Τὸ ἄϰρα. De même&#xA0;: Analytiques prem., I, 4&#xA0;
                        Métaphysique, X, 12.</p>
                    <p>Le nom.] Voy. Aristote, Du Langage, chap.&#xA0;<hi rend="sc">ii</hi> et <hi
                            rend="sc">iii</hi>, et le ch.&#xA0;<hi rend="sc">xxi</hi> de la
                        Poétique.</p>
                    <p>Dans Théodore, <hi rend="i">dore</hi> n’a pas de sens.] Singulière
                        observation, qui prouve combien s’était affaibli, sinon effacé, le sens des
                        terminaisons dans les mots composés. On trouve chez Aristote des
                        observations semblables dans le traité Du Langage, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >ii</hi> et <hi rend="sc">iv</hi>. Voyez sur la finale δωρος dans les
                        mots doubles de ce genre, les ingénieuses observations de Letronne sur les
                        Noms propres grecs (Paris, 1846), II<hi rend="sup">e</hi> partie.</p>
                    <p>Il marche.] Exemple familier à Aristote. Voy.&#xA0;: Rhétorique, III,
                        2&#xA0; Réfut. sophistiques, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxii</hi>&#xA0;
                        Métaph.&#xA0;IV, 7&#xA0; etc. Il en est de même du nom propre Cléon, cité
                        plus bas. Voyez&#xA0;: Rhétorique, II, 2&#xA0; III, 5&#xA0; Réfut.
                        sophistiques, <pb n="119" xml:id="p119"/>chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxxii</hi>&#xA0;
                        Métaph.&#xA0;VI, 15&#xA0; IX, 5&#xA0; etc. (exemples réunis par
                        Düntzer).</p>
                    <p>Le temps présent, le passé.] Voyez&#xA0;: Rhétorique, I, 3&#xA0; Topiques,
                        II, 4.</p>
                    <p>Le cas.] Πτῶσις. Lettre anonyme dans les Anecdota Oxon. de Cramer, tome III,
                        p.&#xA0;194&#xA0;: Τοὺς τοιούτους ὀνομάτων μετασχηματισμοὺς πτώσεις εἴωθε
                        ϰαλεῖν ὁ Ἀριστοτέλης, ἀλλὰ ϰαὶ ὁ (τὸ&#xA0;?) ἀνεψιὸς ϰαὶ ὁ αὑτανεψιός χαὶ ὁ
                        υίδοὺς ϰαὶ ὁ ἀδελφιδούς. Cf. Denys le Thrace, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >xiv</hi> et <hi rend="sc">xv</hi>, et le commentaire.</p>
                    <p>L’oraison est une.] Rhétorique, III, 9&#xA0;: λέξις εἰρομένη ϰαὶ συνδέσμω
                        μία&#xA0; cf.&#xA0;III, 12. C’est exactement la doctrine qu’on retrouve
                        dans le traité Du Langage, et que commente Ammonius dans un passage d’où
                        Ritter conclut à tort contre l’authenticité de ce chapitre.&#xA0;—&#xA0;La
                        comparaison de l’Iliade avec la définition de l’homme est aussi un exemple
                        familier à Aristote&#xA0; voir Analytiques post.&#xA0;II, 7, 10&#xA0; cf.
                        Métaphysique, VI, 12&#xA0; Topiques, I, 4.</p>
                    <p>L. Lersch, dans son livre intitulé Sprachphilosophie der Alten (1840),
                        t.&#xA0;II, p.&#xA0;256-280, a défendu contre les critiques de Ritter
                        l’authenticité de ce chapitre.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XXI.</head>
                    <p>Emphatiques.] Nous adoptons la correction de Vahlen, bien que μεγαλεῖον n’ait
                        nulle part le sens qu’il lui attribue ici. Ce sens pourrait d’ailleurs être
                        tiré de la leçon des mss., μεγαλειωτῶν, en supposant un verbe μεγαλειόω,
                        dérivé de μεγαλεῖος comme τελειόω dérive de τελεῐος, et dont μεγαλειωτός
                        serait un adjectif verbal.&#xA0;—&#xA0;L’exemple renferme les noms des trois
                        fleuves, Hermos, Caïcos et Xanthos. Cf. Ad. Regnier, De la formation et de
                        la composition des mots dans la langue grecque (Paris, 1840),
                        §&#xA0;290-295.</p>
                    <p>D’ornement.] On s’étonne de ne rien trouver sur cette figure dans le reste du
                        chapitre. Néanmoins, ϰόσμος, que Ritter suppose être une glose marginale,
                        est assez justifié par deux passages du chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxii</hi>
                        et par deux autres de la Rhétorique, III, 2 et 7.</p>
                    <p>Propre.] Cf. Longin, Du Sublime, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxxiii</hi>, sur la
                            <pb n="120" xml:id="p120"/>ϰυριολογία, et l’opuscule d’Hérodien περὶ Ἀϰυρολογίας
                        publié par Boissonade, Anecdota græca, vol.&#xA0;III, p.&#xA0;262-270.</p>
                    <p><hi rend="i">Sigynon</hi>.] Voy. sur ce mot&#xA0;: Hérodote, V, 9&#xA0;
                        Hésychius, et le Grand Étymologique.</p>
                    <p>La métaphore.] Comparez la Rhétorique, III, 2, 3, 10. On voit que ce mot
                        avait, au temps d’Aristote, un sens plus général que celui que les rhéteurs
                        lui ont donné dans la suite. Cf. Cicéron, De l’Orateur, III, 38.</p>
                    <p>Par proportion.] Voy. la Rhétorique, III, 4 et 11, où se retrouve le même
                        exemple.</p>
                    <p>La coupe de Mars.] Expression qu’on trouvait dans le poëte Timothée. Voyez
                        Athénée, X, p.&#xA0;433 C.</p>
                    <p>Le coucher de la vie.] Expressions semblables dans&#xA0;: Platon, Lois, VI,
                        p.&#xA0;767 C&#xA0; Eschyle, Agamemnon, 1132 (1123)&#xA0; Alexis, cité par
                        Stobée, CXVI, 19.</p>
                    <p>N’a pas d’analogue corrélatif.] Κείμενον. De même, Topiques, VI, 2&#xA0;:
                        ϰείμενα ὀνόματα. Dans ses morales, Aristote remarque souvent que tel ou tel
                        caractère n’est désigné par aucun mot en usage, et qu’il est, par
                        conséquent, ἀνώνυμος.</p>
                    <p>Semant la lumière.] Cf. Lucrèce, II, 211&#xA0;: Sol lumine conserit arva.</p>
                    <p>La coupe sans vin.] Ἀλλ’ ἄοινον, conjecture de Vettori, adoptée par Batteux,
                        par Hermann et Ritter, et par l’éditeur des œuvres d’Aristote dans la
                        bibliothèque Firmin Didot. Bekker a maintenu la leçon des manuscrits, ἀλλ’
                        οἴνου, qu’il est bien difficile de justifier.</p>
                    <p>Le mot forgé.] Sur l’ὀνοματοποιἱα, voy. les Topiques, VI, 2&#xA0; VIII, 2.
                        Aristote a lui-même créé quelques mots, comme les adjectifs ἐϰείνινος
                        (Métaph., VI, 7&#xA0; VII, 7) et φιλοτοιοῦτος (Morale Niccm., 1, 8), et le
                        célèbre substantif ἐντελέχεια.</p>
                    <p>Mots raccourcis.] Voyez Strabon, VIII, p.&#xA0;364, qui donne plusieurs
                        autres exemples de ce genre.</p>
                    <p>Neutres.] Τὰ μεταξύ. Le mot οὐδέτερος, dans ce sens, est d’un usage plus
                        récent. Voy. Denys le Thrace, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xiv</hi>. Protagoras
                        désignait les noms neutres par σϰεύη.</p>
                    <p>Qui finissent par ν, ρ, σ.] Καί Σ manquent dans plusieurs manuscrits. Mais
                        cette addition est nécessaire au sens de la remarque suivante sur ψ et ξ.
                        Les manuscrits et les éditions <pb n="121" xml:id="p121"/>qui omettent ϰαί portent en
                        outre ἐϰ τούτων ou ἐϰ τούτου ἀφώνων, ce qui augmente la difficulté de ce
                        passage. Cf., sur les lettres doubles, le dernier chapitre de la
                        Métaphysique, cité plus haut, p.&#xA0;115.</p>
                    <p>Qui peuvent s’allonger comme <hi rend="i">a</hi>.] Le grec est ici d’une
                        concision difficile à justifier, mais, heureusement, assez facile à
                        comprendre. La phrase complète serait&#xA0;: ϰαὶ ὅσα εἰς τῶν ἐπεϰτεινομένων
                        τι, οἶον εἰς A.</p>
                    <p>Trois en ι.] Athénée, II, p.&#xA0;66 F, en reconnaît un quatrième, ϰῦφι ou
                        ϰοῖφι, mais qu’il déclare être d’origine étrangère, comme πέπερι et ϰόμμι.
                        Σίνηлι ou Σίναлι est dans le même cas.</p>
                    <p>Cinq en υ.] Ajouter σίναπυ, variante de σίναπι, blâmée par les puristes de
                        l’antiquité (Athénée, IX, p.&#xA0;366 D). Νάлυ (non νᾶπυ) est l’accentuation
                        prescrite par Arcadius, p.&#xA0;118, 25.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XXII.</head>
                    <p>D’être claire.] Même précepte dans la Rhétorique, III, 2. Cf. la Rhétorique à
                        Alexandre, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxv</hi>&#xA0; Aristide, Rhétorique I,
                        10, t.&#xA0;IX, p.&#xA0;393, des Rhéteurs grecs de Walz.</p>
                    <p>Cléophon.] Déjà cité plus haut, chap.&#xA0;<hi rend="sc">ii</hi>.</p>
                    <p>Sthénélus.] Mauvais poëte tragique qui était joué dans le Gérytadès
                        d’Aristophane. Voy. le scholiaste sur les Guêpes, au v.&#xA0;1312&#xA0;
                        Athénée, IX, p.&#xA0;367 B&#xA0; X, p.&#xA0;428 A.</p>
                    <p>De termes étrangers.] Voyez Quintilien, VIII, 3, §&#xA0;59.</p>
                    <p>Une énigme.] Longin, dans les Fragments de sa Rhétorique, §&#xA0;2, fait la
                        même remarque, en s’appuyant de l’autorité d’Aristote. Avait-il en vue ce
                        passage de la Poétique, ou bien la Rhétorique, III, 2&#xA0;? (cf.&#xA0;II,
                        21). Voyez ma note sur le passage cité de Longin.</p>
                    <p>Par la composition des mots.] Ὀνομάτων σύνθεσις a-t-il ici le même sens que
                        dans le traité de Denys d’Halicarnasse Ὀνομάτων συνθέσεως, ou celui de <hi
                            rend="i">formation des mots composes&#xA0;?</hi> Ce second sens est plus
                        probable, parce qu’il ressemble moins que l’autre à une naïveté&#xA0; mais
                        alors Aristote ne <pb n="122" xml:id="p122"/>s’accorde pas avec d’autres auteurs anciens,
                        qui reconnaissent que le <hi rend="i">griphe</hi>, espèce d’énigme, peut
                        consister en un seul mot composé. Voy. Athénée, X, p.&#xA0;448, et comparez
                        Démétrius, Sur le Style, §&#xA0;<hi rend="sc">xcii</hi>.</p>
                    <p>J’ai vu, etc.] Exemple rappelé dans la Rhétorique, III, 2, et cité avec un
                        vers de plus dans Athénée, X, p.&#xA0;452 C. Comparez Celse, De Medicina,
                        II, 11.</p>
                    <p>Le barbarisme.] Voy. les opuscules περὶ Σχημάτων publiés par Valckenaër à la
                        suite de son édition des Synonymes grecs d’Ammonius, p.&#xA0;184-204&#xA0;
                        les deux petits traités sur le Barbarisme et le Solécisme, publiés par
                        Boissonade, Anecdota græca, vol.&#xA0;III, p.&#xA0;229-240&#xA0; et les
                        Anecdota de Bekker, p.&#xA0;1270.</p>
                    <p>Comme un mélange.] Κɛϰρᾶσθαɩ. Cf. Denys d’Halic, Sur Démosthène,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">iii</hi>&#xA0;: Κέϰραταɩ γὰρ ɛὖ πως (ἡ λέξɩς)
                        ϰαὶ αὐτò τò χρήσɩμον ɛἰληφɛν ἑϰατέρας δυνάμɛως.&#xA0;—&#xA0;Des manuscrits
                        portent ϰɛϰρίσθαɩ. Le choix ne peut être douteux entre ces deux variantes.
                        Toutefois, il ne faut pas confondre le style que caractérise ici Aristote
                        avec ce que les rhéteurs ont appelé plus tard ϰɛϰραμένη διάλɛϰτο, qui n’est
                        autre que le <hi rend="i">genre tempéré</hi>. Voy. Denys d’Halic., livre
                        cité, et Jugement sur les philosophes&#xA0;: Οὐδὲ παραλɛίπουσι τὴν
                        σαφὴνɛɩαν, ἀλλὰ ϰɛϰραμένῃ τῇ δɩαλέϰτῳ χρώμɛνοɩ.</p>
                    <p>Les ornements.] Voyez plus haut, p.&#xA0;115 et comparez Quintilien, VIII, 3,
                        §&#xA0;61.</p>
                    <p>Euclide l’ancien.] C’est peut-être le célèbre Euclide, chef de l’École de
                        Mégare, qui paraît avoir eu peu de goût pour la poésie, et dont Diogène
                        Laërce (II, 109) atteste les dissentiments avec Aristote. Cependant
                        ἰαμϐυποιήσας, pour ϰωμωδήσας, indiquerait plutôt un poëte comique qu’un
                        philosophe. En effet, un Euclide, poëte comique, paraît être cité deux fois
                        dans Pollux. Voyez Meineke, Hist. crit., p.&#xA0;269.</p>
                    <p>Quand j’ai vu, etc.] Je suis une conjecture de Duntzer, note 175 de sa
                        Défense de la Poétique. Le même savant (note 176) propose de lire au vers
                        suivant&#xA0;: ϰεράμενος, en faisant la première syllabe longue&#xA0; en
                        faisant de ἐλλέϐορον quatre longues, on aura ainsi un mauvais hexamètre,
                        plein des ὲϰτάσεις dont se moquait Euclide. Sur les licences <pb n="123" xml:id="p123"/>analogues dans la versification française, voyez le traité de M. L.
                        Quicherat, livre I, chap.&#xA0;<hi rend="sc">viii</hi>.</p>
                    <p>Dans un vers.] Sur ce sens général du mot ἔπος, voir le scholiaste de Denys
                        le Thrace, p.&#xA0;751, et le scholiaste d’Aristophane, sur les Fêtes de
                        Cérès, v.&#xA0;412.</p>
                    <p>Eschyle et Euripide.] Dans leurs Philoctète. Voy. Dion Chrysostome, Disc.
                        LII, LIII, sur les trois Philoctète d’Eschyle, de Sophocle,
                        d’Euripide&#xA0; et la dissertation spéciale de Hermann, t.&#xA0;III de ses
                        Opuscules.&#xA0;—&#xA0;Dans le vers d’Eschyle, on ne peut guère hésiter à
                        lire avec Hermann φαγέδαιναν à l’accusatif, au lieu de φαγέδαινα que donnent
                        les manuscrits, cette correction complétant si facilement un vers
                        iambique.</p>
                    <p>Ariphradès.] Personnage inconnu d’ailleurs.</p>
                    <p>Les mots doubles conviennent, etc.] Observations analogues dans la
                        Rhétorique, III, 3. Cf. Problèmes, XIX, 15 et 28, p.&#xA0;66 de cette
                        édition&#xA0; Démétrius, Sur le Style, §&#xA0;<hi rend="sc">xci</hi>&#xA0;
                        Proclus, Chrestomathie (dans Photius, cod.&#xA0;239), chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">xiv</hi>.</p>
                    <p>C’est probablement à ce chapitre <hi rend="sc">xxii</hi><hi rend="sup">e</hi>
                        que le Tasse fait allusion, lorsqu’il dit (Lettres poétiques,
                        15&#xA0;juin&#xA0;1575) qu’Aristote ne mentionne pas plus l’allégorie, dans
                        sa Poétique et dans ses autres ouvrages, que si elle n’avait jamais existé.
                        Ce silence du grand philosophe tourmente fort l’auteur de la Jérusalem
                        délivrée&#xA0; il craint d’y voir une condamnation tacite de ce genre
                        d’ornement poétique. Puis il se console par l’idée que, l’ouvrage d’Aristote
                        étant incomplet, peut-être celui-ci avait parlé ou du moins avait voulu
                        parler ailleurs de l’allégorie. (Cf. la Lettre du 4&#xA0;octobre&#xA0;1575.)
                        Mais l’allégorie, et en général le merveilleux, ne devaient pas, aux yeux
                        d’Aristote, faire partie de l’art&#xA0;: ils formaient le fond même de la
                        mythologie païenne. La foi populaire les fournissait au poëte, qui n’avait
                        ici rien à inventer, mais seulement à choisir.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <pb n="124" xml:id="p124"/>
                    <head>Chapitre XXIII.</head>
                    <p>Un ensemble dramatique.] Comparez, plus haut, le chapitre <hi rend="sc"
                            >viii</hi>, et, pour plus de détails, les auteurs analysés par Goujet,
                        Bibliothèque française, t.&#xA0;III, p.&#xA0;153-180. Les controverses
                        modernes ont entièrement renouvelé ce sujet. Voyez&#xA0;: Villemain,
                        Littérature du moyen âge, <hi rend="sc">xi</hi><hi rend="sup">e</hi> leçon,
                        et Littérature du <hi rend="sc">xviii</hi><hi rend="sup">e</hi> siècle, I<hi
                            rend="sup">re</hi> partie, <hi rend="sc">viii</hi><hi rend="sup">e</hi>
                        leçon&#xA0; Sainte-Beuve, Portraits contemporains et divers,
                        t.&#xA0;III&#xA0;: Homère, Apollonius de Rhodes&#xA0; Fauriel, Histoire de
                        la Poésie provençale (Paris, 1846)&#xA0; etc.</p>
                    <p>Le combat naval de Salamine, etc.] Voy. des exemples analogues de
                        synchronisme dans&#xA0;: Hérodote, VII, 166&#xA0; Plutarque, Questions
                        symposiaques, VIII, 1&#xA0; Diodore, XI, 24, et le fragment 137<hi
                            rend="sup">e</hi> de l’historien Timée.</p>
                    <p>Ramener à une juste mesure, etc.] Après μετριάζοντα on attendait ποιεῖν, ἂτε.
                        Mais telle est la concision habituelle du style d’Aristote qu’il n’est
                        peut-être pas nécessaire de supposer ici une altération du texte par la
                        faute des copistes.</p>
                    <p>Il a employé beaucoup d’épisodes.] Ἐπεισοδίοις ϰέχρηται αὐτῶν πολλοῖς.
                        <quote>«&#xA0;Pronomen αὐτῶν adhuc explicare nemo ita potuit, ut linguæ græcæ
                        legibus satisfaceret. Victorius et Hermannus belli Trojani partes ab Homero
                        omissas designari putant, sed id quo modo fieri possit neuter explicuit.
                        Hermannus auctoris negligentiam agnoscit&#xA0; alii conjecturis sanare
                        locum tentaverunt. Mihi hæc vox plane supervacua casu illata videtur
                        esse&#xA0;: nimirum adversus απολαϐών in margine aliquis posuit αὐτῶν, isque
                        intellexit μερῶν τοῦ πολέμου, ex præcedente ἓν μέρος, ut ne lectorem fugeret
                        quo ἀπολαϐών referendum esset.&#xA0;» (<bibl>Ritter.</bibl>)</quote></p>
                    <p>Le catalogue des vaisseaux, etc.] Voici sur ce sujet une curieuse observation
                        du Tasse, à propos de quelques stances de son quatrième chant, qu’on lui
                        avait reprochées comme suspendant d’une manière désagréable l’action du <pb n="125" xml:id="p125"/>poëme&#xA0; <quote>«&#xA0;Che cinque o sei stanze si spendino fuor
                        dell’ azione principale e senza parlar punto di lei, non veggio come possa
                        parere strano a coloro, i quali mettono la favola dell’ Iliade non nella
                        guerra Trojana, ma nell’ ira d’Achille, e che credono esser vero quello che
                        dice Aristotile, che i due cataloghi, l’un de’ quali segue all’ altro, siano
                        episodi nell’ Iliade&#xA0; ch’episodi essi non sarebbono, se la guerra
                        Trojana fosse la favola, oltre molte altre ragioni, che ciò provano, delle
                        quali ne’ miei Discorsi&#xA0;: perchè se così è, sta talora per molti libri
                        intieri sospesa nell’ Iliade la favola principale.&#xA0;» (<bibl>Lettere poetiche,
                        14&#xA0;mai&#xA0;1575.</bibl>)</quote></p>
                    <p>Les chants Cypriaques, etc.] Voyez sur ces poëmes, qui faisaient partie du
                        Cycle épique, outre les ouvrages déjà cités, celui de Welcker, Der epische
                        Cyclus.</p>
                    <p>Un ou deux sujets de tragédies.] Aristote veut dire que chacun de ces deux
                        poëmes pourrait être resserré en une tragédie ou tout au plus divisé de
                        manière à former deux tragédies (ce que Dacier montre bien dans ses
                        Remarques)&#xA0; autrement il serait contredit par l’histoire même du
                        théâtre grec, où l’on peut signaler encore aujourd’hui, après tant de
                        pertes, plusieurs tragédies tirées de l’Iliade, plusieurs tirées de
                        l’Odyssée. De l’Iliade&#xA0;: Les Myrmidons, les Néréides, les Phrygiens ou
                        la Rançon d’Hector, la Psychostasie, d’Eschyle&#xA0; les Phrygiens et le
                        Chrysès, de Sophocle&#xA0; le Rhésus d’Euripide&#xA0; peut-être aussi le
                        Bellérophon du même poëte, puisque cette histoire se trouve racontée dans
                        l’Iliade. De l’Odyssée&#xA0;: les Convives, la Pénélope, la Circé,
                        d’Eschyle&#xA0; la Nausicaa et les Phéaciens, drames satyriques de
                        Sophocle, lequel, même, selon la remarque de son biographe anonyme,
                        <quote>«&#xA0;transcrit l’Odyssée dans beaucoup de ses drames&#xA0;&#xA0;»</quote>; enfin
                        le Cyclope d’Euripide, drame satyrique. Tout cela sans parler des tragiques
                        du second ordre. Mais la différence, qu’il y avait à cet égard entre les
                        deux poëmes d’Homère et les autres poëmes du Cycle épique, c’est que les
                        deux premiers ne fournissaient que d’une façon très-sommaire les sujets de
                        tragédie développés par Eschyle, Sophocle et Euripide&#xA0; tandis que les
                        autres épopées, ayant moins d’unité, se décomposaient naturellement et sans
                        peine en <pb n="126" xml:id="p126"/>plusieurs tragédies. Cela ressort très-bien de
                        l’exemple donné plus bas par Aristote&#xA0;: les sujets traités dans les
                        huit ou dix tragédies qu’il cite, se succédaient, sans se tenir par le lien
                        d’une véritable action dramatique, et avec des développements à peu près
                        égaux, dans les poëmes où les auteurs tragiques les avaient pris pour les
                        mettre sur la scène. Ces réflexions montrent, je pense, comment la fin de ce
                        chapitre se rattache au commencement. Ritter essaye vainement de mettre en
                        doute l’authenticité des dernières lignes depuis Τοιγαροῦν jusqu’à
                        Τρῳάδες.</p>
                    <p>Plus de huit.] Il ne faut donc pas s’étonner, comme fait Ritter, si l’on
                        trouve ci-dessous neuf ou dix titres de tragédies.</p>
                    <p>Le Jugement des armes.] Sujet traité par Eschyle, et d’après lui, en latin,
                        par Accius et par Pacuvius. Voy. Hermann, Opuscules, VII, p.&#xA0;362.</p>
                    <p>Néoptolème.] Sujet traité par Sophocle, sous le titre des Scyriens ou des
                        Scyriennes, et par Nicomaque.</p>
                    <p>Eurypyle.] Eurypyle, fils de Télèphe, allié des Troyens, fut tué par
                        Néoptolème devant Troie (Petite Iliade, livre <hi rend="sc">ii</hi>, selon
                        l’analyse de Proclus). On ignore quel poëte avait tiré de ce sujet la
                        matière d’une tragédie.</p>
                    <p>Le Mendiant.] En grec, la Mendicité. Ulysse s’introduisant dans Troie sous le
                        costume d’un mendiant, reconnu par Hélène, réussissant, par son secours, à
                        s’échapper pour revenir avec Diomède enlever le Palladium&#xA0;: tel est le
                        sujet de cette pièce, dont l’Odyssée (IV, 252-264&#xA0; cf. Euripide,
                        Hécube, v.&#xA0;239) pouvait aussi fournir le plan. On ne sait pas par quel
                        auteur elle avait été traitée, ni même si le mot Πτωχεια en est le titre ou
                        en indique seulement le sujet.</p>
                    <p>Les Lacédémoniennes.] Ce n’était peut-être que la dernière partie de
                        l’épisode précédent, où les servantes de la suite d’Hélène aidaient Ulysse
                        et Diomède dans l’enlèvement du Palladium. Sophocle avait composé sous ce
                        titre une pièce dont il ne reste que trois courts fragments.</p>
                    <p>La prise de Troie et le départ.] Peut-être faut-il voir là deux titres
                        distincts. Sur le premier, voyez plus haut, <pb n="127" xml:id="p127"/>p.&#xA0;112.
                        L’Hécube et les Troyennes d’Euripide peuvent donner une idée du sujet de ces
                        tragédies.</p>
                    <p>Sinon.] Sujet traité par Sophocle. L’Épéus d’Euripide devait offrir à peu
                        près la même fable, Épéus étant l’artiste qui fabriqua le fameux cheval de
                        bois&#xA0; par conséquent cet épisode, comme aussi sans doute celui des
                        Troyennes, qui termine l’énumération d’Aristote, devrait être placé avant la
                        Prise de Troie. Les trois dernières tragédies peuvent d’ailleurs se
                        rapporter aussi bien à l’Ἰλίου πέρσις d’Arctinus, qui faisait également
                        partie du Cycle. Il n’est pas inutile de remarquer que l’auteur n’épuise pas
                        ici l’énumération des pièces qui se rattachaient à la Petite Iliade&#xA0;
                        par exemple, il omet la folie et la mort d’Ajax, dont Sophocle a tiré un de
                        ses chefs-d’œuvre. Voy., pour plus de détails, le livre de Welcker,
                        Tragédies grecques dans leur rapport avec le Cycle épique.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XXIV.</head>
                    <p>Homère…. le premier.] Aristote a restreint lui-même, plus haut,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, ce que cette assertion aurait de trop
                        rigoureux.</p>
                    <p>Les anciens poëtes.] Les poëtes dramatiques apparemment, puisque Aristote ne
                        connaît pas d’épopée antérieure à l’Iliade et à l’Odyssée, et que celles-ci
                        lui paraissent des modèles du genre. A moins toutefois qu’il ne lui vienne
                        ici un scrupule à l’esprit sur l’étendue des deux épopées homériques, qui,
                        en effet, ne pourraient guère être lues d’une seule haleine, quoi qu’en dise
                        le savant Dacier. La mesure qu’il détermine ensuite nous laisse dans le
                        doute à cet égard. Si dans les anciens concours trois concurrents
                        présentaient chacun trois tragédies (sans parler des drames satyriques), le
                        total de ces tragédies devait égaler à peu près l’Iliade en longueur&#xA0;
                        d’un autre côté, en admettant que l’usage des trilogies dramatiques fût
                        aboli au temps d’Aristote, mais qu’il y eût cinq concurrents, cela ferait
                        environ 8000 vers <pb n="128" xml:id="p128"/>pour un seul concours. Encore reste-t-il à
                        savoir si, dans les Dionysiaques, les représentations tragiques n’étaient
                        pas réparties entre plusieurs journées. Aristote parle évidemment pour des
                        gens qui savaient toutes ces choses. Ce n’est peut-être pas sa faute si nous
                        le comprenons si difficilement aujourd’hui. Voyez, sur les questions que
                        soulève ce texte, les auteurs cités plus haut sur le chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">vii</hi>. Dacier et Batteux n’en ont pas vu toute la
                        difficulté. Cf. les Prolégomènes de Wolf sur l’Iliade, p.&#xA0;<hi rend="sc"
                            >cx</hi> - <hi rend="sc">cxii</hi>.</p>
                    <p>De grands effets.] Sur la μεγαλοπρέπεια, voy. Démétrius, Sur le Style,
                            §&#xA0;<hi rend="sc">xxxviii</hi> - <hi rend="sc">xlix</hi>&#xA0;
                        Longin, Du Sublime, <hi rend="sc">viii</hi>, §&#xA0;3&#xA0; et comparez
                        Aristote, Rhétorique, III, 6 et 12.</p>
                    <p>Changer les émotions et varier les épisodes.] Observation semblable dans la
                        Rhétorique, <hi rend="sc">i</hi>, 11.</p>
                    <p>Le vers héroïque.] Voyez la Rhétorique, III, 3 et 8&#xA0; Horace, Art
                        Poétique, v.&#xA0;74 et suiv.</p>
                    <p>Le plus plein.] Ὀγϰωδέοταττον. Voyez Démétrius, Sur le Style, §&#xA0;<hi
                            rend="sc">clxxvii</hi>&#xA0;: Τό ὀγϰηρὀν ἐν τρισίν, πλάτει ,
                        μήϰει,πλάσματι, etc.</p>
                    <p>Celui-ci convient à la danse.] C’est le tétramètre trochaïque. Voyez plus
                        haut, chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, et la Rhétorique, III, 1 et 8&#xA0;:
                        Ἔστι γὰρ τροχβρòς βυθμòς τὰ τετράμεετρα.</p>
                    <p>Après quelques mots d’entrée.] Φροιμιασάμενος pour μιασάμενος (cf.
                        Rhétorique, III, 14), par une contraction et un effet d’aspiration analogue
                        à τερθβύρομαι pour τερατεύομαι, Topiques, VIII, 1.</p>
                    <p>L’incroyable.] Mot à mot&#xA0;: le déraisonnable, τò ᾄλογον, comme plus haut,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xv</hi>. Cf. Rhétorique, III, 17&#xA0;: Εἴ
                        τιψεύδεται έϰτòς τοῦ πράγματος.</p>
                    <p>La poursuite d’Hector.] Un critique ancien, Magaclide, cité par le scholiaste
                        de Venise sur ce passage de l’Iliade, en blâme aussi
                        l’invraisemblance.&#xA0;—&#xA0;Le Tasse relève ici une lacune importante
                        dans les observations d’Aristote, et il essaye de la justifier. Dans ses
                        Discorsi dell’arte poetica, I, p.&#xA0;19, éd.&#xA0;1804, après avoir marqué
                        la différence qui, selon lui, doit exister entre les héros épiques et les
                        héros tragiques&#xA0;: <quote>«&#xA0;Dalle cose dette può esser manifesto, che la
                        differenza ch’è fra la tragedia e l’epopeia non nasce solamente della <pb n="129" xml:id="p129"/>diversità degl’instrumenti e del modo dell’imitare, ma molto
                        più e molto prima della diversità delle cose imitate, la qual differenza è
                        molto più propria, è più intrinseca, e più essenziale dell’altre&#xA0; e se
                        Aristotile non ne fà menzione, è perchè basta a lui in quel luogo di
                        mostrare che la tragedia e l’epopeia siano differenti, e cio abbastanza si
                        mostra per quelle altre due differenze, le quali a prima vista sono assai
                        più note, che questa non è.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Mentir comme il convient.] Aristote donne de même, dans la Rhétorique, <hi
                            rend="sc">i</hi>, 1 et 15, des règles pour soutenir le pour et le contre
                        sur la même thèse&#xA0; ce qui ne l’empêche pas dans la Morale à Nicomaque,
                        IV, 13, de condamner formellement le mensonge. Cf. la Métaphysique, IV,
                        29&#xA0; les Pensées de Platon de V. Le Clerc, p.&#xA0;537, 538&#xA0;
                        Pindare, Néméenne VII, v.&#xA0;22.</p>
                    <p>Par un faux raisonnement.] Παραλογισμόϛ. Rhétorique, II, 22&#xA0;:
                        Παραλογίζεται ὁ ἀϰροατὴς ὄτι ἐποίησεν ἢ οὐϰ ἐποίησεν οϋ δεδειγμένου.
                        Comparez plus haut, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xvi</hi>.</p>
                    <p>Si le premier fait est faux, etc.] Passage très-obscur&#xA0; le texte des
                        mss. est évidemment corrompu aux mots&#xA0;: διò δή, άλλου δέ (on lit aussi
                        ἄλλ̕ οῦδέ et ἄλλλο δέ), ἢ προσθεῑναι. Nous avons adopté les conjectures de
                        Vahlen, qui permettent au moins de voir un sens raisonnable dans la phrase
                        d’Aristote&#xA0; pour la construire grammaticalement, il faudrait, en
                        outre, lire, avec Bonitz, δεῖ, pour δή&#xA0; mais il resterait encore à
                        expliquer προσθεῖναι. Nous n’avons pas tenu compte dans la traduction des
                        trois mots&#xA0;: διὸ δε (ou δή) προσθεῖναι, qui restent obscurs, même dans
                        le texte de Vahlen.&#xA0;—&#xA0;Dacier et Batteux ne s’inquiètent que du
                        raisonnement même d’Aristote, sans songer aux difficultés que présente le
                        texte même. Quant à l’exemple que cite Aristote, Dacier le croit
                        interpolé&#xA0; il l’interprète de travers, après avoir lui-même choisi
                        d’autres exemples dans Homère. Batteux, dans ses Remarques, ne parle pas
                        même de cet exemple, et il en donne un autre, qui est de l’invention
                        d’Heinsius. Ils n’ont pas observé que les Νίπτρα, déjà cités au
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xvi</hi>, ne comprennent pas seulement le court
                        incident du <hi rend="i">bain</hi> d’Ulysse, mais tout ce qui s’y rattache
                        dans le XIX<hi rend="sup">e</hi> chant de l’ <pb n="130" xml:id="p130"/>Odyssée. Or, dans
                        sa première entrevue avec Pénélope, Ulysse, sous le faux nom d’Æthon et sous
                        les habits d’un mendiant, se donne pour un guerrier qui a vu Ulysse à la
                        guerre de Troie, et il décrit l’extérieur de ce héros&#xA0;: là-dessus
                        Pénélope fait le <hi rend="i">faux raisonnement</hi> dont notre philosophe a
                        loué Homère. Hermann explique très-bien cette allusion, et par là même il
                        justifie l’authenticité des mots παράδειγμα, etc., qui manquent dans
                        plusieurs manuscrits. Vettori, qui les connaissait, sans les avoir insérés
                        dans son texte, n’y devinant aucun rapport avec la scène de la
                        reconnaissance d’Ulysse par Euryclée, supposait qu’il pouvait bien être
                        question d’une pièce de Sophocle, intitulée aussi Νίπτρα.&#xA0;—&#xA0;Sur ἐϰ
                        τῶν Νίπτρων, au lieu de ἐν, comparez dans la Rhétorique, II, 23, et III, 16,
                        des locutions analogues.</p>
                    <p>Le muet qui vient de Tégée.] C’est Télèphe lui-même, le principal héros de
                        cette tragédie, qui était parodié, à ce propos sans doute, par Alexis, dans
                        son Parasite. Voyez Athénée, X, p.&#xA0;421 D. Télèphe expiait par un
                        silence volontaire le meurtre de ses deux oncles. Voyez Hygin, Fables 100 et
                        244. Cf. Eschyle, Euménides, v.&#xA0;421 (ou 446).</p>
                    <p>Si la fable a été faite ainsi.] Ἂν δὲ θῆ, expression aristotélique&#xA0;:
                        voyez les Topiques, VIII, 1.</p>
                    <p>Homère adoucit et efface.] Ἀφανίζει ήδύνων. Rhétorique, III, 17&#xA0;:
                        έϰϰρούουσι γὰρ αἱ ϰινήσεις άλλήλας αί ᾰμα ϰαί ή άφανίζουσιν ῆ άφανεῖς
                        ποιοῦσι.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XXV.</head>
                    <p>Voici encore un chapitre évidemment incomplet, et cependant si plein de
                        minutieux détails, qu’il faudrait bien des pages pour le commenter, si je ne
                        me bornais aux explications les plus nécessaires. Quant au caractère général
                        des problèmes qui y sont discutés, voy. l’Essai sur l’Histoire de <pb n="131" xml:id="p131"/>la Critique, p.&#xA0;123, où je crois avoir montré combien de
                        subtilités puériles se mêlaient à l’érudition d’Aristote et à sa
                        philosophie.</p>
                    <p>Les problèmes et les solutions.] Προϐλήματα ou ὰπορίαι, et λύσεις,
                        expressions consacrées dans les écoles grecques depuis Aristote, et qu’on
                        retrouve à chaque page des commentaires Alexandrins extraits par le
                        scholiaste de Venise. Voyez Wolf, Prolegomena, p. <hi rend="sc"
                        >xcv</hi>&#xA0; Lehrs, de Aristarchi studiis Homericis,
                        p.&#xA0;200-229&#xA0; Schœll, Hist. de la Litt. gr., tome IV,
                        p.&#xA0;35&#xA0; Bojesen, Préface de son édition du XIX<hi rend="sup"
                            >e</hi>livre des Problèmes.</p>
                    <p>Cette imitation se fait par l’élocution.] Rhétorique, III, 1&#xA0;: Τὰ γὰρ
                        ὀνόματα μιμήματά ἰστιν, ὑπῆρξε δὲ ϰαὶ ἡ φωνὴ πάντων μιμήτιχώτατον τῶν μορίων
                        ἡμῖν.</p>
                    <p>Si l’intention est bonne.] Μὴ ὀρθῶς, leçon des manuscrits. La correction μὲν
                        suffit pour donner un sens raisonnable. Ἔχει est sous-entendu après
                        ὀρθῶς.</p>
                    <p>Lever les deux pieds droits en même temps.] Προϐεϐληϰότα offre un sens
                        raisonnable&#xA0; mais προϐαίνειν paraît être le mot propre en pareil cas.
                        Aristote, Sur la Marche des Animaux, chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                        >xiv</hi>&#xA0;: προϐεϐτηϰότα (ζῷα) ϰατά διάμετρον ϰαὶ οὐ τοῖς δβξιοίς ή
                        τοις ἀριστεροις ἀμφοτέροις ἄμα.</p>
                    <p>Le but de cet art.] Après avoir cité cette remarquable observation, M. V.
                        Hugo en a judicieusement rapproché (Préface de Cromwell, à la fin) une
                        pensée de Boileau&#xA0;: <quote>«&#xA0;Ils prennent pour galimatias tout ce que la
                        faiblesse de leurs lumières ne leur permet pas de comprendre. Ils traitent
                        surtout de ridicules ces endroits merveilleux où le poëte, afin de mieux
                        entrer dans la raison, sort, s’il faut parler ainsi, de la raison même. Ce
                        précepte effectivement, qui donne pour règle de ne point garder quelquefois
                        de règles, est un mystère de l’art qu’il n’est pas aisé de faire entendre à
                        des hommes sans aucun goût…, et qu’une espèce de bizarrerie d’esprit rend
                        insensibles à ce qui frappe ordinairement les hommes.&#xA0;» (<bibl>Discours sur
                        l’Ode.</bibl>)</quote> Boileau, il est vrai, ne parle pas tout à fait aussi nettement que
                        le laisserait croire cette habile citation.</p>
                    <p><pb n="132" xml:id="p132"/>Une biche n’a point de cornes.] Erreur signalée dans Homère,
                        Iliade, XV, 271&#xA0; Pindare, Olympique, III, 52&#xA0; Callimaque, Hymne
                        à Diane, v.&#xA0;102. Scaliger, Poétique, III, 4, prétend les justifier par
                        l’exemple d’une biche à cornes, récemment observée en France. Comparez
                        Élien, Hist. des Animaux, VII, 39. On trouve une faute analogue dans
                        Aristophane, Nuées, v.&#xA0;150, où le scholiaste la relève. <quote>«&#xA0;On
                        prétend aussi qu’il se trouve des biches qui ont un bois comme le cerf, et
                        cela n’est pas absolument contre toute vraisemblance.&#xA0;» (<bibl>Buffon.</bibl>)</quote></p>
                    <p>De l’avoir mal peinte.] Ἀμιμήτως. Les anciennes éditions portent ϰαϰομιμήτως,
                        qui n’est guère qu’un synonyme. Aristote emploie volontiers ces sortes
                        d’adverbes&#xA0;: ύπερϐεϐ)ημένως, Morale Nicom., III, 13&#xA0;
                        συνεστραμμένως, συμπερασματιϰῶς, ἀντιϰειμένως, Rhét., III, 2&#xA0;
                        πεπλασμένως et πεφυϰότως, Rhét., II, 24&#xA0; ἀφωριομένως, Catégories, ch.
                        x&#xA0; etc.</p>
                    <p>Euripide.] Εὐριπίδην pour Εὐριπίδης, est une conjecture de Heinsius.</p>
                    <p>Comme pensait Xénophane.] Ma traduction suppose une virgule après ἔτυχεν, et
                        dispense de toute conjecture. Ritter lit ὡς παρὰ Ξενοφάνει, quelques
                        manuscrits portant en effet ὥσπερ Ξενοφάνει. On ne sait pas à quelle
                        doctrine de Xénophane il faut rapporter ces allusions. Ce qui est certain,
                        c’est que Xénophane traitait avec mépris les opinions populaires sur la
                        divinité.</p>
                    <p>Leurs lances, etc.] Sur cet exemple et sur les autres exemples tirés
                        d’Homère, les problèmes que soulève Aristote se retrouvent presque tous dans
                        les anciens commentateurs, et particulièrement dans le scholiaste de Venise,
                        qui contient de si nombreux extraits des études d’Aristote sur Homère.</p>
                    <p>—&#xA0;Voy. aussi notre Essai sur l’Histoire de la Critique, p.&#xA0;123 et
                        suiv.</p>
                    <p>Les Illyriens.] M. Albert Dumont, dans son ouvrage sur Le Balkan et
                        l’Adriatique (1873), chap.&#xA0;<hi rend="sc">v</hi>, a fait de nombreux
                        rapprochements entre les mœurs homériques et celles des Illyriens modernes
                        ou Albanais.</p>
                    <p>Les mulets.] Cf. Iliade, X, 84 et le scholiaste.</p>
                    <p>Verse du vin.] Cf. Plutarque, Questions symposiaques, V, 4.</p>
                    <p><pb n="133" xml:id="p133"/><hi rend="i">Tous</hi> est ici par métaphore.] Au vers cité par
                        Aristote, le texte d’Homère qui nous est parvenu porte ἄλλοι, au lieu de
                        πάντες&#xA0; on sait que ce texte est le résultat d’un long travail de
                        récension commencé à Alexandrie, postérieurement à Aristote. Le mot
                        πάντεςavait peut-être été substitué à ἄλλοι par quelques-uns de ces
                        grammairiens qui faisaient métier de procurer à leurs confrères des
                        problèmes à résoudre. Voy. les scholies de Venise sur l’Iliade, XX,
                        269-272&#xA0; XXIV, 418&#xA0; et cf. X, 372.</p>
                    <p>La plus connue des constellations qui ne se couchent jamais.] Une scholie de
                        Venise donne une interprétation plus simple que celle d’Aristote&#xA0;:
                        <quote>«&#xA0;la seule des constellations nommées dans ce passage
                        d’Homère.&#xA0;»</quote></p>
                    <p>Δίδομεν δέ οί.] Même discussion dans les Réfutations sophistiques,
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>.</p>
                    <p>Tὸ μὲν οὐ ϰαταπύθεται ὄμϐρῳ.] Il s’agit, dans le texte de l’Iliade, d’un
                        tronc d’arbre desséché «&#xA0;qui pourrit <hi rend="i">là</hi>&#xA0;», si on
                        lit οὐ, génitif marquant le lieu, ou bien «&#xA0;qui ne pourrit pas&#xA0;»,
                        si on lit οὐ, négation.</p>
                    <p>Empédocle.] Voy. Athénée, <hi rend="sc">x</hi>, p.&#xA0;424 A&#xA0;
                        Plutarque, Questions symposiaques, V, 4&#xA0; Simplicius, sur Aristote, Du
                        Ciel, I, p.&#xA0;507 de l’éd. des Scholies par Brandis.&#xA0;—&#xA0;Aristote
                        a remarqué dans la Rhétorique, III, 5, que les écrits d’Héraclite étaient
                        «&#xA0;difficiles à ponctuer&#xA0;». Il y avait donc une <hi rend="i"
                            >ponctuation</hi> dans les manuscrits dès cette époque, où cependant on
                        n’en voit pas la moindre trace sur les inscriptions&#xA0; et Aristophane de
                        Byzance n’est pas l’<hi rend="i">inventeur</hi> de la ponctuation&#xA0;: il
                        n’a fait qu’en mieux déterminer les signes et les règles.</p>
                    <p>Ouvrier en airain, etc.] Même observation, sans nom d’auteur, dans le
                        scholiaste de l’Iliade, XIX, 283.</p>
                    <p>Le javelot d’airain, etc.] On lit dans le texte d’Homère μείλινον au lieu de
                        χάλϰεον. Au reste, cet hémistiche fait partie de quatre vers (269-272) que
                        le scholiaste signale comme interpolés ὑπό τινος τῶν βουλομένων πρόϐλημα
                        ποιεῖν.</p>
                    <p>Glaucon.] Voyez Aristote, Rhétorique, III, 1, et Platon, Ion,
                        p.&#xA0;530.</p>
                    <p>Icarius.] Strabon, X, p.&#xA0;708, et le scholiaste de l’Odyssée, I, 285,
                        donnent une autre explication de la conduite de <pb n="134" xml:id="p134"/>Télémaque&#xA0;: c’est que Pénélope était en mésintelligence avec son père
                        et sa mère. Cf. Odyssée XIX, 158. Toutes ces excuses sont peu
                        satisfaisantes.</p>
                    <p>Zeuxis.] Sur son procédé d’imitation, voyez le passage classique de Cicéron,
                        De l’Invention, II, 1, commenté par Victorinus, p.&#xA0;119 des scholiastes
                        de Cicéron, éd. Orelli. Cf. O. Müller, Manuel d’Archéologie, § 137.</p>
                    <p>Égée.] Peut-être Aristote désigne-t-il ici le rôle d’Égée dans la Médée
                        d’Euripide, v.&#xA0;663-755, ce qui est l’opinion de Ritter&#xA0; peut-être
                        veut-il parler de la manière dont Médée traitait Égée dans la pièce
                        d’Euripide qui portait ce dernier nom. Voy. Welcker, livre cité,
                        p.&#xA0;729. Le sujet de cette pièce est exposé dans&#xA0;: Apollodore,
                        Bibliothèque, I, 9, 28&#xA0; Pausanias, II, 3, 7&#xA0; le scholiaste de
                        l’Iliade, XI, 741&#xA0; cf. Plutarque, Vie de Thésée, chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">xii</hi>, et les Fragments des Tragiques, p.&#xA0;621-624 de
                        l’éd. Wagner.</p>
                    <p>Douze.] Ce compte est bien difficile à retrouver dans le texte tel qu’il nous
                        est parvenu. Les six premiers <hi rend="i">lieux communs</hi> de solutions
                        se distinguent assez nettement, comme on verra par la traduction française.
                        Quant aux six autres, Ritter les rapporte&#xA0;: 1° aux mots étrangers, 2° à
                        la métaphore, 3° à l’accent, 4° à la ponctuation, 5° à l’ambiguïté des
                        termes, 6° à l’usage, et il compare fort à propos cette fin du chapitre <hi
                            rend="sc">xxv</hi> avec le chapitre <hi rend="sc">iv</hi> des
                        Réfutations sophistiques&#xA0; ce qui ne l’empêche pas de regarder tout ce
                        chapitre <hi rend="sc">xxv</hi> comme une interpolation.</p>
                </div2>
                <div2 type="chapter">
                    <head>Chapitre XXVI.</head>
                    <p>La moins chargée.] Ἠττον φορτιϰή. <quote>«&#xA0;Celle qui se fait avec le moins
                        d’embarras.&#xA0;» (<bibl>Racine.</bibl>)</quote>&#xA0;—&#xA0;Cf. Politique, VIII, 5&#xA0;: Ol
                        μὲν φορτιϰωτέρας ἔχουσι τάς ϰινήσεις, οἱ δὲ ἐλευθεριωτέρας&#xA0; ibid., 6,
                        fin&#xA0;: ἀρετή est opposé à φορτιϰὴ ἡδονἠ&#xA0; ibid., 7&#xA0;: Θεατὴς
                        διττός• ὁ μὲν ἐλεύθεοος ϰαὶ πεπαιδευμένος,... ὁ δὲ φορτιϰὸς ἐϰ βαναύσων ϰαὶ
                        θητῶν ϰαὶ ἄλλων τοιούτων συγϰείμενος. Ce sens du mot φορτιϰός se trouve déjà
                        dans Platon.</p>
                    <p>Des gens meilleurs.] La déclamation et l’action théâtrale <pb n="135" xml:id="p135"/>semblent donc à Aristote des moyens grossiers de produire l’intérêt. Voyez
                        plus haut la fin du chap.&#xA0;<hi rend="sc">vi</hi> et le commencement du
                            chap.&#xA0;<hi rend="sc">xiv</hi>. Il se plaint ailleurs (chap.&#xA0;<hi
                            rend="sc">xiii</hi> du mauvais goût des auditeurs. Cette plainte a été
                        souvent renouvelée depuis. <quote>«&#xA0;J’avouerai, dit Lopez de Véga, que j’ai
                        travaillé quelquefois (<hi rend="i">cinq ou six fois</hi>, dit-il plus bas,
                        sur 483 comédies) selon les règles de l’art. Mais quand j’ai vu des monstres
                        spécieux triompher sur notre théâtre, et que ce triste travail remportait
                        les applaudissements des dames et du vulgaire, je me suis remis à cette
                        manière barbare de composer, renfermant les préceptes sous clef toutes les
                        fois que j’ai entrepris d’écrire, et bannissant de mon cabinet Térence et
                        Plaute, pour n’être pas importuné de leurs raisons.&#xA0;» (<bibl>Livre cité,
                        p.&#xA0;249.</bibl>)</quote> On peut voir dans la Poétique de La Mesnardière (préface) avec
                        quel mépris un pédant du <hi rend="sc">xvii</hi><hi rend="sup">e</hi> siècle
                        traitait le public des théâtres. D’Aubignac, plus poli que La Mesnardière,
                        avoue qu’il écrit <quote>«&#xA0;pour faire connaître au peuple l’excellence de
                        l’art des poëtes et pour lui donner sujet de les admirer, en lui montrant
                        combien il faut d’adresse, de suffisance et de précautions pour achever des
                        ouvrages qui ne donnent à nos comédiens que la peine de les réciter et qui
                        ravissent de joie ceux qui les écoutent.&#xA0;» (<bibl>Pratique du théâtre, I, 2.</bibl>)</quote>
                        On peut comparer encore Gravina, Della Ragione poetica, I, 14&#xA0;: del
                        Giudizio popolari.</p>
                    <p>Pirouettent.] Κυλίεσθαι pour ϰυλίνδεσθαι. Voyez d’autres exemples&#xA0;:
                        Politique VI, 4&#xA0; Histoire des Animaux, V, 19&#xA0; Questions de
                        mécanique, chap.&#xA0;<hi rend="sc">viii</hi>.</p>
                    <p>La Scylla.] Voyez plus haut, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xv</hi>.</p>
                    <p>Myniscus.] Ou Mynniscus, de Chalcis, acteur célèbre, sur lequel on trouve un
                        témoignage de Platon le comique dans Athénée, VIII, p.&#xA0;344 E. L’auteur
                        anonyme de la Vie d’Eschyle, le cite, en altérant son nom, comme un des
                        acteurs employés par ce poëte.</p>
                    <p>Callippide.] Voyez Xénophon, Banquet, III, 11&#xA0; Athénée, XII,
                        p.&#xA0;531 D&#xA0; etc.</p>
                    <p>Pindarus.] Acteur sur lequel il n’existe aucun autre témoignage. Harles,
                        d’après Sylburg et Batteux, propose de lire Τινδάρου. Ritter&#xA0;:
                        Θεοδώρου, nom d’un acteur cité par <pb n="136" xml:id="p136"/>Aristote (Rhét., <hi
                            rend="sc">iii</hi>, 2), et par Plutarque (Si un vieillard doit s’occuper
                        du gouvernement de l’État).</p>
                    <p>En récitant des chants épiques.] Ῥαψωδοῦντα. Comparez la Rhétorique, III, 1.
                        Aristote ne semble pas ici bien d’accord avec lui-même&#xA0; car, plus bas,
                        il distingue l’épopée de la tragédie, en ce que la première n’a point de
                        mise en scène ni de musique. Cf. plus haut, p.&#xA0;70. Sur la rhapsodie,
                        voyez Denys le Thrace, chap.&#xA0;<hi rend="sc">vi</hi>, et ses
                        commentateurs.</p>
                    <p>Sosistrate et Mnasithée.] Personnages inconnus d’ailleurs.</p>
                    <p>En chantant.] Διᾴδοντα désigne plus spécialement un dialogue chanté, ou une
                        lutte entre deux chanteurs. Voyez Théocrite, V, 22&#xA0; et cf., dans un
                        Lexique publié dans les Anecdota de Bekker, tome I, p.&#xA0;37&#xA0;:
                        διᾴσασθαι, τὸ διαμιλλήσασθα ἐν ᾠδῆ τινι.</p>
                    <p>Du mètre épique.] Exemple dans Euripide, Troyennes, v.&#xA0;590-595.</p>
                    <p>L’étendue de son imitation est plus restreinte.] Comparez le mot malicieux de
                        Xanthias dans les Grenouilles d’Aristophane, v.&#xA0;798&#xA0;: Τί δέ;
                        μειαγωγήσουσι τὴν τραγφδίαν&#xA0;</p>
                    <p>La leçon ἀναγνώυσει pour ἀναγνωρίσει est fort séduisante. On traduirait
                        alors&#xA0;: <quote>«&#xA0;à la lecture comme à la représentation&#xA0;&#xA0;»</quote>;
                        mais l’idée de <hi rend="i">lecture</hi> est déjà exprimée, six lignes plus
                        haut, par les mots διὰ τοῦ ἀναγιγνώσϰειν, en opposition avec la
                        représentation sur un théâtre. Il est donc prudent de ne rien changer.</p>
                    <p>Nous n’en dirons pas davantage, etc.] Cette conclusion justifie assez bien
                        l’opinion des éditeurs qui, comme Vettori, ont cru que nous avions là le <hi
                            rend="i">premier</hi> livre d’un grand ouvrage d’Aristote sur la
                        Poétique. Voyez l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p.&#xA0;137 et
                        suiv.</p>
                </div2>
            </div1>
            <div1>
                <p><pb n="n.p."/>NOTE SUR L’EXTRAIT DE LA POLITIQUE.</p>
                <p>De chants qui jettent l’âme dans un religieux délire.] Les lexiques ne citent pas
                    un second exemple de ce verbe ἐξοργιάζω, et beaucoup d’interprètes l’entendent
                    dans le sens de <hi rend="i">calmer le délire</hi>. Mais le verbe ἐξοργίζω,
                    qu’on trouve plus souvent, et, entre autres auteurs, dans Xénophon, a toujours
                    le sens d’<hi rend="i">exciter, jeter dans le délire</hi>. G. Budé, qu’a suivi
                    H. Estienne, avait donc tort de traduire ἐξοργιάζω par&#xA0;: <quote>«&#xA0;Ad sacra
                    suscipienda præparo, ad sacrorum cultum <hi rend="i">expio</hi>, et idoneum
                    reddo.&#xA0;»</quote> Le sens que j’adopte et que M. Weil a fort bien défendu, dans son
                    mémoire Sur l’effet de la Tragédie selon Aristote (Bâle, 1848), s’accorde
                    d’ailleurs et avec l’analogie grammaticale dans les verbes tels que ἐξαλλάττω,
                    ἐξαϰολουθέω, ἐϰπίνω, έϰπίμπλημι, etc., et avec l’ensemble de la théorie
                    aristotélique, telle que nous l’avons exposée dans notre Essai sur l’Histoire de
                    la Critique, p.&#xA0;180 et suiv. Batteux, qui a traduit deux fois ce passage
                    d’Aristote, s’est d’abord conformé pour le mot en question au latin de Budé (Les
                    quatre Poétiques, t.&#xA0;I, p.&#xA0;234)&#xA0; la seconde fois (De la Poésie
                    dramatique, II, 4, t.&#xA0;III des Principes de la Littérature), il s’est
                    dispensé de le traduire.</p>
            </div1>
            <div1>
                <pb n="n.p."/>
                <head>Commentaire sur les extraits des problèmes</head>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">i</hi>.&#xA0;—&#xA0;Se font-ils jouer&#xA0;?] Αὐλοῦνται.
                    Je n’ai pas encore trouvé un second exemple de ce verbe ainsi employé à la voix
                    moyenne.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xliii</hi>.&#xA0;—&#xA0;De deux éléments agréables.]
                    Nous lisons avec M. Bojesen, qui a publié une édition spéciale de ce XIX<hi
                        rend="sup">e</hi> livre des Problèmes (Copenhague, 1836)&#xA0;: ἡδίονι
                    ἣδιον, au lieu de ἣδιον ἡδίονι.</p>
                <p>A celui de la lyre.] Λύρᾳ, pour λύρα, correction de M. Bojesen.</p>
                <p>De plus.] J’adopte la conjecture très-vraisemblable de M. Bojesen, ἕτι pour
                    ἐπεί.</p>
                <p>Les grenades dites <hi rend="i">vineuses</hi>.] Αἱ οἰνώδεις ῥοαί. L’explication
                    de ce passage se trouve dans Théophraste, περὶ φυτῶν ἱστορίας, II, 2, et περὶ
                    φυτιϰῶν αἰτιῶν, I, 9&#xA0;: il affirme que la grenade acide, semée ou plantée en
                    Égypte, prend une saveur douce et οἰνώδη.</p>
                <p>Est moins sensible.] ᾜ pour ἢ m’a paru nécessaire pour donner un sens à ce
                    passage.</p>
                <p>Produisent une impression distincte.] Θεωρεῖν et le substantif correspondant
                    θεωρός s’appliquent très-bien à toutes les sensations que peut donner le
                    spectacle, aux ἀϰροάσεις comme aux θεάματα Θεωρός, dans la Rhétorique (I, 2),
                    désigne l’auditeur oisif, l’<hi rend="i">amateur</hi>, par opposition à ϰριτής
                    et à ἐϰϰλησιαστής. Dans la Politique, VII, 17, on lit&#xA0;: Еὔλογον οὖν
                    ἀπελαύνειν ἀπὸ τῶν ἀϰουομάτων ϰαὶ τῶν δραμάτων ἀνε-λευθερίας ϰαὶ τηλιϰούτους
                    ὄντας, et plus bas&#xA0;: ἐπεὶ δὲ τὸ λέγειν τι τῶν τοιούτων ἐξορίζομεν, φανερὸν
                    ὅτι ϰαὶ τὸ θεωρεῖν γρα-<pb n="139" xml:id="p139"/>φὰς ἢ λόγους ἀσχήμονας. Dans ce passage, le
                    mot λϐγους a paru suspect à Schneider, à Coray, et, après eux, à Letronne
                    (Appendice des Lettres d’un Antiquaire à un Artiste, p.&#xA0;28, note), qui
                    demande si <quote>«&#xA0;on a jamais dit dans aucune langue&#xA0;: <hi rend="i">voir
                        des discours&#xA0;?</hi>&#xA0;»</quote> C’est pourtant là un idiotisme bien
                    constaté, sinon de la langue grecque, au moins du style d’Aristote&#xA0; voy.
                    encore la Politique, VIII, 6, § 5, et plus bas, chap.&#xA0;<hi rend="sc">v</hi>.
                    Ce sens du mot θεωρεῖν paraît avoir échappé aux derniers éditeurs du Thesaurus
                    d’H. Estienne.</p>
                <p>Rendent plus sensibles.] Αὐτοῖς&#xA0;: apparemment, τοῖς ἀϰού-ουσι ou θεωροῦσι,
                    construction πρὸς τὸ σημαινόμενον. Plus bas, αὐτῶν est probablement une syllepse
                    analogue, le singulier τὴν ἁμαρτίαν équivalant à τὰς ἁμαρτίας, ou, si l’on veut,
                    τῇ ᾠδῇ équivalant à τοὺς φθόγγους. Il est donc inutile de lire αὐτῆς avec M.
                    Bojesen.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">ix</hi>.&#xA0;—&#xA0;Une flûte.] Peut-être lisait-on
                    primitivement dans le texte αὐλὸν ἕνα, et la finale ον, à cause de sa
                    ressemblance avec εν, aura fait disparaître cette syllabe. Mais il faut être
                    sobre de conjectures sur de pareils textes, où les variantes des manuscrits
                    offrent si peu de secours à la critique.</p>
                <p>Les mêmes notes, etc.] Cf. Platon, Lois, VII, p.812, D.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">x</hi>.&#xA0;—&#xA0;Lorsque l’on fredonne.] Pollux (IV,
                    10), Suidas et Hésychius semblent attribuer au τερέτισμα une valeur toute
                    technique, qui ne convient pas à ce texte d’Aristote.&#xA0;—&#xA0;Cf. Platon,
                    Lois, II, p.&#xA0;669.</p>
                <p>Un son plus fort.] Κρουστιϰά. Ce mot ne devrait s’appliquer qu’aux instruments à
                    cordes&#xA0; mais Plutarque atteste qu’on appliquait aussi le nom de ϰρούματα
                    aux αὐλήματα. (Questions symposiaques, II, 4&#xA0; cf. Pollux, IV, 84.)</p>
                <p>Voilà pourquoi, etc.] Le texte est d’une concision difficile à justifier. La
                    traduction de Gaza&#xA0;: <quote>«&#xA0;suavius cantatur quam teretatur&#xA0;»</quote>, suppose
                    ᾅδειν au lieu d’ἀϰούειν. Je proposerais plus volontiers ϰρούειν qui se rapproche
                    davantage de la leçon des manuscrits et qui s’accorde mieux avec le sens général
                    de la remarque d’Aristote. La simple addition de τό avant τερετίζειν suffit
                    d’ailleurs à justifier notre traduction.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxix</hi>.&#xA0;—&#xA0;C’est la même observation qui est
                    développée dans le chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxvii</hi>. Il y a dans les
                    Problèmes beaucoup <pb n="140" xml:id="p140"/>d’exemples de ces répétitions&#xA0; on en
                    trouvera plus bas deux autres, chap.&#xA0;<hi rend="sc">v</hi> et <hi rend="sc"
                        >xl</hi>, <hi rend="sc">xxviii</hi> et <hi rend="sc">xv</hi>. Quant à la
                    comparaison même que fait ici Aristote entre les plaisirs de l’oreille et ceux
                    des autres sens, on la retrouve dans la Politique, VII, 5.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxvii</hi>.&#xA0;—&#xA0;J’ai placé ce problème après le
                    précédent, parce qu’il m’a semblé que la rédaction en devait être
                    postérieure&#xA0; une première note, jetée d’abord sur des tablettes, est ici
                    développée avec plus de soin. Pourtant, il y a encore dans ce développement bien
                    des traits obscurs qui ne paraissent pas tenir à la corruption du texte, mais à
                    la négligence de la rédaction d’Aristote.</p>
                <p>Le bruit seul opère, etc.] Ἔχει μόνον οὐχί, ἥν, etc. M. Bojesen lit οὐχὶ ἥν, sans
                    virgule. Mais cette leçon n’est pas beaucoup plus claire. Peut-être οὐχί fait-il
                    double emploi avec ἔχει, par l’erreur d’un copiste&#xA0; la phrase corrigée et
                    complétée serait&#xA0;: Ἤ ὅτι τὸ ἀϰουστὸν ϰίνησιν ἔχει μόνον, ἣν ὁ ψόφος ἡμᾶς
                    ϰινεῖ&#xA0;</p>
                <p>Les couleurs ébranlent l’organe de la vue.] Voyez le traité De l’Ame, II, 7 et
                    8.</p>
                <p>Sont comme des actes.] Aristide Quintilien, II, p.&#xA0;64&#xA0;: Ἡ μουσιϰὴ
                    πρᾶξιν ῥυθμοῖς ϰαὶ ϰιγήσεσι μιμεῖται.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxxviii</hi>.&#xA0;—&#xA0;La nature elle-même, etc.]
                    Même observation dans la Poétique, chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi>, et dans la
                    Politique, VIII, 5.</p>
                <p>La variété du chant.] Sur le sens technique de ce mot, voyez Vincent, Notice déjà
                    citée, p.&#xA0;73 et suiv.</p>
                <p>Le rhythme nous plaît, etc.] Rhétorique, III, 8&#xA0;: Ἀηδὲς ϰαὶ ἄγνωστσν τὸ
                    ἄπειρον περαίνεται δὲ πάντα ἀριθμῷ ὁ δὲ τοῦ σχήματος τῆς λέξεως ἀριθμὸς ῥυθμός
                    ἐστιν. Comparez Longin, Fragments <hi rend="sc">ii</hi> et <hi rend="sc"
                        >iii</hi> de notre édition.</p>
                <p>Le tempérament.] Τὴν φύσιν ϰαὶ τὴν δύναμιν, pour Τὴν φυσιϰὴν δύναμιν. Cf.
                    <quote><bibl>Cicéron, De l’Orateur, I, 44</bibl>&#xA0;: «&#xA0;Patria, cujus tanta est et tanta
                    natura,&#xA0;»</quote> etc.</p>
                <p>Contraires à l’ordre naturel.] La négation οὐ embarrasse ici&#xA0; mais on peut
                    traduire comme s’il y avait οὐ ϰατὰ φύσιν ϰινήσεις.</p>
                <p>La musique.] Συμφωνία a quelquefois ce sens général&#xA0; voyez les Topiques,
                    VI, 2.</p>
                <p>L’ordre nous est naturellement agréable.] Ἤν pour ἐστί <pb n="141" xml:id="p141"/>Voyez
                    Stallbaum, note sur le Criton de Platon, p.&#xA0;120 (Bojesen).</p>
                <p>Dans leurs rapports.] Sur le sens que nous donnons au mot λόγος, voy. le traité
                    de Pachymère dans la Notice de Vincent, p.&#xA0;401 et suiv. Au reste le sens de
                    tout ce passage est fort incertain.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xx</hi>.&#xA0;—&#xA0;Si l’on change.] Κινήση. Aristide
                    Quintilien, I, p.&#xA0;8&#xA0;: Κίνησις.... μεταϐολὴ τῶν ποιοτήτων εἰς τὰ
                    ὁμογενῆ.</p>
                <p>L’indicatrice.] Voyez Vincent, Notice, p.&#xA0;119.</p>
                <p>L’expression n’est plus grecque.] Οὐϰ ἔστιν ὁ λόγος ἑλλη-νιϰός. Rhétorique, III,
                    5&#xA0;: Ἔστι δ’ ἀρχὴ τῆς λέξεως τὸ ἐλληνί-ζειν&#xA0; et Zénon, dans Diogène
                    Laërce, VII, 59&#xA0;: Ἑλληνισμὸς μὲν οὖν ἐστὶ φράσις ἀδιάπτωτος ἐν τῇ τεχνιϰῇ
                    ϰαὶ μὴ εἰϰαίᾳ συνηθείᾳ. Ce n’est que chez les grammairiens de la décadence que
                    les mots ἑλληνιϰός, ἑλληνίζειν, ἑλληνισμός s’appliquent aux mots et aux
                    tournures de la <hi rend="i">langue commune</hi>, par opposition au pur
                    atticisme.</p>
                <p>Et comme une conjonction importante.] Καὶ μάλιστα τῶν ϰαλῶν. Tournure analogue
                    dans la Rhétorique, I, 1.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">v</hi>.&#xA0;—&#xA0;C’est un plaisir pour l’auditeur.]
                    Voy. sur θεωρεῖν la note ci-dessus, p.&#xA0;135. M. Bojesen entend ici ce mot
                    dans le sens de <hi rend="i">contemplation philosophique</hi>, qu’il a
                    quelquefois chez Aristote. Voyez De l’Ame, II, 1&#xA0; Physique, VIII, 3.</p>
                <p>De comprendre.] Μανθάνειν, plaisir souvent analysé par Aristote&#xA0;: Problèmes,
                    XIV, 3&#xA0; Poétique, chap.&#xA0;<hi rend="sc">iv</hi> (voyez plus haut,
                    p.&#xA0;74)&#xA0; etc. En traduisant μανθάνειν par <hi rend="i">discere</hi>,
                    M. Bojesen se voit forcé de corriger ainsi le texte&#xA0;: ἤ ὅτι ἡδὺ [μᾶλλον] τὸ
                    θεωρεῖν ἤ τὸ μανθάνειν], et il renvoie au traité De la Sensation, chap.&#xA0;<hi
                        rend="sc">iv</hi>&#xA0;: Οὐ γὰρ ϰατὰ τὸ μανθάνειν, ἀλλὰ ϰατὰ τὸ θεωρεῖν ἐστι
                    τὸ αἰσθάνεσθαι.</p>
                <p>Par l’habitude.] Même observation dans la Rhétorique, I, 11.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xl</hi>.&#xA0;—&#xA0;Il accompagne.] Συνᾴδει est
                    ordinairement employé au sens figuré dans Aristote par opposition à διαφωνεῖν.
                    Voyez la Morale Nicom., I, 8.</p>
                <p>Quand on n’est pas forcé de chanter.] C’est ainsi que, dans les idées des
                    anciens, et particulièrement d’Aristote, toute obligation et toute rétribution
                    attachée à la pratique <pb n="142" xml:id="p142"/>d’un art le rend par cela même βάναυσον,
                    c’est-à-dire indigne d’un homme libre. Voy., en ce qui concerne la musique,
                    Aristote, Politique, VIII, 5.</p>
                <p>Chap&#xA0;<hi rend="sc">vi</hi>.&#xA0;—&#xA0;La paracataloge.] Comparez, pour
                    plus de détails, Plutarque, De la Musique, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxviii</hi>,
                    et Athénée, XIV, p.&#xA0;635-636.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxviii</hi>.&#xA0;—&#xA0;Plutarque explique le sens de
                    νόμος par la sévérité même des lois qui présidaient à ce genre de composition
                    (De la Musique, chap&#xA0;<hi rend="sc">vii</hi>). Suidas avait-il sous les yeux
                    quelque autre témoignage d’Aristote sur le même sujet, quand il écrivait la
                    notice suivante&#xA0;? Νόμοι ϰιθαρῳδιϰοί. Ἀπόλλων, φασί, μετὰ λύρας ϰατέδειξε
                    τοῖς ἀνθρώποις νόμους, ϰαθʼ οὔς ζήσονται, πραὔνων τε ἅμα τῷ μέλει τὸ ϰατʼ ἀρχάς
                    ἐν αὐτοῖς θηριῶδες ϰαὶ εὐπρόσιτον τῇ τοῦ ῥυθμοῦ ἡδύτητι ποιῶν τὸ
                    παραγγελλόμενον. Καὶ ἐϰλήθησαν νόμοι ϰιθαρῳδιϰοί. Ἐϰεῖθεν δὲ αεμνολογιϰῶς, ὡς
                    ϰαὶ Ἀριστοτέλει δοϰεῖ, νόμο, ϰαλοῦνται οἱ μουσιϰοὶ τρόποι ϰαθʼ οὕς τινας ᾄδομεν.
                    Voyez encore, dans Photius, les extraits de la Chrestomathie de Proclus.</p>
                <p>Chez les Agathyrses.] Même usage chez les Crétois, selon Élien, Histoires
                    diverses, II, 39, et Strabon, livre X, p.&#xA0;482&#xA0; à Mazaca, ville de
                    Cappadoce, selon Strabon, liv.&#xA0;XII, p.&#xA0;559. Cicéron, dans son enfance,
                    apprenait aussi par cœur les lois des <hi rend="sc">xii</hi> Tables, <hi
                        rend="i">ut necessarium carmen</hi>, ce qui ne veut pas dire qu’elles
                    étaient en vers (Des Lois, II, 23).</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xv</hi>.&#xA0;—&#xA0;Des acteurs, etc.] On sait que les
                    chanteurs dans les fêtes de Bacchus, les tragédiens et les comédiens, furent
                    d’abord έθελονταί. Voyez Rhétorique, III, 7, et Poétique, chap.&#xA0;<hi
                        rend="sc">v</hi>.</p>
                <p>A ceux qui restent dans leur propre caractère.] Τοῖς τὸ ἦθος φυλάττουσιν. M.
                    Bojesen veut que ce soient les choristes par opposition aux acteurs proprement
                    dits&#xA0; il, ne songe pas qu’Aristote oppose ici les acteurs proprement dits,
                    les acteurs payés, aux acteurs libres de l’ancien temps. Je conviens toutefois
                    qu’on s’attendrait à lire ἱδιον avant ἦθος Peut-être aussi ἦθος φυλάσσειν
                    signifie-t-il <quote>«&#xA0;s’abstenir des actions et des mouvements passionnés&#xA0;»</quote>
                    qui sont le propre signe des héros du drame. La dernière ligne du chapitre
                    semble appuyer cette conjecture.</p>
                <p><pb n="143" xml:id="p143"/>C’est un nombre.] Voyez Denys d’Halicarnasse, De l’Arrangement des
                    mots, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xix</hi>.</p>
                <p>Une mesure identique.] Ἑνὶ μετρεῖται. Même expression dans la Morale Nicom., V,
                    8.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxx</hi>.&#xA0;—&#xA0;Ne comportent pas l’antistrophe.]
                    C’est-à-dire&#xA0;: sont moins lyriques. Voyez le chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                        >xlviii</hi>.</p>
                <p>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xlviii</hi>.&#xA0;—&#xA0;Sur ces divers modes, consulter
                    la Notice de Vincent, qui renvoie avec soin aux travaux de ses
                    prédécesseurs.</p>
                <p>Un caractère tout dramatique.] Ἠθος πρακτιϰόν. Dans la Politique, VIII, 7,
                    Aristote distingue entre les μέλη ἠθιϰά et les μέλη πῥαϰτιϰά, ce qui confirme
                    encore la conjecture exposée ci-dessus, à propos du chap.&#xA0;<hi rend="sc"
                        >xv</hi>.</p>
                <p>Le Géryon.] Voyez les Fragments des Tragiques grecs, éd. Wagner, p.&#xA0;101.</p>
                <p>Majestueux et calme.] Mêmes éloges dans la Politique, VIII, 7&#xA0; cf.
                    Héraclide de Pont, cité par Athénée, XIV, p.&#xA0;624.</p>
                <p>Les traits de l’humanité.] Ἀνθρωπιϰά. De même, Rhétorique, I, 2&#xA0;: Τὰ μὲν διʼ
                    ἀπαιδευσίαν, τἀ δὲ διʼ ἀλαζονείαν, τὰ δὲ ϰαὶ διʼ ἄλλας αἰτία ; ἀνθρωπιϰάς.</p>
                <p>Le mixolydien, etc.] L’insertion que j’ai faite ici dans le texte m’a été
                    suggérée par M. Vincent, comme tout à fait nécessaire pour que ce passage ne
                    contredise pas l’opinion expresse d’Aristote dans la Politique, VIII, 7, et des
                    autres auteurs anciens. Voy. sa Notice, p.&#xA0;99. M. Bojesen avait déjà
                    remarqué que les mots ϰατὰ μὲν οὐν ταύτην, etc. conviennent mieux au mixolydien
                    qu’à l’hypophrygien. Ces conjectures et ces remarques sont confirmées par un
                    temoignage de Plutarque, De la Musique, chap.&#xA0;<hi rend="sc">xvi</hi>,
                    d’après lequel ce fut Sappho qui apprit aux tragiques l’usage de l’harmonie
                    mixolydienne, comme plus propre aux effets de pathétique, tandis que l’harmonie
                    dorienne ne convenait qu’au genre grave et sublime.</p>
                <p>Sa bienveillance.] Remarquez la justesse élégante de cette observation
                    d’Aristote, qui se rencontre avec Horace, Art poétique, v.&#xA0;193 et
                    suiv.&#xA0;:</p>
                <p>…..Ille bonis faveatque et consilietur amice.</p>
                <p><pb n="144" xml:id="p144"/>Chap.&#xA0;<hi rend="sc">xxxi</hi>.&#xA0;—&#xA0;Phrynichus.] C’est
                    en effet un des auteurs qui ont développé le dialogue et l’action tragique sur
                    le fond lyrique du dithyrambe. Voy. Plutarque, Questions symposiaques, I,
                    5&#xA0; le scholiaste d’Aristophane sur les Grenouilles, v.&#xA0;1334&#xA0;
                    Suidas, au mot Φρύνιχος.</p>
                <p>Mètres, chants lyriques.] Voyez la Notice de Vincent, p.&#xA0;194-216. Ce texte
                    est une des plus graves autorités en ce qui concerne la différence des μέτρα et
                    des μέλη dans la poésie grecque, question pleine d’intérêt, mais aussi de
                    difficultés, sur laquelle nous renverrons, pour plus de détails, aux ouvrages
                    suivants&#xA0;: 1° Ed. du Méril, Essai sur le principe et les formes de la
                    versification (Paris, 1841)&#xA0; 2° Vincent&#xA0;: De la Musique dans la
                    tragédie grecque, à propos de la représentation d’Antigone (Paris, 1844)&#xA0;
                    Dissertation sur le rhythme chez les Anciens (1845)&#xA0; Deux lettres à M.
                    Rossignol sur le rhythme, sur la poésie lyrique et le vers dochmiaque
                    (1846)&#xA0; Analyse du Traité de métrique et de rhythmique de saint Augustin,
                    intitulé <hi rend="i">De Musica</hi> (1849)&#xA0; 3° M. Rossignol, Deux lettres
                    à M. Vincent, sur le rhythme, sur le vers dochmiaque et la poésie lyrique en
                    général (Paris, 1846).</p>
                <p rend="center">FIN</p>
                <p rend="center">Typographie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.</p>
            </div1>
        </body>
    </text>
</TEI>